L'usine d'AvtoVAZ à Ijevsk.
Getty ImagesLe gouvernement russe a pris la décision sans précédent de soutenir l’industrie automobile en lui accordant, pour la première fois de son histoire récente, des subventions à l’exportation d’un montant de 3,3 milliards de roubles ($50 millions). Le décret a été signé par le premier ministre russe Dmitri Medvedev.
Selon le décret, les subventions permettront aux fabricants automobiles russes de couvrir jusqu’à 80% des coûts de transport des automobiles, ainsi que la moitié des coûts de localisation des voitures pour les nouveaux marchés et toutes les dépenses liées à la mise aux normes écologiques internationales.
L’idée d’apporter un soutien actif à l’exportation d’automobiles est née en 2015 avec la dévaluation du rouble. « Le gouvernement souhaite accroître les exportations de produits russes, notamment de produits à forte valeur ajoutée, et l’industrie automobile entre, bien sûr, dans cette catégorie », nous explique Vladimir Bespalov, analyste chez VTB-capital.
Au cours de l’année dernière, les exportations de véhicules légers russes à l’étranger (hors CEI) ont crû de 64%, selon les informations de l’agence analytique Avtostat. La dévaluation du rouble permet aux fabricants russes de reconquérir les marchés d’Asie et d’Afrique qu’ils avaient perdus faute de proposer des prix compétitifs, estime Vladimir Bespalov.
Ainsi, le plus grand fabricant russe de véhicules légers AvtoVAZ, dont l’actionnaire principal est l’alliance franco-japonaise Renault-Nissan, exporte environ 10% de son volume de production.
« Notre objectif stratégique est d’atteindre 20% à moyen terme, mais les délais concrets dépendront de la conjoncture économique », nous indique Sergueï Ilyinski, secrétaire de presse d’AvtoVAZ. Il précise que la compagnie exporte d’ores et déjà les modèles nouvelle génération Lada 4X4, Lada Granta et Lada Kalina, qui répondent tous aux normes écologiques internationales Euro-6.
En 2015, les principaux marchés d’exportation d’AvtoVAZ se situaient dans les anciennes républiques soviétiques – le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et la Biélorussie – ainsi qu’en Egypte et en Allemagne. Par ailleurs, les exportations d’automobiles ont chuté de 45% dans le rapport annuel du groupe. Pour Vladimir Bespalov, cette forte baisse s’explique par la dévaluation des devises des anciennes républiques soviétiques, qui achètent traditionnellement des voitures russes.
D’autre part, les exportations du groupe dans les autres pays ont crû de 49% en 2015, indiquent les informations d’Avtostat. « Aujourd’hui, les produits d’AvtoVAZ sont parfaitement compétitifs dans leur niche sur le marché mondial. Ce sont des véhicules économiques, simples d’utilisation et d’entretien, avec de bons paramètres pour leur catégorie de prix », estime Bespalov.
L’autre géant automobile russe, le fabricant de camions KAMAZ, qui en 2015, a rapporté une hausse des exportations de 8,2%, dont une hausse de 45% pour les pays hors CEI, est beaucoup plus confiant sur les marchés d’exportation.
Aujourd’hui, le groupe exporte 22% de ses camions, principalement dans les anciennes républiques soviétiques – le Kazakhstan, le Turkménistan et la Lituanie, mais également au Vietnam et dans les Emirats arabes unis. Par ailleurs, KAMAZ vend déjà un petit nombre de véhicules au Pérou, en Equateur, en Indonésie et en Inde, et AvtoVAZ – au Pérou, en Chili, en Serbie, en Slovaquie et en Bulgarie.
En 2015, les ventes de voitures neuves sur le marché russe ont chuté de 36%, selon les chiffres d’AEB. Ainsi, certains fabricants russes se sont retrouvés avec des capacités déficitaires, explique Vladimir Bespalov. Pour leur assurer un volume de production, les fabricants cherchent de nouveaux marchés et les subventions au transport constituent un pas dans ce sens, estime l’expert.
Les subventions s’appliqueront à tous les acteurs internationaux enregistrés et exerçant l’assemblage industriel de voitures en Russie. « Nous espérons que ces mesures nous aideront à mettre en œuvre des projets d’exportation. Nous en saurons plus une fois que toutes les dispositions prévues par le décret seront prises », indique Ekaterina Tretiakova, attaché de presse de Renault Russia.
Les entreprises internationales étudient les opportunités d’exportation vers les pays hors CEI. Ainsi, Nissan envisage de vendre le modèle Datsun assemblé en Russie au Proche-Orient, Hyundai exportera des voitures fabriquées par son usine à Saint-Pétersbourg en Géorgie et en Tunisie, alors que le bureau de Renault a annoncé des exportations de Logan et Sandero Stepway, assemblées à Moscou, au Vietnam.
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