Armes nucléaires tactiques: gros plan les arsenaux russes et américains

Alexei Danichev/Sputnik
Moscou, emboîtant le pas Washington, mise à nouveau sur des équipements capables de déployer des armes nucléaires tactiques – un type d’armements qui n'est soumis à aucun traité international sur les armes.

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Les armes nucléaires tactiques sont destinées à être utilisées dans des batailles en première ligne et à une dizaine de kilomètres au-delà de cette dernière. Ils sont beaucoup plus petits que les missiles stratégiques, mais restent l'un des systèmes militaires les plus meurtriers jamais créés.

« L'Union soviétique et les États-Unis ont testé des armements nucléaires, explique le professeur Vadim Koziouline de l'Académie des sciences militaires. Chaque pays a étudié la possibilité d'ajouter une charge nucléaire de faible puissance aux mitrailleuses, aux mines anti-infanterie et antichar, ainsi qu'aux projectiles de chars et à divers obus d'artillerie ».

Selon Vadim Koziouline, de telles armes n'ont encore jamais été utilisées dans une situation de combat, car les retombées radioactives et la contamination de la région environnante mettraient tout simplement fin à l'assaut en tuant l'ensemble de vos troupes avec l'ennemi.

« L'une des principales différences entre les armes tactiques et stratégiques réside dans le fait que les premières ne sont réglementées par aucun traité international. Par exemple, les ogives nucléaires des missiles balistiques intercontinentaux, des sous-marins et des bombardiers nucléaires sont limitées à 1 550 unités et 700 vecteurs en Russie et aux États-Unis, ajoute l'expert. Quant au nombre d'ogives nucléaires "plus petites" que chaque pays peut avoir, il n'est pas concerné ».

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Les deux puissances mondiales ne parviennent toujours pas à élaborer un accord sur la question. De plus, les deux pays essaient actuellement de réduire légalement le seuil d’utilisation de ces armes. Pour parler simplement, c'est le niveau de menace qui doit exister pour qu'une arme nucléaire tactique à faible rendement puisse être déployée dans un conflit régional.

Armements tactiques russes et américains

« L'arsenal américain pourrait comporter jusqu'à 20 000 ogives tactiques, tandis que la Russie n'en a pas plus de 2 000 », explique Vladimir Dvorkine, général-major à la retraite et ancien chef du 4e Institut central de recherche du ministère de la Défense.

Selon lui, au début des années 1990, l’arsenal russe était composé d’ogives et de bombes aériennes pour les missiles Oka, Totchka et Luna. Outre cela, la Russie possédait également des centaines d'ogives pour missiles antinavires et sous-marins, ainsi que des missiles anti-aériens et anti-missiles, des mines nucléaires et des obus d'artillerie de gros calibre.

« Nous avons commencé à les mettre hors service unilatéralement après la fin de la course aux armements », dit-il, ajoutant que nous pourrions voir ces pays augmenter à nouveau leur arsenal nucléaire dans un proche avenir – ce qui constituerait une conséquence directe de la nouvelle doctrine militaire américaine.

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« Le document parle également du rôle des charges nucléaires à faible puissance utilisées lors des conflits locaux. Les Américains prétendent que cela se fait à titre dissuasif, pour renforcer la défense contre l'utilisation d'ogives nucléaires tactiques par d'autres acteurs », a ajouté l'analyste.

Selon Vadim Koziouline, les États-Unis modernisent actuellement leur missile de croisière BGM-109 Tomahawk - un missile qui peut être utilisé pour transporter une ogive. La menace pour la Russie réside dans le fait que ces ogives sont stationnées sur une nouvelle base américaine près de la ville de Redzikowo, dans le nord de la Pologne, où les États-Unis ont installé leur complexe national de défense antimissile.

« Suite aux allégations de réduction du seuil nucléaire, ainsi qu'à l'apparition de ces complexes de missiles près de nos frontières, la Russie a commencé à restituer ses complexes d'artillerie de gros calibre 2S4 Tioulpan pour une utilisation avec des obus de 240 mm et 203 mm 2S7 Pion, explique Vadim Koziouline. Avant l’effondrement de l'URSS, ils étaient basés dans la partie occidentale du pays, et étaient destinés à repousser une offensive de l'OTAN en la frappant avec des mines nucléaires ».

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L’expert ajoute que le ministère russe de la Défense envisage également d’autres options en cas de menace croissante, notamment en utilisant des ogives nucléaires tactiques Iskander-M.

« Les militaires peuvent également reconvertir les missiles de croisière Kalibr basés en mer, ainsi que les missiles antiaériens Kinjal afin de les utiliser avec des ogives nucléaires similaires. Nous verrons comment la situation évolue, mais notre commandement en a les capacités, et une discussion est en cours actuellement », conclut Vadim Koziouline.

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