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« J’ai toujours été attiré par les pays de l’Est. C’est un peu difficile à expliquer, mais j’ai toujours eu des liens avec la Russie », nous confie le photographe lyonnais Jérôme Forêt, mentionnant tant ce pull qu’il avait reçu, enfant, de sa grand-mère, orné de la cathédrale Saint-Basile, que sa collaboration avec une troupe du Bolchoï alors qu’il travaillait au théâtre de sa ville natale.
S’adonnant à son art en montagne, il a, à 33 ans, désormais aussi parcouru bon nombre de pays slaves, de la Serbie à la République tchèque, en passant par la Slovaquie, qu’il a pu immortaliser de son objectif. Néanmoins, c’est l’immense Russie qui semble avoir le plus cristallisé son intérêt, puisqu’en près de 10 ans, il s’y est rendu pas moins de 17 fois.
Muni de son appareil, qu’il s’agisse d’un ordinaire Reflex Nikon ou d’un Zenit soviétique acheté 500 roubles (5,60 euros) au marché aux puces d’Izmaïlovo, il a ainsi exploré bon nombre de recoins du pays – Moscou et Saint-Pétersbourg, mais aussi Volgograd, l’Anneau d’or, le littoral de la mer Noire, ou encore le Baïkal et le célèbre domaine viticole d’Abrau-Durso.
« Tout le monde s’imagine la Russie comme le plein centre de Moscou et de Saint-Pétersbourg, alors que ce n’est qu’une vitrine. L’âme russe se cache dans les petits villages, dans les maisons », assure-t-il à cet égard.
Adepte de la photographie en noir et blanc, à l’instar de Robert Doisneau qu’il admire particulièrement, le jeune homme a, cette année, déjà mis sur pied trois expositions – l’une à la bibliothèque municipale du premier arrondissement de Lyon, la seconde dans un restaurant russe de la ville, et la dernière en date au sein de la Maison russe des sciences et de la culture à Paris.
Un calendrier chargé d’autant plus remarquable compte tenu de l’actualité géopolitique, qui a mis à mal les échanges culturels entre la Russie et l’Occident. Jérôme n’a toutefois pas été épargné par les critiques. Les avis positifs n’ont néanmoins pas non plus manqué, comme en témoigne le Lyonnais à notre rédaction.
« Beaucoup m’ont dit que j’étais courageux. J’ai encore du mal à exprimer ce sentiment, mais je me suis senti comme investi d’une mission, de montrer qu’en Russie, il n’y a pas que la vodka, mais aussi des ethnies extrêmement variées, des traditions complètement différentes, plein de religions ».
Tandis que ses photographies ont ensuite été utilisées par des étudiants de langue russe de la « Capitale des Gaules », qui les ont analysées et expliquées, ses expositions ont aussi donné lieu à de passionnantes rencontres, relate Jérôme, qui bénéficie par ailleurs du soutien indéfectible de sa femme, originaire de Russie et elle aussi artiste, qui, au-delà de ses encouragements, l’assiste dans son travail.
« J’ai beaucoup de gens qui y sont allés à l’époque soviétique, qui ont revu des endroits et qui ont dit que ça a vachement changé. Des gens qui y sont retournés après. Une personne y est allée au moins une soixantaine de fois pour son travail », illustre l’artiste. Cependant, le visiteur l’ayant le plus marqué a été cette dame, âgée de plus de 90 ans, qui a tenu à partager avec lui son histoire. Son père, officier du tsar, avait dû fuir la Russie suite à la révolution, laissant derrière lui une fillette. Bien que marié par la suite à une Française, union de laquelle est née cette femme, il n’a eu de cesse de rechercher sa première petite fille russe, en vain. Aujourd’hui, la nonagénaire espère encore en apprendre plus sur le sort qu’a connu sa demi-sœur et ses proches.
« Ça m’a donné envie de l’aider, car le temps est compté. Depuis qu’elle m’a raconté ça, j’ai comme un fantasme de retrouver leurs traces », s’enthousiasme Jérôme.
Le public a en outre permis au jeune homme de porter un regard nouveau sur son propre travail.
« Les photos que j’ai mises dans les galeries, je les vois depuis des années, je n’ai plus cette émotion, ce regard, donc ce sont les gens qui m’expliquaient ce qu’ils ressentaient. Il y en a beaucoup qui me faisaient remarquer des détails que même moi je n’avais jamais vus », relate-t-il en effet, notant un attrait singulier des spectateurs pour ses portraits, l’encourageant à en réaliser davantage à l’avenir.
« Ce que je voudrais faire, c’est du portrait non seulement du Russe typique, mais aussi de personnes du milieu orthodoxe, de milieux variés, des Ouzbeks, des grands-mères, des pompiers, pour montrer qu’il n’y a pas que le stéréotype de la femme blonde aux yeux bleus. J’ai aussi l’idée de faire venir ces gens avec un objet ou quelque chose qui a été important dans leur vie », lance Jérôme.
L’une de ses photographies les plus acclamées étant celle d’une femme, de dos, patientant durant l’arrivée d’une rame dans les profondeurs du métro de Moscou, l’artiste ambitionne également d’organiser une collaboration avec le réseau de transports souterrain de la capitale russe ou de Saint-Pétersbourg, afin d’y réaliser une série de clichés.
Enfin, si une nouvelle exposition est d’ores et déjà prévue pour la fin de l’année dans un café du Vieux Lyon, où il mettra certaines de ses œuvres en vente, notre interlocuteur n’exclut pas d’en entreprendre une présentation sur le sol russe.
« Je sais qu’il y a un restaurant à Saint-Pétersbourg qui s’appelle Jérôme, j’aimerais bien les contacter pour voir si ça les intéresserait », conclut-il avec le sourire.
Dans cet autre article, admirez les contrastes de Russie capturés avec poésie par un photographe britannique.
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