«Bonjour, Russie!»: des enfants d’émigrés russes racontent leur voyage dans leur patrie historique

Kira Lisitskaïa (Photos : Ilia Pitalev, Alexeï Nikolski/Sputnik; Pixabay; Tsy1980 (CC BY-SA 3.0)
Visiter le plus grand pays du monde est le rêve de nombreux amoureux de voyage. Que dire de ceux qui ont une relation avec la Russie non pas liée à un simple intérêt, mais à leur histoire familiale. Des enfants de France et de Belgique, qui ont visité la terre de leurs ancêtres à la fin de l'été, nous ont fait part de leurs impressions: de leur première visite sur la place Rouge à la dégustation de pastila à Kolomna.

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« Quand je viens en Russie, je ne me sens pas étrangère, confie Polina Zenchenko, 16 ans, née à Nancy, mais qui a ensuite vécu avec sa famille à Kaliningrad avant de rentrer en France. Les premières sensations sont toujours agréables, apaisantes… Je suis chez moi, à la maison ! Mais dès que je rentre en France, je comprends tout de suite que je suis tout de même différente, et les traits français en moi sont peut-être encore plus forts ».

Polina Zenchenko et Ekaterina Mironova

Cet été, Polina, qui n'avait pas vu ses proches résidant en Russie depuis le début de la pandémie, a de nouveau réussi à visiter le pays de son enfance et à revivre tout le cycle des émotions décrites ci-dessus en participant au programme « Bonjour, Russie! ». Dans le cadre de ce dernier, plus de 700 enfants de Russes vivant dans 48 pays du monde, en quête de leurs racines, ont pris l'avion pour Moscou, notamment des délégations formées par la Maison russe des sciences et de la culture à Paris et la Maison Russe à Bruxelles.

Villes scientifiques de la région de Moscou

Les participants au programme, mis en œuvre sous les auspices de la Maison Russe (l'agence fédérale Rossotroudnitchestvo), ont eu une semaine chargée et chaque jeune a pu choisir des activités adaptées à ses intérêts. « Chaque groupe a été nommé d'après une personne célèbre de Russie, donc, par exemple, j'étais dans le groupe de l'académicien Ivan Pavlov, lauréat du prix Nobel de physiologie ou de médecine. En conséquence, nous avons participé à des événements avec une certaine teneur scientifique », partage avec nous Maxima Nysen, 15 ans, de Belgique.

Maxima Nysen et Polina Alexeïeva avec leur camarade

Selon la jeune fille, le point le plus intéressant du programme pour elle a été une excursion à l'Institut central d'aéro-hydrodynamique, baptisé en l’honneur du fondateur russe de l'aérodynamique, Nikolaï Joukovski (TsAGuI). Ce n'est pas du tout surprenant, car trois générations de la famille de Maxima du côté maternel sont associées à ce lieu de la région de Moscou. « Mon arrière-grand-mère est diplômée de l'Institut d'aviation de Moscou et pendant la Grande Guerre patriotique elle a travaillé ici en tant que grutière. Curieusement, j’aurais pu devenir l'arrière-petite-fille de Iouri Gagarine – dans sa jeunesse, il a témoigné de l'attention à mon arrière-grand-mère. Cependant, elle a fait son choix en faveur de mon arrière-grand-père – c’était déjà un pilote d'essai reconnu et le jeune Gagarine faisait pâle figure comparé à lui... », s'amuse Maxima. La grand-mère de la jeune fille a suivi les traces de sa mère et aujourd'hui son oncle travaille au TsAGuI. D'année en année, Maxima revient pour les vacances scolaires dans sa ville natale de Joukovski, où se trouve l'institut d'aéro-hydrodynamique, mais c'était la première fois qu'elle effectuait une telle excursion.

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Salon aéronautique à Joukovski

Un autre participant au programme « Bonjour, Russie! », Philippe, 17 ans, originaire de France, était également attiré par les réalisations scientifiques de la Russie. Contrairement à Maxima, il n’a pas visité le TsAGuI, mais a réalisé un voyage tout aussi intéressant dans la ville de Korolev, près de Moscou, baptisée en l’honneur du concepteur soviétique Sergueï Korolev, grâce auquel le célèbre vol de Iouri Gagarine est devenu possible. « Cette année, je suis entré à la faculté de mathématiques et d'informatique de la Sorbonne et j'envisage de devenir ingénieur, déclare le jeune homme, dont les parents sont originaires des pays de l'ex-URSS, afin d’expliquer son intérêt pour l'industrie spatiale. Par conséquent, la figure de ce scientifique m’est très proche, j'ai beaucoup appris sur sa vie et son travail dans le technoparc pour enfants Quantorium ».

Philippe

En plus d'une conférence fascinante sur le pionnier du programme de fusées soviétiques, Philippe a été impressionné par la plateforme éducative sur laquelle l'événement a eu lieu. « Grâce à des équipements de haute technologie, même les plus petits peuvent y étudier l'exploration spatiale, la robotique et les technologies informatiques », assure-t-il. « J'aimerais moi-même étudier dans un tel endroit, mais j'ai peur qu'il ne soit trop tard pour moi », sourit Philippe.

Synchrophasotron, Institut conjoint de recherche nucléaire, Doubna

Il s'est également remémoré un voyage dans une autre ville scientifique russe – Doubna, où se trouve l'Institut unifié de recherche nucléaire (IURC). Cette institution collabore avec plus de 1 000 centres de recherche du monde entier. « C'est à Doubna que j'ai vu pour la première fois de près – avant je ne les connaissais qu’en théorie – les fameux capteurs de neutrinos, confie notre interlocuteur. Il est difficile d'imaginer à quelles découvertes étonnantes ce type d'appareil conduira ».

Pastila de Kolomna et tours de l'ancienne forteresse

« Pour moi, la Russie et la Belgique sont comme papa et maman, il est impossible d’en choisir une », raconte très simplement Polina Alexeïeva, 16 ans, à propos de son lien avec les deux pays. Son père, un musicien talentueux originaire de Russie, est allé travailler en Belgique, puis a emmené sa femme et sa fille avec lui. La petite Polina s'est retrouvée dans le plat pays alors qu'elle n'avait même pas cinq ans, mais elle s'est très vite adaptée à ces nouvelles conditions. Maintenant, elle va dans une école spécialisée dans la musique, où elle joue du violon et du piano. Polina est une grande amatrice de sucreries, c’est pourquoi parmi tous les événements auxquels elle a participé dans le cadre du programme « Bonjour, Russie! », elle cite en premier lieu son voyage dans la ville de Kolomna, dans la région de Moscou, durant lequel les enfants ont réalisé une excursion dans une usine où est produite la pastila, une sucrerie naturelle à base de pommes et à laquelle des personnalités aussi célèbres qu'Ivan le Terrible, Catherine la Grande, Fiodor Dostoïevski et Léon Tolstoï ont rendu hommage.

Ce lieu suscite à juste titre une fierté particulière chez les habitants de la ville, qui ont réussi non seulement à ressusciter la production oubliée depuis de nombreuses années, mais aussi à recréer l'atmosphère de la Russie tsariste dans le musée de l'usine : les enfants ont été accueillis par des comédiens en costumes d’époque, qui les ont invités à prendre le thé à la façon traditionnelle russe. Polina raconte avoir non seulement essayé de nombreux types de pastila, mais en avoir également acheté quelques paquets en cadeau pour sa famille et ses amis belges.

Ekaterina Mironova

Il convient de noter que la jeune fille a en outre été sensible au charme de cette ville ancienne. Sa perle est le kremlin médiéval en briques rouges, fondé en 1525-1531 sous le règne de Vassili III. « Le guide nous a expliqué que la forteresse avait de nombreuses tours, mais seulement sept d'entre elles ont survécu à ce jour. Chaque tour est nommée selon les jours de la semaine, se souvient Polina. Nous avons longé les anciens murs et admiré le panorama de Kolomna ».

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Opéra rock au Théâtre Mossovet

Quant à Polina Zenchenko, déjà mentionnée plus haut, son impression la plus vive du programme « Bonjour, Russie! » est liée à une visite au Théâtre académique d'État Mossovet. Fondée en 1923, cette institution artistique moscovite est alors devenue le premier théâtre ouvrier au monde. Année après année, il a réuni une équipe de grand talent et, malgré les temps difficiles, ses représentations bénéficient aujourd'hui d'un grand succès auprès des habitants et des visiteurs de la capitale.

Pour les enfants de compatriotes vivant à l'étranger, le Théâtre Mossovet a préparé un cadeau incroyable – des billets pour l'opéra rock Jésus Christ Superstar. « Je l'écoutais souvent à la maison avec mon père, mais je l’ai encore plus apprécié dans les performances live d'artistes russes, confie Polina avec admiration. Ils ont de si belles voix... Je me suis assise et j'ai écouté comme hypnotisée ». Son amie dans le cadre du programme, Ekaterina Mironova, 14 ans, de France, était également ravie de cet événement : « Après la fin de l'opéra rock, nous avons été emmenés en coulisses, où nous avons pu prendre des photos avec l'interprète de l'un des rôles principaux, Valeri Iaremenko. Comme ma famille, il est également originaire de Sébastopol, donc j'étais doublement heureuse de cette rencontre inattendue ! ».

Première fois sur la place Rouge

Habituellement, les participants au programme « Bonjour, Russie! », qui ont de la famille dans le plus grand pays du monde, sont déjà allés au moins une fois dans leur patrie historique, mais pour Anna Marlier, une Belge de 14 ans qui a des racines russes, ce voyage était le premier.

Pour y prendre part, Anna a participé à plusieurs reprises aux concours de lecture d’œuvres d'auteurs russes « Classiques vivants », avant lequel elle a beaucoup travaillé sur sa prononciation russe. Animée par des sentiments chaleureux envers la patrie de ses ancêtres, la jeune fille a également préparé un rapport scolaire spécial, au cours duquel elle a non seulement abordé l'histoire, la géographie et la culture de ce pays, mais également présenté aux enfants de son école les traditions russes, organisant une exposition d'objets d'art décoratif et appliqué russe et préparant du thé traditionnel russe avec un vrai samovar de Toula et des pirojkis.

Et voilà qu’après des années d'attente, son rêve est devenu réalité : en août, Anna est descendue de l'avion qui l'avait emmenée à l’aéroport Cheremetievo. La toute première et la plus vive impression de la jeune fille a été sa visite sur la place Rouge. « J'avais vu cet endroit tellement de fois à la télévision, sur des cartes postales et des photographies ! (...) C'était difficile pour moi de croire que tout ce qui se passait était vrai, dit-elle avec enthousiasme. Si belle et grandiose, devant moi se trouvait la place principale de ma Russie bien-aimée : le Kremlin et la célèbre tour Spasskaïa, le Musée historique, le mausolée, l'élégant bâtiment du Goum... À ce moment-là, je pouvais sentir l’histoire séculaire de cette ville... ».

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Selon Anna, la Russie n'est pas seulement un pays à ses yeux, mais tout un monde, dont la connaissance s’est accumulée petit à petit depuis l'enfance, grâce aux histoires de ses proches, à des livres et à des programmes de télévision. Un monde qui a enfin trouvé une place dans son âme. « J'aimerais que tout le monde visite ce pays merveilleux au moins une fois, en découvrant son originalité et la mentalité spéciale et unique de ses habitants bienveillants et sincères », dit Anna, ajoutant que les souvenirs de sa participation au programme « Bonjour, Russie ! » resteront à jamais gravés dans son cœur.

Dans cet autre article, nous nous intéressions à la façon d’entretenir les racines russes de son enfant tout en vivant à l’étranger.

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