Les dix drapeaux de régions russes les plus étranges

Varvara Grankova
D’un ours chrétien à un plant de cannabis, notre sélection montre que les Russes peuvent être aussi fous dans le domaine de l’héraldique qu’avec tout le reste.

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Ours-prêtre de la ville de Perm

On sait depuis longtemps que le peuple russe est assez fervent. Mais vous pouvez retourner la chose dans tous les sens, impossible d’en dire autant des ours russes. Ce drapeau, cependant, semble combler cette lacune, présentant la puissante bête comme une créature gentille et pieuse apportant aux gens la lumière des Évangiles, directement sur son dos à fourrure.

Selon les responsables, cependant, ce n'était pas l'intention de départ, car il s'agit de deux symboles distincts. L'ours argenté incarne les richesses naturelles de la région - ses vastes gisements de métaux et ses forêts riches en faune. L'Évangile, quant à lui, symbolise « les Lumières de la chrétienté venues briller sur la population locale », inaugurant une ère de développement culturel sans précédent. Apparemment, l'auteur n'a pas vu de meilleur moyen de combiner les deux que de les superposer. Donc – oui, à Perm, les ours ne se contentent pas de marcher dans les rues, ils peuvent aussi aller à l'église le dimanche.

Drapeau imposant de la région de Penza

Dans un pays peuplé de gens religieux – et d'ours très pieux, comme nous venons de le découvrir -, comment se démarquer et prouver son zèle ? Facile. Lorsque toutes les combinaisons imaginables de croix, d'églises et de saints ont déjà été utilisées, placez simplement le visage de Jésus-Christ sur vos armoiries, comme l'ont fait les habitants de la région de Penza, à 644 km au sud-est de Moscou. Bien sûr, un drapeau comme celui-ci peut sembler un peu sombre lorsqu'il est affiché pendant les célébrations de la ville, mais imaginez un instant la crainte et la discipline qu'il doit inspirer aux fonctionnaires qui le voient chaque jour en arrivant au travail. Productivité élevée et bonne foi garanties !

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Jolie femme dans le territoire de Perm

Ce drapeau est encore plus inspirant que le précédent, la belle femme symbolisant une rivière locale dans le village rural de Verkh-Invenskoïé, territoire de Perm. Pouvez-vous imaginer quelque chose de plus joyeux et accueillant que cette jolie fille en costume traditionnel ouvrant les bras comme pour vous étreindre ? L'image symbolise également la rivière locale Inva qui se traduit de la langue par « femme-rivière » - d'où les vagues. Vraiment, le drapeau donne l'impression que l'auteur s'est lassé de toute l'héraldique officielle avec son style pompeux et ses allégories bibliques et a juste dessiné ce qu'il aimait vraiment. On dirait aussi qu'il avait 10 ans à l'époque et qu'il a peut-être voulu peindre sa maman…

Quand le style Malevitch rencontre Catherine la Grande

Cependant, s'il est un modèle qui se démarque sans conteste au sein de l'héraldique russe, ce serait un minimalisme audacieux et à la limite de l'absurde, qui défie parfois non seulement les lois du bon sens. Par exemple, qu'implique ce drapeau de Chouïa, petite ville à 320 km de Moscou ? Que la ville abrite des fabricants de beurre ? Un site d'extraction d'or ? Une usine de briques jaunes ?

En fait, le drapeau représente un savon, car cette ville de la région d'Ivanono hébergeait un centre majeur de production de savon aux XVIe-XVIIe siècles et les produits locaux étaient la marque de cosmétiques préférée de Catherine la Grande. L'impératrice aimait tellement ses produits rajeunissants et doux qu'elle a personnellement approuvé l’apparition d’une barre de savon dans les armoiries de la ville, qui ont ensuite inspiré les concepteurs de la bannière.

Des œufs sur un podium olympique

Pourtant, ni l'impératrice, ni les artistes du mouvement suprématiste russe du XXe siècle ne pouvaient imaginer jusqu'où irait le minimalisme dans l'héraldique du pays. Un prisme jaune, ce n’est pas suffisant, ont décidé les habitants de la colonie de Kholokholenskoïe dans la région de Tver. Ils ont opté pour trois briques jaunes sur leur drapeau – cette fois pour immortaliser l'usine de céramique récemment fondée dans le village. De plus, certains œufs ne feraient pas de mal, pensaient-ils, car l'économie du village repose sur son élevage de poulets depuis des siècles. Et voilà, nous obtenons un autre chef-d'œuvre de l'héraldique moderniste digne d'être accroché à côté des œuvres de Malevitch.

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Des noms d’oiseau ?

« Non, s'il te plaît, oiseau géant, ne m’emporte pas, je ne mangerai plus jamais de poulet », aurait crié l'auteur de ce drapeau juste avant d'être attrapé par le monstre auquel appartient cette patte. « Les aigles arrivent », aurait-il hurlé, selon d'autres témoins. Enfin, des sources un peu plus crédibles disent que ce drapeau de Domnovskoïe – un petit village de la région de Kaliningrad qui était en territoire allemand jusqu'en 1945 – a un lien avec les croyances païennes de Prusse orientale. Il fait soit référence à Kurko, la divinité de la récolte et de la nourriture qui était le plus souvent décrite comme un coq ou avec littéralement une patte d'aigle - celle qui, selon les anciens mythes allemands, emmenait les âmes des morts jusqu'au ciel. Quoi qu'il en soit, et bien que le véritable message du drapeau soit entouré de mystère, son caractère impressionnant ne fait aucun doute !

Drapeau russe au charme d'Amsterdam

Au fait, qu'est-ce que Pierre le Grand a rapporté de son fameux voyage aux Pays-Bas ? Était-ce quelque chose qui a inspiré ce drapeau avec un cannabis en fleurs assez particulier ? Eh bien, en ce qui concerne cette bannière, l'herbe n'avait rien à voir avec la Hollande - elle était cultivée dans le district de Kimovski (environ 240 km au sud de Moscou) bien avant la Grande ambassade, pour produire de l’huile. Cependant, le plus drôle n'est pas ce qui est peint sur le drapeau, mais plutôt ce qui manque : le district de Kimovski est largement connu comme la zone où s'est déroulée la célèbre bataille de Koulikovo - la première étape sur la voie de l'indépendance de la Russie vis-à-vis des Mongols. Pourtant, aucun indicateur de cet événement majeur de l'histoire russe – juste une bonne vieille « Mary Jane » en fleurs.

Quand la défense fait faux-bond dans la région d'Oriol

Que se passe-t-il sur ce drapeau du district de Kolpnianski, à environ 500 km de Moscou ? On dirait qu'il dit : « Il était une fois une belle forteresse, puis des missiles ont été inventés et cela s'est avéré complètement inutile. Mais bon sang, avant ça, nous étions les meilleurs ! ».

En fait, la région était en effet l'un des bastions clés de la ligne de défense méridionale de la Russie contre les Tatars de Crimée du XVe au XVIIIe siècle - et c'est à cela que fait référence la bannière. Cependant, ce qui apparaît sur le drapeau comme un projectile en train de tomber est en fait une étoile filante ajoutée là pour honorer un éminent physicien russe qui est né dans le district et a étudié, en particulier, ce phénomène astronomique. Donc, non, la garnison n'a pas été victime d'une roquette - juste de la combinaison malheureuse de deux symboles qui n’auraient jamais dû se rencontrer.

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Test de Rorschach dans la région de Sakhaline

Mais enfin, qu'est-ce que c'est que ce truc ? Une des premières œuvres de Kandinsky ? Ou encore un autre exemple de minimalisme russe audacieux ? En fait, c’est plutôt un monument à la paresse des habitants…

Le fait est que lorsque vous vivez sur les îles isolées des Kouriles et de Sakhaline, à environ 6 400 km de la capitale, perdu quelque part entre le Japon, la grande Mère Russie et un océan bleu encore plus grand, vous voulez rester simple. Pas de symboles, pas de rubans, pas de nobles métaphores. Apparemment, les habitants de la région de Sakhaline ont simplement cherché sur Google leur propre zone et cliqué sur la touche « imprimer » - parce que ces taches abstraites sont exactement à quoi ressemblent Sakhaline et les îles Kouriles sur une carte.

« Quoi de neuf, camarade ? »

« Dites le mot de passe et entrez dans ma ville cachée », dit le joli sceau que l’on voit sur le drapeau de Snejnogorsk, anciennement ville secrète de Mourmansk-60, déclassifiée il y a à peine 20 ans. Curieusement, le phoque ne symbolise pas la faune arctique, ni aucune conscience écologique particulière - il fait référence au chantier naval Nerpa qui répare et utilise des sous-marins à propulsion nucléaire et dont le nom désigne ces adorables mammifères marins. On ne sait toujours pas si ses fondateurs avaient un faible pour les phoques, ou ont pris le nom pour tromper les espions potentiels, mais une chose est sûre - vous pouvez difficilement imaginer meilleur camouflage pour une installation de la flotte nucléaire que cette charmante créature sortant sa tête de l’eau glacée.

Qu’est-ce de vivre dans le plus grand pays du monde ? Trouvez la réponse dans cette publication.

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