Comment la Russie est devenue fer de lance de la pop-MMA

Hasbulla vs Abdurozik

Hasbulla vs Abdurozik

Askhab Tamaïev/Youtube.com
Les arts martiaux mixtes (MMA) représentent une industrie sportive mondiale milliardaire. Il s’agit d’une compétition où des combattants professionnels de différents styles et cultures (allant du kung-fu à la boxe et à la lutte) cherchent à prouver quel style est le meilleur.

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Il y a quelques années, un nouveau phénomène, appelé « pop-MMA », est apparu en Russie. En 2019 et 2020, une douzaine de ligues ont émergé sur scène et ont littéralement gagné les faveurs de millions de personnes qui, jusqu’ici, n’avaient rien à voir avec le sport ou le combat.

Allons découvrir ce qu’est la pop-MMA et ce qu’il a en commun avec le vrai sport.

Qu’est-ce que la pop-MMA ?

Vassili

Pour l’expliquer simplement, il s’agit de duels entre des combattants non professionnels. De plus, la plupart des participants n’ont jamais suivi d’entraînement de MMA ou de tout autre type de combat. Ce sont des gens que nous rencontrons tout les jours – électriciens, ingénieurs, cuisiniers, étudiants... Des gens de professions ordinaires qui veulent tester leurs compétences sur un ring ou dans une cage.

Les règles des ligues sont proches des compétitions classiques de MMA ou de la boxe, avec quelques différences.

Par exemple, des combats sont parfois arrangés entre des adversaires de différentes catégories de poids, avec niveau d’entraînement différent. En 2020, a même été organisé un combat entre un blogueur de 240kg et une jeune femme de 62kg.

Ces combats sont diffusés sur YouTube et sont généralement suivis d’une série de conférences de presse avec beaucoup de commentaires insultants, de bagarres et de séances d’entraînement dans leurs gymnases.

Quand ces diffusions ont obtenu des millions de vues sur YouTube, des blogueurs célèbres et des combattants amateurs ont rejoint la communauté pop-MMA. Tel est le cas de Hasbulla et Abdurozik, ces jeunes de 18 ans.

Leur conférence de presse d'avant-combat a déjà reçu 12,1 millions de vues en moins de deux semaines. En comparaison, la conférence de presse la plus regardée entre Khabib Nurmagomedov et Conor McGregor n'a reçu que 7 millions de vues en trois ans.

Les origines de la pop-MMA et les organisations

Entre la pop-MMA et les sports professionnels et olympiques la ressemblance est la même qu’entre les chansons pop et la musique classique. Ils attirent attention mais la qualité des deux est différente. La musique pop est aimée et comprise par la grande majorité des gens, tandis que pour comprendre la musique classique (la boxe et le MMA dans notre cas), il faut être plus fin connaisseur de ce domaine.

La pop-MMA semble être inspirée par le film Fight Club, dans lequel des gens ordinaires font des combats la nuit dans des clubs clandestins semi-légaux. Les gens se sentent proches de cela et voient des individus comme eux se battre dans la cage. Par ailleurs, il est facile de participer – « Il suffit de remplir les papiers, de passer un casting en ligne et vous y êtes », explique Arseny Milov, un combattant amateur de Notre Cause (Наше Дело), une ligue de combat pop-MMA.

Il explique que la Russie compte cinq ligues majeures de pop-MMA : Punch Club, Hardcore Fighting, Top Dog, Notre Cause et Strelka.

Les gens ne gagnent pas beaucoup d’argent dans ces ligues, mais bénéficient d’une publicité médiatique et de la promotion de leurs comptes Instagram. « Les plus grandes célébrités reçoivent environ 30 000 dollars [24 754 €] pour un combat mais peu de gens reçoivent cet argent. La plupart d’entre nous touchent de 500 à 3 000 dollars [entre 412 et 2 475€] pour un combat », dit Arseny Milov.

L’argent venu des combats au sein des ligues est le revenu principal des combattants.

« Les gens viennent ici pour obtenir des abonnés sur les réseaux sociaux et pour devenir des célébrités sur Instagram, YouTube ou TikTok. C’est tout », explique-t-il

Anciennes célébrités de l’UFC et de la boxe

Artem Lobov

Néanmoins, il existe de sérieux spectacles et organisations à grand budget dans l’industrie de la pop-MMA.

Par exemple, l’américain Bare Knuckle Fighting Championship (BKFC) est apparu en 2018 et a déjà attiré des anciens combattants hommes et femmes de l’UFC (Ultimate Fighting Championship). Comme Artem Lobov, un Irlandais d’origine russe faisant partie de l’équipe de Conor McGregor, Paige Vanzant, une attractive combattante blonde, qui a 2,8 millions d’abonnés sur Instagram, et Rachael Ostovich, une autre ancienne combattante UFC avec 756 000 abonnés sur Instagram.

Selon Lobov, dans le BKFC, il gagne entre 181 686 et 242 248€ par combat, ce qui est beaucoup plus que ce que l’UFC lui a rapporté.

La somme d’argent que Paige Vanzant et Rachael Ostovitch gagneront à leur prochain combat sera dévoilée avant leur combat du 23 juillet.

Floyd Mayweather vs Logan Paul

À leurs côtés, un boxeur №1 P4P des 25 dernières années, Floyd Money Mayweather. Il a affronté une star de YouTube, Logan Paul, dans un combat de boxe d'exhibition et espère tirer 82,4 millions d’euros du spectacle, son face-à-face rapportant presque autant d'argent une fois les paiements à la séance comptabilisés.

Le Pop-MMA est l'une des industries sportives qui se développe le plus rapidement de nos jours. Il y a quelques années, il était considéré comme une moquerie par rapport aux combats professionnels et maintenant il est devenu une industrie de plusieurs millions de dollars avec le potentiel d'atteindre les sommets commerciaux de l'UFC, Showtime et d'autres entreprises de sport professionnel. « Nous verrons dans cinq à dix ans », a déclaré Arkady Meltzer, un manager de combattants de pop-MMA.

Dans cet autre article, nous vous dressions le portrait de Khamzat Chimaev, nouvelle star russe de l'UFC.

 

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