LADATRIP ÉPISODE 2: La Russie en Lada par deux Français – Tchita-Irkoutsk

Tourisme
ERWANN PENSEC
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas pour Arthur et Alexandre Boulenger, les deux frères originaires de l’Essonne qui s’étaient lancé le défi de traverser l’immense Russie en Lada Niva, légendaire tout-terrain soviétique. Si la semaine dernière il nous avait fait part de leur périple en Extrême-Orient russe, les voici cette fois dans le Sud de la Sibérie, à proximité du tant convoité lac Baïkal.

À l’issue de leur première semaine d’aventures, Alexandre et Arthur nous avaient narré leur découverte de Vladivostok, des vastes étendues sauvages du « Far East russe », de Khabarovsk, ou encore du lac Khanka. Voyageant d’est en ouest, c’est à Tchita qu’ils ont donné le coup d’envoi de cette deuxième étape de leur traversée du pays.

Disparition de la Lada en terres bouddhistes

Après y avoir consacré une demi-journée pour effectuer la révision des 3 000 kilomètres de leur véhicule, c’est vers Oulan-Oude, capitale de la République de Bouriatie, qu’ils ont mis le cap. En bordure de cette ville les attendait Zorikto, qui a lui-même aménagé une dépendance dans son jardin afin d’héberger gratuitement des touristes et de leur proposer des excursions.

Fortement imprégnée par la culture mongole et bouddhiste, la Bouriatie a suscité la curiosité des deux Français, qui n’ont pas hésité à interroger leur hôte.

« On s’est posé beaucoup de questions au sujet de l’identité en Russie. On se demandait ce que cela voulait dire que d’être Bouriate en Russie. Est-ce qu’on se sent Russe, est-ce qu’on est plus connecté aux Mongols ? On lui a posé des questions sur la langue par exemple. C’est une langue protégée par l’Unesco, en danger », confient-ils à Russia Beyond.

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Or, Zorikto n’a pas semblé accorder une grande importance à cette problématique, confiant par exemple que son fils ne parlait que russe. Les frères pensaient pourtant que les locaux seraient animés par une certaine fierté et un désir de transmettre leur langue. Heureusement, loin d’être une généralité, nombreux sont ceux à faire vivre encore aujourd’hui la culture locale.

Le dépaysement est ainsi considérable par rapport à la Russie dont ils avaient précédemment eu un aperçu. « Ça m’a beaucoup rappelé le Kirghizstan et la Chine, par la nourriture notamment », assure Arthur, évoquant les pozy, plat traditionnel bouriato-mongol, sorte de raviole à la viande et gras de bœuf ou de mouton, ail et oignon, que l’on retrouve aussi dans les pays limitrophes.

Ils ont également profité de leur passage pour visiter, à une vingtaine de kilomètres de là, le datsan d’Ivolga, complexe s’imposant comme le centre du bouddhisme en Russie. S’ils ont su apprécier la beauté des lieux, ils ont été étonnés par le mélange architectural combinant traditions bouddhistes et russes, décrivant notamment une izba typique gardée par deux statues de lion.

À Oulan-Oude, Arthur et Alexandre ont par ailleurs traversé quelques mésaventures. S’étant arrêtés dans un restaurant de cuisine bouriate, ils ont eu la surprise de ne pas retrouver leur précieuse Lada à son emplacement. Cette dernière avait en effet rejoint la fourrière, ayant été stationnée à un emplacement non prévu à cet effet. Les autorités se sont toutefois montrées compréhensives à l’égard de ces deux étrangers et leur ont accordé une réduction sur l’amande à payer.

Nuit sur une plage déserte du Baïkal

La Bouriatie étant bordée à l’ouest par le lac Baïkal, ce dernier constituait un incontournable de leur itinéraire. Les deux frères souhaitaient toutefois s’éloigner des routes touristiques, et ont donc opté pour Oust-Bargouzine, petite cité située sur son rivage, à 265 kilomètres au nord d’Oulan-Oude.

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À peine arrivés dans ce modeste port semblant désaffecté, Arthur et Alexandre se sont mis en quête d’information quant à une possible traversée du lac sur un bateau susceptible de pouvoir transporter leur Niva, de nombreux témoignages sur Internet faisant état de cette alternative à la voie terrestre. Il s’est cependant avéré que la liaison entre les deux rives n’est assurée que par un hydroptère, incapable d’accueillir leur véhicule. Déception de nos baroudeurs, qui devront donc contourner l’immense Baïkal.

Oust-Bargouzine se trouve en bordure du parc national Zabaïkalski, ouvert aux voyageurs souhaitant y établir leur campement où se lancer dans de pittoresques randonnées. C’est sur l’une de ses plages, bien loin de la riche villa de Sergueï l’oligarque, chez qui ils avaient passé une soirée à Svobodny, qu’Arthur et Alexandre ont monté leur tente. Un lieu extraordinaire leur ayant fait forte impression.

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« J’ai été ébloui par le lac Baïkal. Je ne m’attendais pas à ça. Le matin il y a une brume qui sortait… Et se dire que c’est le lac le plus profond du monde, vraiment impressionnant », insiste Arthur, qualifiant leur plage de « presque paradisiaque » et mettant en avant l’immense potentiel balnéaire du lac, avec ses 2 000 kilomètres de côtes.

Le lendemain, ils sont partis à l’assaut des sommets de la péninsule voisine de Sviatoï Nos, dont le point culminant, le mont Markov, s’élève à quelque 1 878 mètres. Si le ciel couvert les a privés de panorama depuis les hauteurs, l’ascension leur a réservé de splendides vues.

Après une randonnée éprouvante, les deux Français, de retour à Oust-Bargouzine, ont planté leur tente au gîte d’Alexandre Beketov, ancien directeur du parc Zabaïkalski, possédant une propriété comprenant diverses dépendances, un potager, une serre, un puits et le tant attendu bania.

Plaisirs sucrés et contrée des décembristes

N’ayant d’autre choix, Arthur et Alexandre ont le jour suivant donc pris le volant en direction d’Irkoutsk, en longeant la rive sud du lac.

« Moi ce qui m’a beaucoup plu ce sont les vendeurs de fruits rouges au bord de la route. C’est exceptionnel, ils vendent aussi du poisson fumé. On en a acheté, c’était délicieux. On a pu se délecter de myrtilles et framboises. Avec la vue sur le Baïkal, c’est assez magique », raconte Arthur, Alexandre étant au volant lors de notre entretien.

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À défaut d’avoir pu traverser le lac dans son intégralité, les deux frères ont pu se consoler en en traversant une portion, notant que faire monter leur Niva sur la barge a été une aventure en soi. Ils constatent en outre une sensible amélioration de l’état des routes à mesure qu’ils avancent vers l’ouest du pays.

Après 630 kilomètres, ils ont enfin atteint Irkoutsk, sur la rive occidentale du Baïkal. Là, ils ont été accueillis par une couchsurfeuse (CouchSurfing est un site référençant dans le monde entier des locaux acceptant d’héberger gratuitement des voyageurs chez eux), dans l’appartement de laquelle ils ont pu passer deux nuits.

Cette ville sibérienne les a principalement marqués par sa délicate architecture, de nombreuses demeures de décembristes exilés s’y trouvant. C’est cependant ici aussi qu’Arthur et Alexandre ont été confrontés à leur premier problème technique. Le moteur de leur véhicule a en effet refusé de s’arrêter une fois les clefs retirées du contact, puis de redémarrer après avoir calé. Ils ont toutefois pu compter sur la bienveillance d’un garagiste établi à 200 mètres de là, qui a accepté de les aider sans rien attendre en retour.

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La suite, au prochain épisode

Au moment même où ils se sont confiés à Russia Beyond, les deux frères faisaient route vers la ville de Krasnoïarsk. Ils comptent par la suite descendre jusqu’en République du Touva, l’une des régions les plus méconnues du pays, puis rejoindre directement l’Altaï par le biais de la légendaire route de la Tchouïa.

« Ce ne sera pas sans difficultés, on aura certainement à traverser des rivières », promettent-ils.

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Retrouvez l’épisode précédent de LADATRIP, entre Vladivostok et Tchita, en suivant ce lien.