Le Lituanien Pranas Brazinskas, et son fils de 13 ans, Algirdas, ont été les premiers à réussir un détournement de vol en Union soviétique. Cela remonte à octobre 1970.
Le vol 244 d’Aeroflot, assuré par un avion de modèle Antonov An-24 comptant 46 passagers à son bord, était en provenance de Soukhoumi (capitale de l’Abkhazie, en actuelle Géorgie), une ville côtière de la mer Noire, et avait pour destination Krasnodar, dans le Caucase russe. Un homme en uniforme militaire soviétique assis près du cockpit a soudain remis à un membre de l’équipage une note exigeant que les pilotes redirigent le vol vers la Turquie. « Si vous n’obéissez pas, vous mourrez », pouvait-on y lire. Pour prouver son sérieux, l’inconnu a alors brandi une arme.
Algirdas et Pranas Brazinskas, les deux auteurs du détournement du vol 244
ArchivesNadejda Kourtchenko, l’hôtesse de l’air âgée de seulement 19 ans, a tout d’abord tenté de les raisonner, puis, criant « Attaque ! », a essayé de leur bloquer l’accès au cockpit. Pranas Brazinskas a par conséquent ouvert le feu sur elle, la tuant (Il a par la suite prétendu qu’elle avait assassinée par des agents du KGB sous couverture). Les deux malfaiteurs ont ensuite ordonné aux passagers de ne pas bouger, sans quoi une grenade exploserait. Ils se sont alors précipités vers le poste de pilotage, tirant sur le personnel et blessant gravement le pilote et le navigateur. Malgré ses blessures, l’équipage est parvenu à poser avec succès l’avion en Turquie.
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Au sol, le père et son fils se sont rapidement rendus aux forces de sécurité turques. Les Brazinskas se sont efforcés de présenter leur motif comme étant politique, assurant qu’ils avaient détourné ce vol car Pranas avait vu la mort en face en tant que membre du mouvement lituanien de résistance.
Il est vrai que Pranas Brazinskas avait eu des liens avec un réseau souterrain de partisans antisoviétiques en Lituanie, mais il l’avait cependant quitté après que ce groupe avait tué son père par erreur. La véritable raison de cet acte terroriste était qu’en réalité il avait été condamné par les autorités soviétiques pour vol et crimes financiers.
En Turquie, il a reçu une peine de huit ans d’emprisonnement en raison du détournement, mais a finalement été gracié au bout de quelques années. Algirdas, alors encore mineur, a quant à lui écopé d’une peine de deux ans.
Le père et son fils ont par la suite été autorisés à rester aux États-Unis. En 2002, ils ont à nouveau fait parler d’eux lorsqu’Algirdas a assassiné son père à leur domicile, en Californie. Le fils, alors quadragénaire, a ainsi été condamné à de la prison pour meurtre. Il s’est toutefois défendu, affirmant que son père était devenu insupportable et paranoïaque et qu’il s’était mis en tête que le KGB le suivait à la trace.
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Un autre détournement d’avion soviétique a impliqué des membres d’une même famille, mais bien plus grande celle-ci, et avec une fin malheureusement encore plus sanglante. En mars 1988, les Ovetchkines, connus en Russie pour leurs talents de musiciens, ont en effet tenté de s’emparer d’un avion et de fuir le pays.
Ils formaient un septuor de jazz, les Sept Simeons, issus d’une famille de onze enfants. Le groupe avait même reçu diverses distinctions, acquis une certaine notoriété et effectué un premier voyage à l’étranger. C’est justement cet aperçu d’un mode de vie différent qui a poussé la mère veuve des Ovetchkine, Nina (connue aussi comme Ninel), 51 ans, et ses enfants les plus âgés (dans leur vingtaine), à nourrir le désir de vivre dans d’autres contrées.
Le groupe amateur de jazz des Ovetchkines dans les rues de leur ville natale
Petr Malinovskiy/SputnikLe 8 mars, Nina Ovetchkina, accompagnée de tous ses enfants sauf un, a pris place à bord du vol 3739 d’Aeroflot, assuré par un Tupolev Tu-154, volant de la ville sibérienne d’Irkoutsk, près du lac Baïkal, vers Leningrad, l’actuel Saint-Pétersbourg. Des armes à feu et des bombes artisanales étaient en réalité cachées à l’intérieur des instruments de musique du groupe.
Au milieu du trajet, l’équipage s’est vu remettre une note demandant de prendre la direction de Londres sous peine de voir l’avion exploser dans les airs. Il n’y avait cependant pas assez de carburant et l’appareil a atterri dans un aérodrome militaire, près de la frontière avec la Finlande.
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Les frères Ovetchkines durant une représentation musicale
Petr Malinovskiy/SputnikCertains des enfants Ovetchkines ont alors commencé à tirer, tuant un membre de l’équipage. Ils ont ensuite refusé de laisser sortir les passagers et de négocier avec les autorités. Lorsque les troupes du ministère de l’Intérieur ont pris d’assaut l’avion, l’un des frères ainés a déclenché une bombe, se donnant la mort et causant un départ de feu. Trois des passagers sont ainsi morts après avoir inhalé les fumées.
Nina a par conséquent ordonné à l’un de ses fils, Vassili, de la tuer ainsi que ses frères les plus âgés. Le garçon s’est exécuté et a tiré mortellement sur trois d’entre eux avant de pointer l’arme vers sa mère et sur lui-même. Un autre fils, nommé Igor, âgé de 17 ans, s’est caché dans les WC, ce qui lui a permis de survivre. Lui et sa sœur Olga, 28 ans, ont été condamnés à respectivement huit et six ans de prison. Les autres enfants ayant survécu étaient mineurs et n’ont donc pas été emprisonnés.
Dans la Russie post-soviétique, le plus important détournement de vol est survenu en mars 2001, lorsqu’un trio de Tchétchènes ethniques a pris le contrôle d’un Tupolev Tu-154 de la compagnie Vnoukovo Airlines, transportant 160 passagers d’Istanbul à Moscou.
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Après le décollage, les trois hommes ont commencé à menacer de faire exploser une bombe si l’avion ne se mettait pas en direction de l’Arabie Saoudite ou des Émirats Arabes Unis. Les terroristes, armés de couteaux, ont ainsi tenté de pénétrer dans le poste de pilotage. Une lutte s’est alors ensuivie et l’avion a fait une chute de plusieurs milliers de mètres. L’appareil s’est néanmoins finalement posé à l’aéroport de Médine, en Arabie Saoudite. Enfin, les criminels ont exigé que la Russie retire ses troupes de la République de Tchétchénie.
Des otages libérés suite au détournement ne peuvent retenir leurs larmes à leur arrivée à Moscou depuis l’aéroport saoudien
Konstantin Krymsky, Valentin Kuzmin/TASSÀ Médine, les forces de sécurité saoudiennes ont toutefois lancé un assaut contre l’avion. Trois personnes ont, lors de cette opération, trouvé la mort : un membre de l’équipage, un passager turc et l’un des terroristes.
Les médias russes ont rapporté qu’alors que le Tu-154 passait la nuit à Médina, le président Vladimir Poutine avait contacté le capitaine et lui avait demandé de ne pas accéder à la demande des criminels de prendre la direction de l’Afghanistan ou du Pakistan. Le Kremlin avait également approuvé l’opération commando saoudienne.
À présent, découvrez dans cet autre article les trois plus remarquables et délicats atterrissages effectués en urgence par des pilotes russes.
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