Où en sont les droits des animaux en Russie ?

En Russie, la maltraitance des animaux est passible d’une amende maximale de 1 100 euros ou d’une peine de prison de 6 mois.

En Russie, la maltraitance des animaux est passible d’une amende maximale de 1 100 euros ou d’une peine de prison de 6 mois.

Dmitry Morgulis / TASS
L’opinion russe a été secouée récemment par l’information selon laquelle deux jeunes filles sadiques dépeçaient des animaux devant une caméra. RBTH a voulu préciser la situation dans le domaine des droits des animaux en Russie et les conséquences pour cruauté envers les animaux.

Les médias russes ont largement couvert en octobre dernier le crime de deux jeunes femmes de Khabarovsk (Extrême-Orient russe). Ces dernières recueillaient des animaux dans des refuges, avant de les torturer et de les tuer cruellement. Et de publier leurs selfies sanglants sur Internet. Les défenseurs des animaux lancent des pétitions, publient des posts cinglants sur les réseaux sociaux et exigent une peine de prison pour les deux sadiques. Le 20 octobre, des poursuites pénales ont été lancées à leur encontre.

La maltraitance des animaux est interdite par la loi, mais nombreux sont ceux qui estiment que la punition n’est appliquée que rarement et que la peine est toujours trop légère. « La défense des animaux se résume à un seul article dans le code pénal », a constaté Irina Novojilova, directrice d’un des plus grands centres russes de défense des droits des animaux, Vita. « C’est insuffisant, nous sommes en présence d’un vide juridique dans ce domaine », a-t-elle ajouté.

La loi 

« La peine pour cruauté envers les animaux est très légère et la police essaie d’éviter d’accepter des plaintes de ce genre », affirme la Fondation caritative Oumka. « Un très grand nombre de cas effrayants restent impunis », renchérit l’organisation publique Défense des animaux de Tikhvine (à plus de 600 kilomètres au nord de Moscou).

Selon l’article 245 du code pénal de Russie, la maltraitance des animaux est passible d’une amende maximale de 1 100 euros ou d’une peine de prison de six mois. Si les bourreaux étaient à plusieurs, l’amende peut atteindre 4 200 euros et deux ans de prison. Mais en réalité, les peines ne sont jamais très sévères. D’après l’étude de la pratique judiciaire menée par RosPravossoudie, 716 procès au maximum se sont tenus d’après cet article au cours des dix dernières années. Qui plus est, les coupables ont souvent été acquittés.

La Douma (chambre basse du parlement russe) s’est vu soumettre à plusieurs reprises des projets de loi plus sévères avec des formules moins floues, mais aucun n’a été approuvé jusqu’ici. Peut-être parce que les défenseurs des animaux ont déclaré la guerre non seulement aux sadiques, mais également aux entrepreneurs qui gagnent leur vie grâce aux animaux.

« Le projet de loi a été torpillé par les lobbies, déplore Irina Novojilova. Les protestations émanaient des gouverneurs des régions septentrionales, de l’industrie de la fourrure et même des facultés de biologie des universités, car toute limitation les aurait frappés de plein fouet ».

Les progrès

La passivité de l’Etat dans ce domaine est partiellement compensée par l’activité des citoyens. Les deux sadiques de Khabarovsk ont été reconnues et leur nom a été dévoilé sur Internet, après quoi ce fut le tour de la police de s’intéresser à elles. La pétition demandant des sanctions pénales pour les deux monstres a été signée par 420 000 personnes.

Ainsi, elles risquent une peine de prison allant jusqu’à deux ans derrière les barreaux. En 2009, les Russes ont également désanonymisé une autre jeune fille qui avait publié sur les réseaux les photos d’un chat qu’elle venait d’exécuter.

Les citoyens sensibilisés à ce sujet réussissent à influencer non seulement des cas concrets, mais aussi la situation générale. En 2008 et 2009, à l’issue d’une puissante campagne, la Russie a interdit la chasse aux bébés phoques. Les protestations soulevées par les jeunes et les défenseurs des animaux au début des années 2000 ont contraint les autorités de Moscou à annuler un show comprenant une corrida.

Toutefois, quand la justice est confiée à la population, le risque d’abus est grand. Les activistes voient dans le souhait des universités de préserver les expériences sur les animaux « une résistance au progrès scientifique et éthique » et du «  sadisme ». Quant aux défenseurs des animaux, des cas de fraude ont été révélés dans leurs rangs : ils collectaient de l’argent pour les chiens et chats blessés et… disparaissaient avec la caisse.

Les amateurs des animaux sont particulièrement sévères envers les « doghunters » (chasseurs de chiens errants, ndlr). « Ce ne sont pas des hommes. Il faut les faire castrer et les chasser eux-mêmes, écrivent-ils sur la Toile. Brûlez en enfer ! ». Les défenseurs des animaux publient les données personnelles de ces chasseurs sur Internet et, selon différentes données, certains deviennent la cible de persécutions et de menaces.

Des initiatives moins agressives ont plus de chances d’avoir du succès, parfois même au niveau administratif. Ainsi, l’indignation des Moscovites face aux sacrifices de masse lors de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha a poussé les autorités à interdire les sacrifices de moutons en public. En 2005, l’administration de Saint-Pétersbourg a prohibé la mendicité avec animaux, certains miséreux demandant de l’argent pour « nourrir » leur animal qui en réalité était détenu dans des conditions intolérables.

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