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Maroc
Architecte et artiste peintre de profession, Salma aime la danse orientale et... la langue russe, qu'elle a commencé à apprendre grâce à un incroyable concours de circonstances. Il y a quelques années, Salma est allée à son festival de danse préféré, Oriental Marathon, où elle a rencontré la star ukrainienne de la danse orientale – Daria Mitskevitch. Salma a été tellement impressionnée par son talent qu’elle a voulu mieux la connaître, mais en a été empêchée par la barrière de la langue. « Quand je suis rentrée au Maroc, j'ai décidé d'apprendre le russe, afin que la prochaine fois je puisse lui parler. C'était un véritable défi ! », raconte-t-elle.
Bien sûr, outre cette rencontre fatidique, Salma avait d'autres raisons de se mettre à l'étude du russe. « Tout d'abord, j'ai été captivée par la beauté de l'âme russe, ainsi que par la rigueur et le perfectionnisme des Russes dans ce qu'ils font, confie la jeune femme. Ce sont ces qualités du peuple russe qui m'ont poussée à me rapprocher de leur culture et de leur langue, même si je ne peux partager ma passion qu'avec peu de gens ici, sur un autre continent ».
Pour réaliser son rêve, Salma s'est tournée vers le Centre russe de la science et de la culture à Rabat, où elle a trouvé un enseignant. « Parfois, c'était mon seul interlocuteur russophone, admet la jeune femme. Cependant, je suis tombée amoureuse du russe à tel point qu’à chaque fois j'étais très fière de mes progrès ».
Pour améliorer son niveau de langue, Salma a essayé de lire de la littérature adaptée et de regarder des films avec lesquels vous pouvez deviner la signification des mots grâce au contexte. Maintenant, la jeune femme parle bien le russe. Elle s'est fait de nouveaux amis russophones et communique également avec des professeurs russes de danse orientale, qu'elle prévoit d'inviter au Maroc pour diriger des ateliers ou participer à des spectacles.
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Selon Salma, le russe est populaire au Maroc parmi les diplômés du secondaire qui souhaitent aller étudier dans les universités médicales et pharmaceutiques en Russie. « Beaucoup d'entre eux s'inscrivent à des cours d'été de formation linguistique intensive, mais abandonnent ensuite car il est très difficile d'apprendre la langue – il faut faire face aux difficultés de prononciation et se souvenir des nombreuses formes grammaticales, explique-t-elle. Vous devez donc avoir une très grande motivation pour apprendre le russe – avant de commencer à parler et à lire, vous devrez passer beaucoup de temps à étudier les bases ».
Salma elle-même se dit suffisamment motivée pour continuer. « Je ne vais pas abandonner », assure-t-elle en riant, avant d’ajouter qu’elle compte bien se rendre dans le pays.
Infobox : Aujourd'hui, environ 13 000 russophones vivent au Maroc, dont 10 000 diplômés des universités soviétiques et russes et 3 000 représentants de la diaspora russe, explique Elena Smirnova, spécialiste du Centre russe de la science et de la culture à Rabat. Selon elle, le russe peut également être étudié dans les universités des villes de Fès, Rabat et Mohammedia et à l'école russe auprès de l'ambassade de Russie au Maroc. Sur le territoire du pays se trouve également l'Association des compatriotes, qui dispense des cours de langue russe dans différentes villes.
Algérie
« Un jour j'ai entendu l'Adieu de Slavianka interprétée par l'ensemble Alexandrov », se souvient un Algérien du nom de Samir, en racontant que cela avait eu une grande influence sur sa fascination pour la culture russe et, par conséquent, l’avait motivé à se lancer dans l'apprentissage de la langue de Pouchkine. « J'ai été tellement ému par cette marche que j'ai découvert le reste du travail de cet ensemble musical, puis j'ai écrit une lettre à l'un de ses solistes, Viktor Sanine ». À la surprise du jeune homme, la réponse ne tarda pas à venir. Le soliste de l'ensemble, qui, comme des dizaines de ses collègues, est décédé par la suite dans un accident d’avion alors qu'il se rendait en Syrie, l'a sincèrement remercié de son attention.
À cette époque, Samir était étudiant à la Faculté de physique de l'Université des sciences et de technologie Houari Boumédiène. Il ne comptait pas se lancer si rapidement de façon indépendante dans l’étude de la langue russe, ni étudier dans une université russe. « Le but de ma démarche n’était pas purement pragmatique (carrière, opportunités d’avenir) mais c’était surtout pour mon développement personnel et afin de satisfaire un besoin intérieur de comprendre ce pays, son histoire et son peuple », admet-il.
Aujourd'hui, le jeune Algérien parle presque couramment le russe. Samir se rapproche de cette langue chaque jour, en regardant des films soviétiques et russes, ainsi qu'en lisant des nouvelles d'Anton Tchekhov. La poésie russe occupe une place très particulière dans sa vie. « J’ai beaucoup aimé les longs poèmes russes sur la nature, sur l’âme russe et sa relation avec la terre, les ancêtres, je trouve cela très romantique et cela m’inspire encore aujourd’hui beaucoup, à la grande surprise de mes amis russes », admet-il, citant ses poèmes préférés d'Afanassi Fet et Mikhaïl Lermontov.
Bien sûr, l'apprentissage de la langue russe ne se déroule pas sans difficultés. Chaque jour, il doit déployer beaucoup d'efforts pour maîtriser la prononciation de mots compliqués ou la déclinaison des noms. Cependant, Samir ne se démotive pas. « Le russe, ayant des racines slaves, a une logique grammaticale radicalement différente des langues latines que je connais, et donc se familiariser avec lui prend un peu plus de temps pour moi que par exemple l’apprentissage de l’espagnol, dit-il. Mais je ne pense pas qu’il y ait une langue facile ou difficile à apprendre, tout est dans la passion ».
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Selon le jeune homme, l'un des moyens les plus efficaces d'apprendre le russe est de communiquer autant que possible avec des locuteurs natifs. « Ce qui m’a vraiment beaucoup aidé et surtout donné cette très bonne opinion du peuple russe ce sont mes différentes correspondances et échanges linguistiques avec les habitants de la Russie, explique-t-il. Certains d’entre eux ont été tellement bienveillants avec moi que cela a renforcé ma passion pour ce pays ». Samir se souvient notamment comment, après une longue communication sur Internet, il a finalement rencontré son amie de Krasnoïarsk. « Nous sommes devenus très proches et lorsque je l’ai enfin rencontrée à Moscou c’était comme si j’avais rencontré une sœur après tant d’années de séparation », dit-il.
À ceux qui veulent apprendre le russe, Samir conseille de commencer sans tarder. « La globalisation culturelle actuelle à travers Internet nous offre une infinité d’opportunités en nous donnant un contenu illimité, et donc si vous aimez la langue russe il faudrait vous lancer, motivez-vous en découvrant la culture russe, en voyageant dans ce pays (vous y tomberez sûrement amoureux) et attention à la procrastination. »
Infobox : Selon le professeur de langue russe et docteur de l’Université d'Alger 2 Zine Ben Othmane, qui s'apprête à publier un livre sur le multilinguisme en Algérie, 22 000 russophones vivent dans le pays aujourd'hui, 19 000 d'entre eux sont diplômés des universités soviétiques et russes et on dénombre 3 000 représentants de la diaspora russe. Le pays n'a pas encore de centre pour la langue et la culture russes, comme ceux qui fonctionnent dans le monde sous les auspices de l’agence Rossotroudnitchestvo, mais l'ambassade de Russie en Algérie a demandé son ouverture et attend l'approbation du gouvernement algérien. Entretemps, ceux qui désirent se mettre à l'étude du russe peuvent contacter l'école auprès de l'ambassade russe et l'Association d'amitié russo-algérienne Kouranti ou l'un des centres d'enseignement intensif des langues des universités algériennes. Les meilleurs d'entre eux sont situés dans la capitale et dans la ville d'Oran, souligne Ben Othmane.
Tunisie
Quand elle était encore écolière, Amel a entendu parler lors de leçons de géographie et d'histoire d’un pays lointain appelé l'URSS, avec lequel sa patrie avait des relations commerciales. Mais la langue russe est apparue dans sa vie beaucoup plus tard, lorsqu'elle a commencé à travailler comme présentatrice de télévision. Pour mieux comprendre le contexte informationnel, Amel a souvent dû rechercher des informations dans les médias de langue russe, et peu à peu la décision a mûri dans sa tête : elle voulait apprendre la langue de Pouchkine. « La langue russe m'a donné de nouveaux superpouvoirs, par exemple, une nouvelle musicalité, explique-t-elle. Et j'ai également découvert une culture différente et rencontré de nouvelles personnes ».
Amel a des horaires très chargés, elle ne s'est donc pas engagée dans l’étude en solitaire et s'est inscrite à des cours au Centre russe des sciences et de la culture à Tunis. « Il y a deux leçons par semaine le soir, précise-t-elle. De plus, vous pouvez participer à la dictée totale, assister à des concerts, à des projections de films et à des concours de poésie organisés par des enseignants ». Pour se rapprocher de la culture du pays, elle lit des écrivains russes comme Tolstoï et Dostoïevski. « Jusqu'à présent, leurs œuvres ne sont disponibles qu'en traduction arabe, regrette-t-elle, mais quand mon niveau de langue s'améliorera, je me lancerai certainement dans les originaux ! ». Amel aime également regarder des films de Nikita Mikhalkov et Andreï Tarkovski.
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Elle raconte que sa famille et ses amis l'admirent pour son apprentissage du russe et la soutiennent fortement dans cette entreprise. « Et moi, en tant que personne publique, j'ai remarqué que lorsque j'écris quelque chose en russe sur Facebook, les gens sont surpris et réagissent avec passion », dit-elle en riant.
Amel n'est encore jamais allée en Russie, mais elle a déjà réussi à discuter avec des locuteurs natifs lors d'un voyage en Ouzbékistan. Cette expérience incroyable l'a aidée à repenser son étude de la langue et à viser la chose la plus importante. « Je dois acheter un clavier avec l'alphabet cyrillique, car j’en assez d'utiliser le clavier virtuel, explique le journaliste. Je ne compte pas m'arrêter là ».
Infobox : Aujourd'hui, le nombre de russophones en Tunisie est d'environ 10 000 à 15 000, explique Valentina Pavlova, directrice du Centre russe des sciences et de la culture à Tunis. Il s’agit de diplômés des universités soviétiques et russes, d’étudiants des universités locales, de la diaspora russe et d’enfants issus de mariages mixtes, etc. En plus du centre susmentionné, le russe peut être étudié à l'Institut supérieur des langues de Tunis et dans plusieurs autres universités spécialisées dans le tourisme du pays. En outre, la langue de Pouchkine est étudiée de façon facultative dans 16 lycées de 10 villes du pays. Un lycée auprès de l'ambassade de la Fédération de Russie fonctionne en Tunisie.
*Selon les données de Rossotroudnitchestvo
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