Alexandre Griboïedov, ce diplomate devenu auteur de l'une des comédies russes les plus célèbres

Culture
ALEXANDRA GOUZEVA
Cet écrivain est moins connu à l'étranger qu'Alexandre Pouchkine ou Léon Tolstoï, mais il fait la fierté de la littérature nationale. Sa brillante comédie «Le Malheur d'avoir trop d'esprit» est toujours si populaire dans le pays que vous pouvez en entendre des citations même dans la vie de tous les jours.

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Alexandre Griboïedov était un diplomate, compositeur et pianiste de grand talent. Cependant, il est surtout connu en Russie comme dramaturge et poète. Et comme une bonne moitié des poètes, Griboïedov est mort jeune. En 1829, à l'âge de 34 ans, il est assassiné lors d'une mission diplomatique à Téhéran par des fanatiques religieux s'opposant à la paix avec la Russie.

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Griboïedov a écrit plusieurs comédies, mais il était également doué pour la poésie et le genre des notes de voyage – il a décrit ses périples en Perse et dans le sud de l'Empire russe. Dans plusieurs scènes dramatiques, Griboïedov dévoile ses souvenirs du Caucase et de la guerre de 1812, lorsque les troupes napoléoniennes sont entrées dans le pays. Certes, il n'a pas participé aux hostilités, bien qu'il ait été admis au régiment de hussards volontaires de Moscou.

À partir de 1818, Griboïedov a été diplomate à Téhéran, néanmoins, la vie persane ne lui convenait pas et il s'est finalement installé à Tiflis (Tbilissi aujourd'hui), en Géorgie. Malgré le fait qu'il était un fonctionnaire exemplaire, Griboïedov était soupçonné d'être impliqué dans des sociétés révolutionnaires secrètes – en 1826, il a été arrêté, mais relâché faute de preuves.

En 1828, quelques semaines avant sa mort, Griboïedov a épousé la princesse géorgienne Nina Tchavtchavadzé. Après la mort de son mari, elle lui est restée fidèle jusqu'à la fin de sa vie. Nina a ordonné de graver sur la tombe de son bien-aimé les mots suivants : « Ton esprit et tes actes sont immortels dans la mémoire russe, mais pourquoi mon amour t'a-t-il survécu ? ».

Le Malheur d'avoir trop d'esprit

Le célèbre poète russe du XXème siècle Vladislav Khodassevitch a noté que Griboïedov était « un homme d'un seul livre ». En effet, sa seule œuvre largement connue, la comédie Le Malheur d'avoir trop d'esprit, est inclue dans les listes de littérature obligatoire de toutes les écoles et universités en Russie.

En même temps, l'intrigue de ce chef-d'œuvre dramatique est étonnamment simple. Après de longues errances, un jeune homme aux vues progressistes, Alexandre Tchatski, arrive à Moscou, chez Sophie, dont il est amoureux depuis longtemps. Cependant, la jeune femme a déjà accordé sa préférence à uneautre personne. En plus de cet échec amoureux, Tchatski a un conflit avec le père de Sophie et avec lesgens de son cercle social. Il s'agit de l'affrontement entre un jeune homme aux vues avancées avec lesidées inertes du « siècle passé », dont les représentants sont concentrés dans le Moscou conservateur. Après la publication de la comédie, la confrontation entre le nouveau et l'ancien est devenue presque le conflit principal de toute la littérature russe.

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Tchatski agit comme une sorte d'accusateur et de révélateur de la vérité, prononçant plusieurs monologues prétentieux. Ses remarques ironiques provoquent une vague d'indignation chez ses adversaires, et même des rumeurs selon lesquelles il serait fou. En effet, Pouchkine, respectant l'intellect de Tchatski, refuse le caractère pratique de son esprit – il pense qu'une personne intelligente ne devrait pas « jeter des perles » devant ceux qui ne sont pas capables d'écouter et de comprendre son opinion. En conséquence, Tchatski n'a pas pu supporter la stupidité de la société moscovite et s'est enfui de la capitale, affirmant qu'il « ne reviendra plus ici ».

Il convient de noter qu'Alexander Griboïedov a été l'un de ceux qui ont initié le processus de transfert de la langue russe parlée sur papier. Avant cela, en créant leurs œuvres, les écrivains du pays recouraient à un style très élevé qui n'était pas utilisé dans la communication quotidienne.

De plus, Le Malheur d'avoir trop d'esprit a donné à la langue russe un grand nombre d'aphorismes : « Où sommes-nous le mieux ? Où nous ne sommes pas », « Les gens heureux n'ont pas d'horaire », « Même dans le mensonge, mesure il faut garder » - parfois, les Russes ne se souviennent pas d'où elles viennent, mais cela ne les empêche pas d'utiliser ces expressions dans le langage courant.

Toujours vivant

La présence de Griboïedov se fait sentir non seulement dans la langue des habitants du pays. Ainsi, le canal de Saint-Pétersbourg, sur les rives duquel se dresse la célèbre église du Sauveur-sur-le-Sang-Versé, porte son nom.

De plus, si vous avez lu le célèbre roman de Mikhaïl Boulgakov Le Maître et Marguerite, vous vous souvenez peut-être du bâtiment appelé « Maison de Griboïedov », où se trouvait l'association desécrivains moscovites imaginée.

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Mais, peut-être, la chose la plus importante à laquelle Alexandre Griboïedov est associé en Russie est l'exposition d'une société incapable de percevoir de nouvelles idées et de se développer spirituellement.

Malgré son œuvre concise (surtout en comparaison avec Tolstoï ou Dostoïevski), Griboïedov occupe uneplace honorable dans le fonds d'or de la littérature russe. Son importance en tant qu'écrivain a été reconnue dès le XIXe siècle, lorsque sa figure a été incluse dans la composition du monument du Millénaire de la Russie, érigé à Novgorod la Grande en 1862, aux côtés de Lermontov, Pouchkine et Gogol.

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