Cinq anecdotes sur le légendaire lance-missiles multiple Katioucha

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«On recense de nombreux cas de personnes devenues folles à cause du feu du lance-roquettes soviétique», a témoigné un caporal allemand capturé lors de la guerre, selon un rapport écrit durant la contre-offensive menée par l'Armée rouge en 1941. Il faisait alors référence à la terrifiante «Katioucha».

La Top secret

Cette nouvelle arme fut présentée aux responsables soviétiques les plus haut placés juste avant la guerre. Initialement, l’engin – quelques projectiles montés sur un simple camion – ne les impressionna pas tellement. Mais lorsqu'elle fit feu, ils furent abasourdis. Le premier à réagir fut le ministre de la Défense, Semion Timochenko, qui lança, furieux, à son adjoint : « Pourquoi ne m'avez-vous pas informé que vous possédiez une telle arme ? » La décision finale quant au lancement de la production de Katioucha fut prise un jour avant que les Allemands ne franchissent les frontières soviétiques, le 21 juin. En effet, quelques heures seulement avant la guerre, Joseph Staline avait donné son feu vert pour sa production de masse.

La toute nouvelle arme était un projet top secret. Chaque Katioucha était munie d'un dispositif explosif, de manière à pouvoir les détruire avant que les Allemands ne puissent les capturer. Les régiments Katioucha étaient dénommés gardes mortiers, afin de rendre moins évident qu'ils possédaient le lance-roquettes.

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«Une arme inconnue»

Le nom officiel de cette arme était BM-13, BM désignant machine de combat et 13, le calibre des missiles. La première unité expérimentale, consistant en sept BM-13 placés sous le commandement du capitaine Ivan Flerov, fut utilisée en combat pour la première fois dans la ville biélorusse de Orcha (500 km à l'оuest de Moscou), le 14 juillet. Orcha était un grand nœud de transports déjà occupé par la Wehrmacht, où étaient concentréеs de nombreuses troupes ainsi que des munitions. Pour sa première utilisation, Katioucha dépassa toutes les attentes des leaders militaires soviétiques : Orcha fut détruite. Le lance-missiles bombarda la zone puis se replia rapidement. Le chef de l'État-major de la Wehrmacht, Franz Halder, écrivit dans son journal à propos de cet incident : « Les Russes ont utilisé une arme jusqu'alors inconnue. Une tempête d'éclats d'obus a embrasé la gare d'Orcha, toutes les troupes ainsi que le matériel militaire. Le métal fondait, et le sol était en flammes ».

Fast and furious

Le choc et les effets dévastateurs produits sur l'ennemi étaient principalement dus à la capacité de Katioucha à délivrer un grand nombre d'explosions en seulement quelques secondes et ainsi à couvrir une large zone. La puissance de feu de telles salves était comparable à celle de 70 fusils d'artillerie réunis. Cependant, à la différence de l'artillerie traditionnelle, les BM-13 étaient mobiles et pouvaient se déplacer rapidement d'une zone de tir à une autre. Cela les rendait difficile à suivre. Les Katioucha étaient aussi conçus pour laisser le moins de traces possible, ce qui rendait impossible la localisation de leur position et annihilait donc toute possibilité de réplique. À partir de 1942, ils étaient montés sur les camions américains Studebaker, que l'URSS reçut dans le cadre du programme « Prêt-bail ». Puissants et rapides, ces véhicules étaient idéals pour les Katioucha.

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Après que les Katioucha eurent prouvé leur efficacité au combat, de nombreuses nouvelles unités de ce lance-roquettes furent formées et envoyées sur le front. Les Katiouchas devinrent une arme soviétique à grande échelle et l'un des symboles les plus importants de la Seconde Guerre mondiale pour les Russes.

L'unité du capitaine Flerov continua le combat jusqu'à début octobre afin de résister à l'avancée de la Wehrmacht vers Moscou. Puis, son unité se retrouva encerclée dans la ville de Viazma ( 300 km à l'ouest de Moscou). Les soldats firent feu de tous leurs missiles puis détruisirent les machines. Les Allemands ne parvinrent à prendre possession ni de l'équipement ni des hommes. Ceux-ci se battirent jusqu'au dernier, en conséquence, le capitaine Flerov reçut un hommage posthume.

Les Allemands échouèrent à en faire une copie

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Les Allemands étaient désireux d'en savoir plus sur la nouvelle arme russe, mais pendant longtemps ils ne purent y avoir accès. On raconte qu'ils désiraient tellement obtenir cette arme que le célèbre commando nazi Otto Skorzeny fut chargé précisément de cette mission. Mais lorsque les nazis mirent finalement la main dessus, ils découvrirent qu'ils n'étaient pas en mesure de la copier. On dit que cela tenait à un certain type de poudre qui était contenu dans les missiles soviétiques, qui ne laissait pas de trace et rendait la trajectoire des missiles plus longue et stable. Les Allemands avaient leur propre version de lance-roquettes, le Nebelwerfer, un mortier six coups. Cependant, il ne pouvait déployer autant de missiles que les Katiouchas (qui en avaient habituellement 16), n'était pas mobile, avait une faible portée, et laissait une large trainée dans le ciel qui rendait sa localisation facile. Les Allemands échouèrent donc à créer leur propre système de lance-roquettes multiple.

Un nom de fille

Pourquoi cette arme était-elle appelée Katioucha ? Il se trouve que Katioucha était une chanson populaire à l'époque. C'était le nom d'une fille (le diminutif d'Ekaterina), qui brûlait d'envie pour son petit-ami, envoyé au service militaire pour patrouiller le long de la frontière. Une autre version raconte que la lettre « K » fut apposée sur la machine en raison du fait qu'elle était produite par l'usine du Komintern à Voronej. Selon une troisième légende, Katioucha était le nom de la petite-amie du soldat russe qui entretenait ce lance-missiles.

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