Qu’est-ce que les gazyris, cet attribut incontournable des costumes du Caucase?

Lifestyle
ALEXANDRA GOUZEVA
Ces petites poches spéciales sur la poitrine étaient un élément distinctif du costume national de nombreux peuples du Caucase, ainsi que des cosaques. Qu'y gardaient-ils?

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À l'époque soviétique, dans la culture de masse, ces petites poches étaient associées aux costumes nationaux caucasiens, qui étaient cependant très rarement portés, et à... Balbes, un personnage de la comédie culte La Prisonnière du Caucase. Dans ce film, l’on trouve en effet un épisode dans lequel les héros revêtent des costumes pseudo-caucasiens, et Balbes, interprété par l'acteur Iouri Nikouline, garde des cigarettes et un briquet dans ces poches de poitrine.

En réalité, cet élément du costume est appelé « gazyris ». De nombreux peuples du Caucase – Géorgiens, Tchétchènes, Ossètes, Kabardes, Adyguéens, … – les cousaient sur leur poitrine. La première fois que les Russes ont vu un tel costume, il était porté par des Tcherkesses, c'est pourquoi, historiquement, un caftan avec de telles petites poches a été appelé « tcherkeska » en russe.

Les gazyris sont apparus sur les tcherkeskas au XVIIIe siècle, avec l'avènement des armes à feu. Dans ces petites poches cylindriques de tissu ou de cuir, l’on plaçait les balles et la bonne quantité de poudre pour celles-ci. En fait, c'était une cartouche. Cet accessoire empêchait la poudre à canon de se mouiller.

Dans les « compartiments » les plus proches des aisselles étaient stockés des éclats de bois servant à enflammer le projectile, et plus tard y a été entreposé un dispositif spécial – une capsule d’amorçage. Il pouvait y avoir de 4 à 18 gazyris de chaque côté. Par ailleurs, au début, ils n'étaient pas fixés sur la poitrine, il s’agissait d’un accessoire en bandoulière, qui était suspendu à l'épaule ou attaché à la taille.

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Beaucoup de Caucasiens se battaient à cheval, et la principale caractéristique fonctionnelle des gazyris était donc qu'ils permettaient de charger l'arme directement en pleine course.

Au XIXe siècle, l'Empire russe a commencé à conquérir les territoires du Caucase et les troupes de cosaques à cheval ont adopté de nombreux éléments de l'habillement caucasien – coiffe « papakha », cape « bourka », sabre courbé, ainsi que la tcherkeska avec gazyris.

Les gazyris avec bandoulière en argent étaient considérés comme un luxe particulier. En outre, Nicolas II aimait aussi se montrer en tcherkeska avec gazyris, mais dans son costume, ce n'était qu'un détail décoratif.

Le cosaque et propriétaire de gazyris le plus célèbre (après Balbes) était le baron Wrangel, général de l'armée tsariste, puis l'un des dirigeants du mouvement blanc anti-bolchévique, dans lequel les cosaques ont joué un rôle non négligeable. L'uniforme militaire quotidien de Wrangel était un caftan noir avec gazyris. Pour cette tenue spécifique, il a même été surnommé « le baron noir ». Il possédait également un uniforme de parade blanc, lui aussi doté de gazyris.

Les cosaques sont par la suite entrés au service des autorités soviétiques, et ces dernières ont respecté cette tenue traditionnelle. Lors du défilé de la Victoire en 1945, la poitrine des cosaques était ornée tant de médailles que de gazyris.

Aujourd'hui, les tcherkeska avec gazyris peuvent souvent être aperçues sur des danseurs folkloriques.

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