Quand le Manneken-Pis revêt un uniforme de la Garde impériale russe

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MARIA TCHOBANOV
Pour sa fête nationale, la Russie a offert le costume d'officier de la Garde impériale au gamin le plus célèbre de toute l’Europe – le Manneken-Pis, le symbole du folklore bruxellois et l’attraction incontournable de la capitale belge.

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La cérémonie de la remise aux autorités de la ville par l’ambassadeur de Russie en Belgique Alexander Tokovinin de la 1 059e tenue confectionnée pour le Manneken-Pis, imitant l'uniforme du garde russe du régiment Préobrajensky, s’est déroulée le 12 juin 2021 dans la cour de la Maison patricienne, en présence des membres de l’Ordre des amis de Manneken-Pis, l’association, dont le but est de défendre et promouvoir ce fameux pisseur à travers le monde.

« Ce costume est une image stylisée, projetée dans l’histoire, d'un militaire russe. Dans notre tradition nationale, l'image d'un militaire, d'un soldat, ne reflète pas uniquement la volonté de se sacrifier et de défendre la Patrie, mais aussi les qualités les plus remarquables de notre peuple – l’ingéniosité, le constant optimisme, la volonté de surmonter toutes les difficultés et la capacité de se réjouir de la vie », a commenté l’ambassadeur.

La tradition d’offrir des habits à la statue-fontaine remonte au moins au XVIIe siècle. Les autorités bruxelloises ou les gouverneurs généraux offraient alors des costumes pour des festivités particulières, environ quatre fois par an. Aujourd’hui, la collection s’enrichit annuellement de 20 à 30 nouveaux costumes. Les représentants des États et des villes du monde entier, les associations professionnelles, sportives, folkloriques et d’autres donateurs se précipitent pour afficher leurs couleurs ou traditions et s’offrir une visibilité l’espace de quelques heures à travers ces costumes, faites sur mesure. Sans avoir des mensurations impressionnantes, ce petit garçon en bronze s’est ainsi retrouvé parmi les mannequins les plus prisées.

Le costume stylisé d'officier de la Garde impériale de l'époque de Pierre le Grand, composé d’une camisole verte avec des poignets rouges, une culotte, des bottes et un bicorne, est déjà la cinquième tenue venant de Russie. La toute première a été offerte par le Conseil municipal de Moscou en 1958 et portait les traits des vêtements folkloriques traditionnels. En 1975, l’association Belgique-URSS pour l’amitié et la coopération a offert un costume traditionnel de la région d’Abakan lors d’une tournée en Belgique d’un groupe sibérien. Le Manneken-Pis a eu droit à encore un autre habillement folklorique russe à l’occasion de la venue à Bruxelles de Naïna et Boris Eltsine. Enfin, à l’initiative de l’astronaute belge Frank De Winne, de retour d’une mission à bord de la Station spatiale internationale, la garde-robe de Manneken-Pis s’est enrichie en 2003 du scaphandre d’un cosmonaute.

Tradition vieille de plusieurs siècles

Cette tradition d’habillage est unique au monde. Une fois présentés au public, les nouveaux ensembles retrouvent leur place dans la collection du musée Garderobe MannekenPis, qui se situe à quelques pas de la statue au centre historique de Bruxelles, à proximité de la Grand-Place.

Dans les vitrines du musée on retrouve 160 des plus beaux et emblématiques exemplaires. Certaines pièces de cette garde-robe riche de plus de 1 000 tenues, sont revêtues plus au moins régulièrement à l’occasion de différents événements thématiques. Ainsi, le Manneken-Pis est habillé presque la moitié de l’année. Il a même le privilège d’avoir un habilleur officiel pour lui tout seul, dont le premier connu fut nommé en 1756.  

Depuis sept ans, cette mission est confiée à Nicolas Edelman. Il est le treizième habilleur officiel du Manneken-Pis. Employé au service de la culture de la ville de Bruxelles, il procède à l'habillage et au déshabillage de la statue, gère son agenda et assure les animations folkloriques.

« En temps normal je réalise 160 habillages par an, avec la Covid-19le chiffre n’a pas dépassé 80. Beaucoup d’événements ont été annulés, surtout ceux accompagnés traditionnellement par la musique et la consommation de bière par le public. Or, offrir un costume sans spectateurs et sans la fête qui l’accompagne est un peu triste », constate Nicolas.

Habiller le Manneken-Pis n’est pas aussi simple qu’il pourrait y paraître. Ses pieds et ses mains sont fixés à la statue, ce qui nécessite le respect absolu du patron, créé spécialement pour la confection des toilettes de ce garçon avec des mensurations qui ne sont pas classiques. En plus, pour qu’il puisse assurer sa mission principale, il faut prévoir le trou nécessaire pour le tuyau d’arrivée d’eau.

L’organisme désirant offrir un nouveau costume, doit adresser une demande officielle au Collège des Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruxelles. Elle est alors examinée par une commission composée de représentants de la Ville et de membres des Amis de l’Ordre de Manneken-Pis. Le plus célèbre des Bruxellois n’est pas snob : il a déjà enfilé les oreilles de Mickey, le pantalon d’Obélix, les défroques de clochards, la barbe du Père Noël, toutes sortes d’uniformes et des costumes en prévenances de plusieurs dizaines des pays. Il a l’esprit très ouvert, mais ses tenues ne peuvent avoir un caractère publicitaire, commercial, politique ou religieux.

Dans cet autre article, nous vous expliquions comment la statue d’une Romanov s’est retrouvée sur la façade de l’abbaye de Westminster.