Récemment, la BBC titrait sur une « Russie en train de mourir rapidement », affirmant que le déclin démographique affaiblirait considérablement la position du pays sur la scène internationale, et pourrait même conduire à une modification significative de ses frontières. Si l’on en croit le Bureau du recensement des États-Unis, la population mondiale devrait atteindre entre 8,5 et 10 milliards d’habitants d’ici à un demi-siècle. Une croissance qui s’accompagne d’une diminution des ressources naturelles. Sauf percée technologique miracle, j’en déduis que les pays comptant le moins - et non le plus - de bouches à nourrir, tout en possédant de vastes réserves de pétrole et d’eau potable, se retrouveront en position de force.
La Russie est riche en ressources naturelles : un vaste territoire, de l’eau (le lac Baïkal représente 20% des réserves d’eau douce de la planète), des forêts à perte de vue, une industrie agricole en plein essor, du pétrole et du gaz. C’est aussi un état doté de l’arme nucléaire, moyen de dissuasion efficace, et un pays garant d’un libre accès à l’éducation. À ce titre, la Russie pourrait bien faire partie des nations les mieux placées pour faire face à la crise environnementale.
Pour autant, selon les spécialistes, le problème ne réside pas tant dans le nombre d’habitants par kilomètre carré que dans la pénurie de main d’œuvre, qui risque de nuire à la croissance économique du pays dans les décennies à venir.
Le gouvernement, sous l’impulsion de Dmitri Medvedev, vise à inverser les tendances négatives et à stabiliser la population, notamment en diminuant le taux de mortalité prématurée. Il s’agit de renforcer la sécurité routière, de lutter contre les excès d’alcool ainsi que d’accroître les investissements dans la santé et la prévention. Mesures qui ont déjà donné des résultats probants. En 2009, pour la première fois depuis 15 ans, la Russie a vu sa population augmenter. L’espérance de vie des hommes s’est allongée de près de deux années depuis 2005, selon le service fédéral russe des statistiques.
Depuis 2007, l’État a remis des bons d’une valeur d’environ 12 000 dollars aux mères de plus d’un enfant à charge afin de stimuler la natalité. Crédits photo : ITAR TASS |
Depuis 2007, l’État a également remis des bons d’une valeur d’environ 12 000 dollars aux mères de plus d’un enfant à charge afin de stimuler la natalité. Reste au gouvernement à se concentrer sur l’amélioration des conditions de vie des salariés, dont la productivité n’atteint que 16% de la moyenne de l’Union européenne, selon Capital Partners.
Quelques initiatives permettraient de renforcer singulièrement la position de la Russie dans le monde. En voici des exemples.
- Tendre la main à la diaspora russe. De nombreux jeunes Russes nés à l’étranger craignent d’aller en Russie, pays où ils risqueraient d’être arrêtés dans la rue et envoyés à l’armée pour deux ans. Il faut d’urgence modifier la législation en matière de conscription pour attirer une main d’œuvre qualifiée, possédant la double nationalité.
- Développer l’aide aux 730 000 enfants orphelins, pour qu’ils soient en mesure de devenir citoyens à part entière. Selon le site Web Iorphan.org, seuls 10% des orphelins s’intègrent pleinement. La grande majorité d’entre eux sombrent dans la drogue, la délinquance ou le suicide.
- Favoriser des programmes d’éducation et une politique d’intégration des personnes handicapées. Le vaste projet de modernisation de l’économie comprend le développement à moyen terme des réseaux de transports, de centres d’innovations et autres cités de l’avenir : des projets qui doivent s’accompagner de dispositifs destinés à faciliter l’accès des personnes à mobilité réduite. Enfin, garantir une connexion Internet haut-débit aux handicapés, leur assurer un enseignement universitaire en ligne et des emplois depuis leur domicile dans les domaines de la recherche et du développement, ainsi que dans les nouvelles technologies de la communication et de l’information (NTIC) : autant de démarches désormais possibles en Russie.
S’ils sont couronnés de succès, les efforts de modernisation du Président Medvedev modifieront les paramètres du débat sur la démographie en Russie. Car, en définitive, la quantité est moins déterminante que la qualité !
Artem Zagorodnov est le rédacteur en chef des suppléments internationaux de Rossiyskaya Gazeta en anglais
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