En Russie, la natalité fait un pied de nez à la crise

En Russie, la natalité fait un pied de nez à la crise.

En Russie, la natalité fait un pied de nez à la crise.

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Parmi les principales explications, les experts citent un pourcentage assez bas de chômage. Toutefois, ce n’est pas la seule explication.

La stagnation de l’économie russe ne semble pas influencer « le comportement reproductif » de la population : cette année, les familles ont continué à faire des enfants malgré la crise.

Ce fait est constaté par les spécialistes de l’Institut de l’analyse sociale et des pronostics de l’Académie présidentielle russe de l’économie nationale et de l’administration publique dans une étude mise à la disposition de RBTH.

Selon eux, le nombre d’enfants nés au cours du premier semestre de 2016 est à peu près égal au chiffre des six premiers mois de 2014 et 2015. Qui plus est, le nombre de bébés nés durant cette période est même 1,6% supérieur à celui de la même période de l’année dernière.

Ces données sont confirmées par le Service des statistiques de Russie. Dans ce contexte, 15% des Russes ont précisé qu’ils auraient reporté la naissance d’un enfant en cas de perte d’emploi.

Principales raisons

La plupart des familles ne se heurtent à la crise qu’au niveau de la hausse des prix et de la baisse des revenus, mais elles s’y sont adaptées. Le chômage, qui est un facteur bien plus important, n’a concerné qu’un nombre limité d’habitants, a-t-elle fait remarquer.

« La population ne considère pas la situation économique actuelle comme désastreuse et s’est adaptée au contexte actuel », a indiqué Gueorgui Vachtchenko, directeur des opérations sur les marchés russes de la société d’investissement Freedom Finance. Qui plus est, a-t-il ajouté, l’Etat n’a pas renoncé aux mesures onéreuses de soutien social aux familles, y compris aux subventions aux hypothèques.

L’analyste financier de Finam Timour Nigmatoulline estime que c’est l’augmentation du nombre de logements qui pousse vers le haut le taux de natalité. « Sur fond d’une telle augmentation, la natalité s’accroît avec un décalage de plusieurs années indépendamment des revenus réels et de la conjoncture économique », a-t-il noté.

Ainsi, en 2013, le nombre de logements a enregistré une hausse de 15,5% pour atteindre 69,4 millions de m2 et en 2014 de 14,9% pour arriver à 81 millions de m2, ce qui a permis de préserver, voire d’impulser le taux de natalité.

L’indice total a également crû du fait de la naissance de deuxièmes enfants, a poursuivi Alla Tyndik. Elle a rappelé que la tendance était présente depuis le milieu des années 2000 et qu’elle avait un caractère réparateur après le ralentissement des années 1990.

« Les femmes qui donnent naissance à un deuxième enfant ont entre 30 et 35 ans, et c’est une génération nombreuse », a-t-elle noté. Selon elle, les femmes modernes auront en moyenne plus d’enfants que celles dont la jeunesse s’est passée dans les années 1990 et au début des années 2000.

Perspectives

Toujours d’après les données du Service des statistiques, le taux de fécondité, qui reflète le nombre moyen d'enfants par femme, a augmenté en 2015 jusqu’à 1,77 enfant par femme. A l’issue du premier semestre de cette année, le chiffre est de 1,83, a déclaré précédemment le ministre du Travail et de la Protection sociale, Maxime Topiline. 

Les indices les plus bas enregistrés en Russie en termes de natalité ont été recensés en 1999, au lendemain de la crise la plus sérieuse de l’histoire récente du pays, lorsque le taux de fécondité avait chuté à 1,157 enfant par femme.Toutefois, même le taux actuel est insuffisant pour le développement du pays, soulignent les experts.

« Le seuil de renouvellement exige un taux de fécondité d’au moins 2,2 enfants par femme. Ce qui fait que même le chiffre de 1,83 est insuffisant », a souligné Sergueï Khestanov, conseiller en macroéconomie du directeur général de la société de courtage Otkrytie Broker. Par conséquent, la croissance démographique est principalement assurée aujourd’hui par l’arrivée de migrants.

« Un chiffre inférieur à 2 signifie que le taux requis pour le renouvellement naturel de la population n’est pas atteint, l’accroissement naturel ne commencera pas avant la hausse des revenus disponibles en termes réels. Compte tenu du décalage inévitable, je pense qu’il ne faut pas s’y attendre avant 2020 », a ajouté Sergueï Khestanov.

Au cours des six premiers mois de l’année, la population russe a enregistré une décroissance naturelle de 32 200 personnes, bien que le chiffre ait diminué de moitié par rapport au premier semestre de 2015.

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