Pourquoi l’avenir de l’ISS dépend de Donald Trump

La station spatiale internationale (ISS).

La station spatiale internationale (ISS).

NASA
Les chercheurs russes considèrent que la station spatiale internationale (ISS) sera utilisable après 2024. Toutefois, son avenir dépendra de la politique du nouveau président américain.

De plus en plus d’informations rapportent que l’ISS est victime de nombreuses pannes, de radiations endommageant ses revêtements, et de bactéries pathogènes. Il y a environ un an, les pays membres du projet ont signé un accord de prolongation de l’exploitation de la station jusqu’en 2024. Mais tiendra-t-elle le coup jusque-là ?

Les chercheurs n’ont aucun doute sur le fait que l’ISS pourrait fonctionner encore plus longtemps. « Pour que l’ISS devienne inutilisable, il faudrait qu’un accident se produise », affirme Ivan Moïsseyev, directeur scientifique de l’Institut de politique spatiale.

« La plupart des systèmes de survie et des autre systèmes critiques peuvent être opérés manuellement », assure Alexandre Khokhlov, ingénieur en instrumentation spatiale de l’Institut scientifique et d’essais central de robotique et de cybernétique.  « Par exemple, dans le module russe, il est déjà arrivé que tous les ordinateurs tombent en panne. L’équipage a simplement attendu que de nouveaux instruments soient livrés depuis la Terre ».

Opération manuelle

Selon Moïsseyev, il est normal que des dysfonctionnements réguliers se produisent à bord de la station spatiale. Par exemple, il y a environ un an, un capteur américain a mal fonctionné et indiqué une hausse de la teneur en ammoniaque. À cause de cette erreur, l’équipage a dû se réfugier pendant 12 heures dans le module russe.

De vraies fuites d’ammoniaque avaient été régulièrement observées dans le système de régulation thermique du module américain. Les astronautes sont sortis dans l’espace pour réparer et remplacer les éléments en question. Les chercheurs considèrent que même l’arrêt d’un où deux modules n’impliquerait pas forcément l’arrêt de toute la station.

« La station modulaire Mir a subi un incendie qui avait affaibli son revêtement, et même une collision avec un vaisseau Progress qui a mis à l’épreuve des jonctions et endommagé un module. La station a tout de même continué de servir », affirme Moïsseyev. « En cas de besoin, des vaisseaux peuvent livrer les pièces détachées nécessaires depuis la Terre ». Selon Khokhlov, tous les pays participant à l’ISS ont prévu la possibilité d’évacuer leur équipage en cas d’accident et leur retour à bord après un certain temps.

Politique spatiale

Les chercheurs assurent que la station est en très bon état. Elle pourrait même fonctionner jusqu’en 2028.

« Cela dépend plus de facteurs économiques et politiques que technologiques », considère Moïsseyev. « Par exemple, de la politique du nouveau président américain. Aucun pays n’a les moyens de participer en même temps à deux grands programmes spatiaux, les Etats-Unis vont devoir choisir ».

La NASA prévoit d’envoyer un vaisseau vers Mars et son satellite Phobos, de survoler la Lune avec le vaisseau Orion et d’y livrer des fragments d’astéroïde. Les Européens, qui ont été les premiers à évoquer la fin de leur participation à l’ISS, rêvent d’une base lunaire internationale.

Y a-t-il des perspectives ?

« La Russie comme les Etats-Unis ont intérêt à prolonger la vie de la station, assure Khokhlov. Cela permet de perfectionner son module et d’y mener des expériences ».

En 2017–2018, l’ISS doit accueillir le module laboratoire polyvalent (MLM), équipé du bras télémanipulateur européen ERA destiné à installer des appareils scientifiques à l’extérieur de la station. Grâce au module MLM, la Russie disposera de son propre laboratoire spatial, qui se trouvait jusqu’à présent dans le module d’habitation.

Les Etats-Unis ont créé spécialement pour l’ISS les vaisseaux à quatre places Dragon V2  de la société SpaceX et CST-100 Starliner de Boeing. Des milliards de dollars ont été dépensés pour leur construction, et il sera impossible de les rentabiliser sans prolongement de l’exploitation de la station. À l’avenir, ces vaisseaux seront utilisés pour des vols commerciaux.

Quand l’ISS sera-t-elle sabordée ?

Selon les experts, la détérioration de la station rend les participants au projet ISS dépendants les uns des autres : quelque chose fonctionne bien chez l’un, autre chose chez l’autre. « Par exemple, les systèmes de communication sont mauvais côté russe, nous utilisons souvent le système américain », explique Khokhlov.

Théoriquement, la durée d’utilisation de la station est limitée par la durée de vie de son premier module, Zaria, ainsi que du module de service Zvezda, construits par les ingénieurs russes pour la station Mir-2 et lancés en 1998.

En 2028, la durée de vie de ces modules sera proche de sa limite. S’ils s’avèrent inutilisables, il faudra saborder l’ensemble de la station. Comme la station soviétique Mir, l’ISS s’écrasera dans l’océan Pacifique, dans une zone sans trafic naval. Dans le cas contraire, il faudra en permanence la maintenir artificiellement en orbite pour qu’elle ne retombe pas sur Terre.

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