Une absence douteuse
En septembre 1936, des rumeurs alléguant que Joseph Staline était gravement malade ont commencé à circuler en Allemagne et se sont propagées en Occident. La presse a alors supposé que sa santé était en si mauvais état qu’il n’était pas en mesure de continuer à diriger le pays et qu’une lutte interne pour le pouvoir avait éclaté au Kremlin.
À Moscou, le gouvernement soviétique a violemment démenti ces affirmations, proposant néanmoins une explication alternative à l’absence médiatique inhabituellement longue du leader. Staline, a-t-il alors été dit, se reposait, et Sotchi, une station balnéaire sur le littoral de la mer Noire, à 1 362 kilomètres au sud de Moscou, était vraisemblablement son lieu de villégiature.
Mais puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, les deux versions auraient très bien pu être toutes deux véridiques : Staline souffrait en effet de faibles articulations et poumons, et s’était, pour atténuer ses maux, rendu au spa Matsesta, à Sotchi. Mais plus important encore, la construction de sa nouvelle résidence s’est achevée dans cette ville en 1936.
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Avez-vous une réservation Monsieur?
Après la mort de Staline, en 1953, quelques 20 résidences de campagne sont donc restées inoccupées. Nikita Khrouchtchev, l’architecte de la déstalinisation, a alors confié ces villas aux autorités locales. À Sotchi, considérée comme une ville de villégiature, les pouvoirs locaux ont décidé d’entamer la construction d’un sanatorium au sein de la résidence de Staline. En 1968, les 12 chambres, incluant celle qu’avait occupée Staline, ont ainsi accueilli leurs premiers visiteurs.
L’ensemble est un radieux complexe entouré de verdure, situé sur une colline surplombant le sanatorium Zelionaïa Rochtcha (Bosquet Vert) de Sotchi. L’intérieur est somme toute relativement spartiate : de petites pièces remplies de vieux meubles soviétiques et une pâle lumière frappent les voyageurs, telles des reliques d’un passé révolu. Tout ici est on ne peut plus authentique.
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« Ce n’est pas un musée, nous ne faisons pas de publicité et n’avons pas de site internet ou de caisse enregistreuse », avance un guide local, qui propose néanmoins aux touristes une balade autour du complexe, en débit de son statut de pension de famille.
Ainsi, la résidence demeure encore aujourd’hui une partie du complexe, et a été la cause de plus d’un souci pour le personnel.
« Un jour, on nous a demandé d’organiser une visite de la datcha pour des hôtes très importants, mais les chambres étaient toutes occupées. Nous avons donc emmené tous les résidents pour un voyage improvisé à Soukhoumi [capitale de l’État partiellement reconnu d’Abkhazie, à 150 kilomètres de Sotchi], les avons fait monter à bord de bus et les avons envoyés en Abkhazie. Pendant ce temps, les invités de marque ont donc pu faire la visite de la résidence de Staline », raconte un employé des lieux.
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Une résidence en chantier
Cette année, une partie de la résidence de Staline à Sotchi subit des rénovations. Les visiteurs sont donc toujours les bienvenus pour découvrir le complexe, qui n’est majoritairement pas affecté par les travaux, mais la location de chambres est néanmoins suspendue.
Lorsque le chantier sera terminé l’année prochaine, tout le monde pourra à nouveau effectuer une réservation des chambres autrefois occupées par Staline, les membres de sa famille et ses proches associés. Vous aurez même la possibilité de jouer librement avec ses échecs, de tester sa queue de billard (spécialement modifiée pour sa main défaillante) et de prendre une photo du célèbre personnage en personne… Ou tout du moins de sa statue de cire.
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