Dmitri Lavrinenko, le plus redoutable chasseur de chars allié de la Seconde Guerre mondiale

Nikolay Maksimov/Sputnik
Le chef de char soviétique Dmitri Lavrinenko n’a eu que quelques mois pour prouver qu’il était le meilleur chasseur de tanks de la Seconde Guerre mondiale, et y est brillamment parvenu, avec 52 victoires. Démontrant une telle efficacité, il aurait aisément pu défier ses plus habiles homologues allemands, si seulement il avait survécu jusqu’à la fin du conflit.

Bien que les plus efficaces tireurs de chars aient été des nazis ayant plus de 100 destructions de tanks à leur actif, les Alliés ont eux aussi eu leurs héros, et le Soviétique Dmitri Lavrinenko en a été le meilleur exemple.

La grande différence entre Lavrinenko et les « as de char » du Troisième Reich est que, contrairement à eux, qui ont traversé la guerre toute entière, cet officier soviétique est décédé bien trop tôt. Dmitri Lavrinenko s’est en effet engagé dans le conflit en octobre 1941 et a été tué seulement deux mois et demi plus tard, fin décembre. Pourtant, dans ce court laps de temps, il a réussi à détruire 52 chars ennemis, ce qui fait de lui le meilleur chasseur de tanks des pays alliés.

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En outre, alors qu’un rôle majeur dans les victoires des as allemands a été joué par les tireurs sous les ordres de ces derniers, les officiers des T-34 de l’Armée rouge ont, au début de la guerre, eux-mêmes endossé le rôle de tireurs. Cela a d’ailleurs été le cas de Lavrinenko.

Sans peur

Venu au monde dans le village de Besstrachnaïa (Sans peur), dans la région de Krasnodar (1 196 kilomètres au sud de Moscou), il a parfaitement incarné le nom de son lieu de naissance. Il n’a en effet jamais hésité à se lancer dans un combat, même contre des forces ennemies supérieures si la situation le demandait.

Au commencement de la bataille de Moscou, en septembre 1941, le lieutenant Dmitri Lavrinenko a pris la tête d’un peloton de la 4ème Brigade de chars, qui a défendu la capitale soviétique dans une série de rudes et acharnés affrontements.

Le 6 octobre, un groupe de quatre chars sous son commandement a ainsi combattu plusieurs dizaines de tanks de la 2nde Armée blindée nazie, près du village de Pervy Voïn, dans la région d’Orlov (325 kilomètres au sud de Moscou). Les chars allemands étaient sur le point d’anéantir une unité d’infanterie soviétique, lorsque Lavrinenko a fait irruption. Profitant de l’effet de surprise, les chars soviétiques ont détruit 15 véhicules allemands, mais ont permis aux soldats ennemis de se retirer.

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Dans une situation similaire, les tanks de Lavrinenko sont venus en aide à un groupe d’opérateurs de mortiers soviétiques. « Nous pourrions ne pas en revenir vivants, mais nous devons sauver la compagnie de mortier. Vous avez compris ? En avant ! », se serait-il écrié, cite son conducteur de char, le sergent Ponomarenko.

Le 5 décembre, Lavrinenko a reçu le titre de Héros de l’Union soviétique pour avoir détruit 37 chars lourds, moyens et légers allemands durant une période de deux mois de batailles incessantes.

Un parfait tacticien

Dmitri Lavrinenko a non seulement combattu l’ennemi dans des affrontements ouverts, mais a également organisé d’ingénieuses embuscades. Le général Dmitri Leliouchenko a en effet témoigné : « Le lieutenant Dmitri Lavrinenko a méticuleusement camouflé ses chars et a installé des troncs d’arbre ressemblant à des canons. Les fascistes ont ouvert le feu sur ces cibles factices. En les dupant pour qu’ils approchent dans le champ de tir, il a déchaîné l’enfer depuis sa position d’embuche et a anéanti neuf chars, deux canons et de nombreux soldats » (D. Leliouchenko, L’Aube de la Victoire, 1966).

Avant de se lancer dans le combat, Lavrinenko scrutait toujours avec attention le futur champ de bataille et organisait des missions de reconnaissance adéquates. Il utilisait ensuite les caractéristiques du terrain à la perfection, cachant ses T-34 derrière des arbres, des collines ou des reliefs, et surgissait soudainement dans des lieux inattendus, causant un maximum de dommages à l’adversaire.

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Lavrinenko était connu pour être un excellent tireur, il pouvait viser sa cible avec une infaillible précision à l’aide de différents types d’armes. Ses talents lui ont évidemment été profitables à bord des chars. Il pouvait en effet toucher des tanks allemands à une très longue distance, mais il préférait se rapprocher à grande vitesse de l’ennemi pour lui tirer dessus à bout portant, à 150-300 mètres.

Cet as de char soviétique a toujours gardé la tête sur les épaules et est en permanence resté rationnel. Durant la controffensive soviétique de la bataille de Moscou, son peloton de char a, contre toute attente, vaincu la garnison allemande du village de Griady, et a ouvert la voie vers la bourgade voisine de Pokrovskaïa. Néanmoins, Lavrinenko a refusé de profiter de cet avantage et a mis fin à l’offensive. Un choix salvateur puisque les unités de réserve allemandes étaient prêtes à séparer ses troupes du reste de l’Armée rouge pour les anéantir plus facilement.

Le 18 décembre 1941, ce courageux lieutenant a toutefois perdu la vie à cause d’un tir d’obus shrapnel, près de Volokolamsk, dans la région de Moscou. Il est fort probable que s’il en avait eu le temps, Lavrinenko aurait eu à se frotter aux meilleurs as de char allemands, qu’ont été Kurt Knispel, Martin Schroif et Otto Carius, qui sont crédités de plus de 150 destructions de tanks chacun.

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