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Ce n'est pas sans raison que les Russes qualifient la guerre de Bonaparte de guerre « patriotique » - le pays n’a pu défendre son indépendance que grâce à la cohésion étonnante du peuple dans la lutte contre les envahisseurs étrangers. Tous étaient engagés dans la lutte, des troupes régulières dirigées par un merveilleux stratège, le commandant Mikhaïl Koutouzov, aux milices composées de plusieurs milliers de personnes. La joie de la victoire fut mêlée à un grand chagrin - l'Empire russe a subi d'énormes pertes. Ainsi, selon Alexandre Ier, en 1813, les Russes déploraient 300 000 morts.
Étonnamment, malgré tout cela, les Russes ne gardent pas rancune à Napoléon. L'empereur français, pour qui la campagne de Russie a été une surprise désagréable, est plus susceptible d’être traité avec sympathie : « Comment pourrait-il savoir ce qui l’attendait ? ». Le nom de Bonaparte, ainsi que les aventures de ses soldats dans un pays vaste et imprévisible, ont laissé de nombreux idiomes dans la langue russe. Ces expressions sont depuis longtemps déconnectées du contexte historique, mais se rencontrent dans le discours russe formel et informel. Voici quelques exemples.
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Plans napoléoniens (Projets grandioses)
Si vos plans sont si ambitieux que les autres ont des doutes quant à leur faisabilité, on soupçonnera en Russie un Napoléon de sommeiller en vous. Ne vous inquiétez pas, malgré l'ironie, cette approche de la planification est respectée par l'interlocuteur. « Mais après tout, Alexandre le Grand lui aussi voulait conquérir le monde entier ? », rétorquerez-vous. C’est exact. Les Russes sont conscients de ses exploits, mais les actes de Bonaparte, pour des raisons évidentes, sont beaucoup plus proches d’eux.
Vieille garde (Compagnons dont la fidélité est éprouvée par le temps)
On peut se demander comment les Russes arrivent à faire l'éloge d'un adversaire qui a causé des dommages aussi énormes au pays. Cependant, cette expression a une connotation exclusivement positive en russe. Rendant hommage aux unités d'élite de l'armée de Napoléon, qui servaient fidèlement leur empereur, les Russes l’utilisent au sujet de camarades fiables, de personnes qui ont surmonté de grandes difficultés et qui n’ont aucune chance de vous mettre un « coup de couteau dans le dos » à l'avenir.
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Gelé comme un Français (Je suis gelé jusqu’à l’os !)
C’est un autre idiome « napoléonien » que de nombreux Russes utilisent aujourd'hui sans aucun lien avec les événements de 1812 dans un sens de « très figé ». Comme nous nous en souvenons, l’un des meilleurs alliés de l'Empire russe dans la guerre contre l'empereur français était le célèbre « général Hiver », à qui Bonaparte doit sa défaite dans une large mesure. En effet, les soldats français n'étaient pas préparés pour les rigoureux hivers russes et mouraient littéralement de froid en se retirant à travers les villages russes enneigés. En utilisant cette expression aujourd'hui, les Russes admettent en fait qu'ils n'ont pas de « superpouvoir » et peuvent également souffrir du froid.
S’asseoir dans une flaque d'eau (Se retrouver dans une situation inconfortable)
On dit que Bonaparte est impliqué dans cette expression, bien que seul un connaisseur de l'histoire et de la géographie soit en mesure de déceler des traces de son influence. Nous parlons ici d’une rivière russe appelée « Louja » (mot signifiant également « flaque », ndlr), à travers laquelle les troupes françaises se sont retirées après la défaite de Smolensk. Le magazine russe Invalide russe en a joyeusement rendu compte, publiant la nouvelle sous la rubrique « À Maloïaroslavets, Napoléon s’est retrouvé assis dans la Louja ». Depuis lors, la Russie utilise cet idiome lorsqu'elle parle d'un échec cuisant.
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