Comment les partisans russes ont terrorisé l'armée française en 1812

Illarion Pryanishnikov. 1812
Nulle part ailleurs en Europe la Grande armée de Napoléon ne s'est heurtée à une résistance populaire aussi féroce et inébranlable que dans l'Empire russe. Les soldats français n’avaient vécu une telle terreur que face à la guérilla espagnole.

L'empereur français Napoléon Bonaparte était un dur à cuire pour ses ennemis. Peu de généraux ont voulu prendre le risque de faire face à sa Grande armée en terrain découvert, et les commandants russes ne faisaient pas exception. Jusqu'à la bataille de Borodino, ils ont évité une bataille frontale, permettant aux troupes françaises de traverser le territoire du pays et de s'enliser dans le centre de la Russie.

Lorsqu'un affrontement ouvert n'est pas souhaitable, l’activité des partisans est préférable. D’un côté, la guerre des résistants russes contre l’armée française était une guerre populaire, des paysans barbus attrapant leurs fourches et leurs haches pour combattre l’envahisseur.

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D'autre part, la guerre des partisans était dirigée par de prétendues « unités volantes », mises en place par le commandement de l'armée russe. Formées de cavaliers et de cosaques et dirigées par des officiers réguliers, elles frappaient l'ennemi à l'arrière, coupant ses lignes de communication et de ravitaillement.

La première « unité volante » a été créée en juillet, lorsque la Grande armée est arrivée à Smolensk. Force puissante composée de plusieurs régiments de cosaques et de dragons, elle harcelait fréquemment le flanc gauche de l'armée française et a également servi de moyen de reconnaissance pour la principale armée russe.

Le commandant de cette unité, Ferdinand von Wintzingerode, deviendra plus tard célèbre pour avoir tenté de sauver le Kremlin et Moscou de la destruction. Son unité était basée dans un village près de Moscou quand il a entendu parler du plan de Napoléon visant à détruire la ville. « Si la moindre église est détruite, tous les Français que nous capturerons seront immédiatement pendus », a-t-il déclaré. Wintzingerode s'est rendu auprès du maréchal français Edouard Mortier, dans l'espoir de négocier, mais il a été à la place fait prisonnier.

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Ferdinand von Wintzingerode

Denis Davydov, le plus glorifié des commandants des partisans, n'hésitait pas à attaquer les troupes françaises, même si celles-ci étaient plus nombreuses. Une fois, avec seulement 130 cavaliers, il a attaqué un train de ravitaillement accompagné de 225 soldats. Davydov a capturé les 30 wagons, tuant plus de la moitié des gardes, et faisant environ 100 prisonniers.

Denis Davydov

Lorsque la Grande armée a quitté Moscou en octobre 1812, se retirant vers l'ouest, les nombreuses « unités volantes », comptant chacune près de 500 hommes, ont commencé à frapper l'ennemi avec une tactique d'attaque-repli, comme de petites abeilles piquant un ours blessé et épuisé.

Néanmoins, la résistance des partisans contre Napoléon n’aurait pas été couronnée de succès sans la guerre populaire. Les paysans ont mené leur propre combat contre l'ennemi en détruisant des provisions. Ils refusaient de vendre leurs vivres aux Français, brûlaient leurs récoltes et leurs maisons et se réfugiaient dans les forêts.

Les paysans ont organisé des embuscades contre les unités françaises, défendu leurs villages des maraudeurs en quête de nourriture, suivi l'armée ennemie et tué impitoyablement ceux qui restaient en arrière.

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Au début, ils ont même attaqué des « unités volantes », confondant l'uniforme russe avec l'uniforme français. Lorsque Denis Davydov a déclaré à un paysan qui l'avait attaqué : « Mais je parle russe ! », il a entendu en réponse : « Ils (français) ont différents types de personnes ! »  Davydov a alors décidé de se rapprocher du peuple pour éviter les malentendus. Il a remplacé son uniforme par un habit de paysan, s’est laissé pousser la barbe et a commencé à parler la « langue du peuple ».

L'histoire rappelle beaucoup de noms d’officiers nobles ayant été commandants des « unités volantes » : Denis Davydov, Alexander Figner, Alexander von Benckendorff, Nikolaï Koudachev, etc. Les chefs des unités paysannes ont toutefois été en grande partie oubliés. Nous en connaissons cependant certains, comme Vasilissa Kojina, qui a organisé une unité partisane composée de femmes et d'adolescentes pour protéger son village. Elle a souvent participé au transport de prisonniers de guerre français et a même tué un officier ennemi avec sa faux.

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