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Il y a beaucoup de stéréotypes sur les pères chez les Russes et les Américains. Le plus évident est l'attachement aux mauvaises blagues. Par exemple : « Deux pères américains montent un âne en ville. Ils s'arrêtent, attachent l’animal et entrent dans un bar. L'un se tourne vers l'autre et dit : "Aïe ! Ça fait mal. Je crois que j'ai une commotion cérébrale", alors l'autre dit : "Non, tu n'en as pas. C'est dans ta tête !". Dehors, dans la rue, un père russe qui avait bu toute la journée s'approche de l'âne. Il se met à pleurer, attrape la tête du bourricot et dit : "Oh, pauvre lapin ! Regarde ce que les communistes t'ont fait !" ».
Oui, spoiler, selon Internet, l'humour du père russe est bien plus spirituel. Mais je voulais avoir une meilleure idée de ce que les Russes moyens pensent quand j'évoque ce que je considère comme « l'humour de papa ». En effectuant quelques recherches, j'ai découvert que ce que les Américains appellent les « dad Jokes » ne sont pas réservés aux pères en Russie. Les blagues de papas sont des mauvaises blagues banales, des jeux de mots médiocres et même des calembours encore plus nuls qui ne sont pas drôles du tout. Mais ils restent tout de même hilarants dans leur nullité. Voici quelques exemples de blagues de pères :
« Pourquoi les crabes ne font-ils pas dans la charité ? Car ce sont des pinces. »
« Comment appelle-t-on un chien capable de faire de la magie ? Un Labracadabrador (un Magichien marche aussi). »
« La police arrête une bouteille d’eau, car elle était recherchée dans trois états différents : solide, liquide, et gazeux. »
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Blagues soviétiques de l'officier des renseignements Stierlitz
Si vous êtes Russe, vous reconnaîtrez peut-être ce genre de plaisanteries comme étant des « blagues de Stierlitz ». Lorsque j'ai demandé des informations sur les blagues de père russes, Nadia de Saint-Pétersbourg m'a répondu que ces histoires amusantes ont plus tendance à être des rimes ou de l'humour scabreux. En réalité, les mauvais jeux de mots ont été rendus populaires en Russie grâce à une émission de l'ère soviétique sur un officier des renseignements travaillant incognito au sein du Troisième Reich dans l'Allemagne nazie, intitulée « Dix-sept moments du printemps ». En voici un exemple : « De nos jours, vous ne pouvez plus croire personne, même vous-même, croyez-moi ».
Cependant, plus je lisais les blagues de cette émission, plus je voyais qu'elles étaient bien plus intellectuelles que celles de notre père américain typique. Par exemple, le Moscow Times a diffusé ce joyau : « "Combien font deux fois deux ?", demande Mueller. Stierlitz réfléchit un instant. Bien sûr, il sait combien valent deux fois deux, puisqu'il vient d'être informé par un message du Centre, mais il ne sait pas si Mueller le sait ». Vraiment, c’est d’un autre niveau.
Cependant, Stierlitz est aussi un père : « On a dit à Stierlitz qu'en Russie, il avait un fils. Une seule larme virile est tombée de ses yeux. Stierlitz n'était pas rentré chez lui depuis sept ans ».
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Il n'existe pas de « dad jokes » en Russie
Clementine, une autre lectrice, en a dit un peu plus sur le thème des pères russes. Tout d'abord, elle a clarifié ma terminologie : « Il n'existe pas d'expression telle que "blagues de pères" en russe. Ce que nous avons là ressemble à "borodaty anekdot", c’est à dire "blague barbue" et correspond surtout aux grands-pères ».
Mais elle a ensuite poursuivi sur le thème des pères russes : « Mais, bien sûr, nous avons d'autres stéréotypes sur nos pères russes. Par exemple, on pense qu'un père russe typique est une pomme de terre costaude qui boit de la bière (ou de la vodka, bien sûr), allongée sur son vieux canapé et qui regarde quelques chaînes de télévision trash. Et, bien sûr, il travaille à l'usine, a des vues très conservatrices, n'aime pas sa femme et ne connaît pas l'âge de ses enfants ».
« Le plus ennuyeux dans le stéréotype du père russe est qu'il veut que son fils soit "un vrai homme" (la même patate de canapé que lui). S'il a une fille, il ne s'en occupe pas du tout jusqu'à ce qu'elle ait un petit ami – dans ce cas, il fait tout pour les faire se séparer ».
Je n'ai encore fait l'expérience de ce stéréotype avec aucun des pères russes que j'ai rencontrés. Heureusement, Clementine a ajouté : « Mon propre père est complètement différent, et j'en suis heureuse ».
Humour de père russe contre humour de père américain
Cela m'a fait réfléchir aux stéréotypes des pères américains : mauvais vêtements, hot-dogs trop cuits, sport et mauvaises blagues. Si je suis honnête, un père russe qui essaie de séparer sa fille (dont il ne se souvient pas de l'âge) de son petit ami est une image beaucoup plus drôle.
Ce qui est étrange, c'est que lorsque j'ai interrogé les Russes et les Américains sur les stéréotypes ou les blagues de pères, environ 75% des gens ont commencé à me parler du leur. La plupart me disent que leur père était grossier, impoli, drôle, colérique, négligent, abusif, gentil, aimant, fou, etc. Il semblait que peu importe le pays d'où venaient ces personnes, les gens formulaient cela ainsi : « C'est le stéréotype, mais mon père est comme ça… ».
Ainsi, de manière stéréotypée, un père russe soignant une gueule de bois et essayant de faire rompre sa fille (dont il ne se souvient pas de l'âge) avec son petit ami est plus drôle qu'un père américain obsédé par le sport et la bière. Cependant, d'après mon expérience avec les pères russes et américains que j'ai rencontrés, ils se conforment rarement à ces stéréotypes. Les deux peuvent être merveilleux ou profondément imparfaits et oui, les deux ont tendance à avoir un sens de l'humour très dépassé que, comme l'a fait remarquer mon ami Nikita, « ils semblent apprécier pour une raison mystérieuse ».
Dans cet autre article, nous vous expliquions de quoi se moquent les Russes.