Neuf films russes «clonés» par Hollywood

Curtis Harrington/Roger Corman Productions, 1965
Plusieurs films soviétiques et russes ont tellement inspiré les producteurs américains qu’ils en ont créé leur propre version. En cédant parfois à la tentation du plagiat…

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Quand le destin s’en mêle

L’un des exemples les plus récents concerne L’Ironie du sort, recréé à la sauce hollywoodienne en 2022. Le légendaire film soviétique d’Eldar Riazanov a ainsi fait l’objet d’un remake de Maryus Vaysberg intitulé Quand le destin s’en mêle.

Dans cette version, l’action se déroule dans une Boston enneigée. Les personnages principaux sont l’avocat Griffin (Thomas Mann) et l’agente immobilière Margot (Emma Roberts). Tous deux prévoient d’en finir avec le célibat le soir du Nouvel An. Thomas a l’intention de demander la main de sa petite amie, la blogueuse Clementine, tandis que Margot attend la même démarche de la part de son petit ami, Kip.

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Griffin se rend comme chaque année au sauna avec ses amis russes, s’enivre et prend un taxi pour rentrer chez lui. Problème, le chauffeur s’emmêle les pinceaux et emmène le héros dans un quartier en apparence identique, qui plus est à la même adresse que celle de Griffin. Ce dernier ne remarque rien, malgré la présence étrange d’un chat dans l’appartement et un environnement différent. Peu après, Margot rentre chez elle et découvre un inconnu à moitié ivre dans sa chambre.

Le début est presque une copie conforme du film soviétique, mais peu à peu l’histoire hollywoodienne s’émancipe de l’original. L’action se déroule non seulement dans l’appartement, mais aussi dans des restaurants, dans la rue et dans des bureaux.

Le résultat est une comédie romantique typique, avec une touche de magie du Nouvel An et un happy end.

Seven Seconds

Netflix a de son côté réalisé un remake du drame policier Le Major de Iouri Bykov : la série Seven Seconds, avec Regina King et David Lyons.

Le début de l’intrigue reste fidèle à l’original : un policier renverse par accident un homme, et ses collègues tentent d’utiliser leur position pour étouffer l’affaire. L’action se déroule à Jersey City, et ce qui donne l’histoire une touche d’actualité, c’est que la victime est un adolescent noir.

Seven Seconds a reçu des critiques positives du public, et Regina King a été nominée aux Emmy et aux Golden Globes pour son rôle.

The Elder Son

Le personnage principal du film hollywoodien Le Fils aîné (titre original : The Elder Son) est un immigrant juif russe, le clarinettiste Max. Sa vie est chamboulée lorsqu’un voleur de voitures se fait passer pour son fils disparu.

La version américaine avec Shane West et Leelee Sobieski était un remake du film du même nom de 1976 de Vitaly Melnikov avec Evgueni Leonov, Nikolaï Karatchentsov et Natalia Egorova. Dans le drame lyrique soviétique basé sur une pièce d’Alexandre Vampilov, un inconnu à la recherche d’un logement pour la nuit se faisait passer pour le fils du propriétaire de la maison.

Queen of Blood

Tous les films hollywoodiens n’étaient pas des remakes officiels. Par exemple, l’intrigue du film Queen of Blood était inspirée du scénario du film de science-fiction soviétique Au-devant du rêve de Mikhaïl Karioukov et Otar Koberidze, sorti en 1963.

Le projet soviétique évoquait un vaisseau spatial extraterrestre qui s’écrase sur Mars. Le vaisseau interstellaire Océan avec l’astronaute Tania à son bord est envoyé depuis la Terre pour rechercher les extraterrestres ; peu après, une fusée transportant le petit ami de Tania est envoyée à sa rescousse.

Aux États-Unis, l’intrigue a été modifiée : un vaisseau est envoyé de la Terre pour sauver un vaisseau spatial accidenté, à bord duquel se trouvait un vampire extraterrestre. Le héros est joué par Basil Rathbone, qui a incarné Sherlock Holmes dans des adaptations cinématographiques britanniques.

Le réalisateur de Queen of Blood, Curtis Harrington, a admis que son scénario était basé à 70 % sur le film soviétique. En outre, des séquences des films soviétiques Au-devant du rêve et L’Appel du ciel ont été utilisées sans autorisation dans le film américain. Le budget était de 60 000 dollars ; un an plus tard, le film a rapporté 17 millions de dollars.

Battle Beyond the Sun

Un autre projet « pirate » est Battle Beyond the Sun de 1962. Le film a été réalisé par Roger Corman assisté de Francis Ford Coppola, alors étudiant en école de cinéma.

Il s’agit d’une copie conforme du film L’Appel du ciel d’Alexandre Kozyr et Mikhaïl Karioukov sorti en 1959, sur des cosmonautes soviétiques et américains en compétition pour savoir qui sera capable d’atteindre le plus rapidement Mars. Dans la version originale, ce sont les héros soviétiques qui gagnent.

Aux États-Unis, on a modifié l’intrigue et certains détails pour fournir une version différente. Corman et Coppola ont supprimé les épisodes dans lesquels les Américains étaient des antihéros, ajouté une bataille sur Mars, déplacé l’action dans le futur et dépeint les adversaires comme des représentants du Nord et du Sud. Les noms des personnages ont également été modifiés, les rendant plus compréhensibles pour les téléspectateurs anglophones.

Le Voyage fantastique de Sinbad

Le « remake » le plus étonnant est peut-être celui du Tour du monde de Sadko, du réalisateur soviétique d’Alexandre Ptouchko (1952). L’histoire a été remarquée au Festival du film de Venise, et le film a été diffusé aux États-Unis.

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Dix ans plus tard, Roger Corman a littéralement recréé le film original et sa version est sortie sur grand écran. Le film est devenu Le Voyage fantastique de Sinbad, la structure de l’intrigue étant restée presque inchangée. Les auteurs ont raccourci la durée du film grâce à des scènes chantées, ajouté une voix off et renommé les personnages et les acteurs. Fait intéressant, dans le générique, on peut voir que Francis Ford Coppola a adapté le scénario.

Voyage vers la planète préhistorique

Le film soviétique La Planète des tempêtes de 1961 a été réalisé par Pavel Klouchantsev. Selon le scénario, trois vaisseaux spatiaux sont envoyés sur Vénus ; les astronautes rencontrent des habitants inconnus, assistent à une éruption volcanique et résolvent divers problèmes collectivement.

Le film a influencé la conception visuelle et scénique de Star Wars de George Lucas, de 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick et de Terminator 2 de James Cameron.

Hollywood a directement emprunté l’intrigue pour deux projets. Le film soviétique a fait l’objet d’un nouveau montage, certains épisodes ont été refilmés et le tout a été diffusé sous le titre Voyage vers la planète préhistorique en 1965. Par la suite, l’intrigue a été réutilisée dans Voyage vers la planète préhistorique des femmes.

Three Russian Girls

Le film La Fille de Léningrad de 1941 raconte l’histoire d’infirmières dans un hôpital en première ligne pendant la guerre soviéto-finlandaise.

Le film américain Three Russian Girls, tourné deux ans plus tard par Fedor Ozep et Henry S. Kesler, est presque identique à l’original. L’intrigue est centrée sur une infirmière d’un hôpital de Stalingrad qui tombe amoureuse d’un pilote américain dont l’avion a été abattu. La version américaine utilisait des extraits d’actualités filmées par des cameramen soviétiques en première ligne, et certaines scènes et épisodes de bataille sont identiques aux fragments du film russe.

Three Russian Girls a été nominé pour l’Oscar de la meilleure musique.

Sahara

L’eastern de 1936 Les Treize, qui narre les aventures de soldats de l’Armée rouge, a rendu célèbre Mikhaïl Romm.

Six ans plus tard, Zoltan Korda, inspiré par cet opus, réalise Sahara avec Humphrey Bogart. Dans cette version, une brigade blindée américaine tombe sur un bataillon allemand à la frontière libyenne-égyptienne pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est la principale différence avec le projet soviétique. Sahara de Korda a été nominé aux Oscars dans les catégories meilleur son, meilleure cinématographie et meilleur second rôle masculin.

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