En images: un photographe se porte en défenseur des datchas soviétiques, cet héritage sous-coté

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NIKOLAÏ CHEVTCHENKO
Le photographe Fiodor Savintsev a entamé la chronique des chefs-d'œuvre de l'architecture rurale datant de l'URSS en Russie.

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Le photographe de renom Fiodor Savintsev, dont les œuvres ont été publiées par de grands magazines et journaux internationaux, s’est, pendant la pandémie de Covid-19, découvert une nouvelle passion – la datcha soviétique.

« Le projet "Datchas de Kratovo" [du nom de la commune urbaine de Kratovo, près de Moscou] a débuté lorsque je suis retourné chez mes parents pour les aider pendant la pandémie et que j'ai commencé à réaliser un projet documentaire sur les vieilles datchas de la banlieue de Moscou », explique l’artiste.

Le photographe a été fasciné par l'architecture vernaculaire des datchas soviétiques : les personnes qui les ont construites il y a des années se sont fiées à leur vision et non à la tradition académique dominante ou aux conseils d'architectes professionnels. Il en résulte une esthétique folklorique unique, que Savintsev cherche à immortaliser, souvent comme si ses sujets étaient animés.

« Je suis devenu un archiviste qui collecte des informations, des documents. Il est clair que je ne peux pas tout faire tout seul. En théorie, cela devrait être fait par des professionnels de l'architecture. Mais j'ai créé une tendance fascinante qui s'est répandue dans différentes villes. Je constate un intérêt croissant pour l'étude historique de la culture de la datcha », a-t-il déclaré dans une interview antérieure.

Le passage des sujets humains aux objets immobiles dans son œuvre s'est fait en douceur.

« Dans ma carrière, les sujets humains l'ont emporté sur l'architecture. Cependant, je regarde les maisons sous la forme d'un portrait. Je fais des portraits de maisons », explique Savintsev.

Le photographe a abordé la tâche de trouver de nouveaux sujets de manière méthodique. Il a visité toutes les rues de la localité pour identifier les sujets d'intérêt et a également recherché les propriétaires ou les personnes qui connaissaient l'histoire des édifices, afin de pouvoir partager leurs histoires avec les images.

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Trouver certains des propriétaires a néanmoins été une tâche difficile et Savintsev a lancé un appel à l'aide à son large public sur Instagram, demandant si quelqu'un connaissait l'histoire d'une demeure particulière ou de ses résidents.

« Instagram est un outil médiatique qui me permet non seulement de partager des publications avec mon public, mais aussi d'établir des connexions significatives et de laisser les gens me contacter directement. Ces histoires se sont produites de nombreuses fois lorsque des propriétaires ont pris contact parce qu'une publication leur avait été transmise par un tiers et qu'ils ont décidé qu'ils étaient intéressés par une discussion avec moi », confie Fiodor.

Pour le photographe documentaire, dont la principale méthode de recherche est la communication interpersonnelle, l’accessibilité est d'une importance capitale. Ainsi, toutes les images liées au projet « Datchas de Kratovo » ont été photographiées à l'aide d'un smartphone, ce qui permet un accès maximal aux sujets.

« Nous vivons à une époque où les gens sont morbidement mal à l'aise lorsqu'ils voient du matériel professionnel et pensent que cela viole leurs frontières privées. L'iPhone ne provoque pas une telle réaction », avance Savintsev.

Il participe actuellement à la restauration de cinq maisons et déclare qu'il a également l'intention de créer un fonds (ou une autre forme d'organisation) qui aborderait systématiquement la restauration de datchas privées uniques.

« Je formulerais la tâche [du futur fonds] comme suit : préserver le patrimoine architectural en bois, voire, pourrait-on dire, l'habitat individuel. L'État n'alloue pas de fonds pour entretenir des objets qui sont en propriété privée. Les gens ne peuvent pas apporter à ces maisons les soins dont elles ont besoin et, par conséquent, elles sont tout simplement perdues. Or, elles présentent un intérêt, à mon avis, du point de vue de notre patrimoine culturel, même si elles sont en propriété privée. L'idée de la fondation est donc d'aider les propriétés privées, notamment en restaurant les maisons, afin qu'elles conservent leur apparence », conclut notre interlocuteur.

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