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Sergueï Trofimov, 36 ans, employé de l'Institut de biologie des mers du Sud, originaire de Sébastopol (Crimée)
Avec ma copine, nous avons acheté des billets pour le Maroc en janvier 2020. À l’époque, il n’y avait pas de panique particulière à cause du coronavirus, et nous avons tranquillement pris l'avion le 6 mars de Sébastopol à Moscou, et de là pour le Maroc. Nous devions rentrer le 17 mars avec un changement à Amsterdam.
Nous avons visité Marrakech, fait une excursion dans le désert, tout s'est bien passé. Mais ensuite nous sommes arrivés à Fès - et là, nous avons appris que tous les vols internationaux au départ du Maroc étaient annulés. J'ai immédiatement essayé de trouver des billets alternatifs, beaucoup de nos compatriotes ont fait de même, mais en vain.
J'ai ensuite contacté la compagnie aérienne qui devait nous emmener à Amsterdam. C’était compliqué, car elle a longtemps ignoré les appels et les messages. En fin de compte, on nous a dit que notre vol aurait lieu comme prévu, alors nous avons calmement continué le voyage avant de nous diriger vers Casablanca.
La ville entière était déjà confinée à ce moment-là. La veille du départ, le 16 mars, nous avons reçu un message concernant l'annulation du vol pour Amsterdam. Nous étions très inquiets et avons commencé à attendre l'évacuation ; le matin, nous avons ouvert le site internet de l'aéroport et avons découvert que notre avion volait toujours vers Amsterdam. Nous nous sommes immédiatement précipités à l'aéroport. Les gens se sont calmement enregistrés pour le vol, ils ont donné leurs bagages, mais on ne nous a pas laissés embarquer dans l'avion - il y avait une sorte d'erreur dans le système, et nos noms n'apparaissaient tout simplement pas sur les listes de départ.
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J'ai été particulièrement amusé par la réponse du représentant du consulat russe au Maroc : « Lorsque tous les hôtels seront fermés et que vous n'aurez nulle part où vivre, nous résoudrons votre problème ».
Nous vivons dans un hôtel 4 étoiles à Casablanca, nous renouvelons notre réservation tous les jours. Nous achetons des fruits et légumes dans les magasins qui fonctionnent encore, nous passons toutes la journée à l'hôtel. Cependant, à part moi, il y a des Russes dans la ville qui ne peuvent pas payer 50-80 $ par nuit pour une nuit d’hôtel. Le problème, c’est que les hôtels bon marché sont fermés depuis longtemps. Heureusement, les Marocains proposent d’héberger des Russes chez eux, parfois ils font le taxi pour les touristes.
La situation est exacerbée par la dévaluation du rouble. Chaque jour, rester à l'étranger coûte de plus en plus cher aux Russes. Jusqu'à présent, j'ai de l'argent, mais si le rouble continue de dégringoler, je ne sais pas ce que je ferai ensuite.
Alissa, 36 ans, employée de bureau, originaire de Samara (853 km de Moscou)
L'année dernière, mon mari et moi avons passé l'hiver au Monténégro - nous avons vraiment aimé, alors cette année, nous avons décidé de faire de même. Depuis décembre, mon mari et notre chat, Ioustasse, vivions à Budva, une station balnéaire monténégrine, et nous prévoyions de retourner en Russie fin mars-début avril.
Il y a quelques jours, les premiers cas de coronavirus ont été découverts au Monténégro. De ce fait, nous avons décidé de changer le billet de retour du 10 avril au 21 mars.
Dans la matinée du 18 mars, la compagnie aérienne S7 m'appelée pour me dire que je pouvais voler aujourd'hui le jour même avec le dernier avion à destination de Moscou. J'ai accepté avec plaisir, mais l'entreprise, sans explication, a refusé de prendre mon chat dans l’avion. C'était étrange, car le billet pour celui-ci avait été payé et confirmé ; en outre, le chat est dans une cage et ne présente aucun danger.
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Indignée, je suis immédiatement allée à l'aéroport de Podgorica. Il s'avère que je n'étais tout simplement pas sur les listes d'embarquement pour Moscou. Le représentant du consulat a proposé d'attendre que les personnes sur la liste soient envoyées à Moscou avant de « s’occuper de tout le monde ». L'avion s'est envolé sans nous.
Plus tard, nous avons été informés que le prochain vol S7 vers Moscou aurait lieu le 21 mars. Nous devrons probablement retourner à Budva - les gens sont dans la rue et il n’y a pas de problème de nourriture. Cependant, nous allons bientôt manquer d'argent, d'ailleurs, le délai de location de notre appartement expirera bientôt. Si nous ne pouvons pas nous envoler le 21, nous réfléchirons à la marche à suivre. Il se peut qu'on reste ici jusqu'à ce que tout se calme. J'espère que cela arrivera bientôt.
Philippe, 41 ans, soudeur, originaire de Tioumen (1 710 km de Moscou)
J'ai longtemps voulu aller seul dans un endroit calme, loin de l'agitation. Mon choix s'est porté sur l'île de Panglao aux Philippines. Après avoir économisé de l'argent, j'ai acheté des billets, loué une chambre pendant un mois et le 16 février j'ai fait le voyage en solitaire. La seule chose que je savais sur le coronavirus était qu'il était en Chine, rien de plus.
Je devais rentrer chez moi le 1er avril, mais j'ai reçu un mail indiquant que le vol était annulé. Il n'a pas été possible de me faire rembourser l'argent pour le billet annulé - la compagnie aérienne ne répond tout simplement pas aux messages et aux appels. L'île s’est retrouvée en quarantaine. Il est impossible de se rendre à l'aéroport en ferry.
Tout semble calme jusqu'à ce que vous constatiez que tous les établissements sont fermés en raison du coronavirus. Un couvre-feu a également été instauré. Le soir, la police patrouille partout, et mieux vaut ne pas tomber nez-à-nez avec elle.
Maintenant, toutes les rues sont vides, il n’y a pas âme qui vive. Il est également possible que toutes les maisons soient privées d’électricité prochainement. Des messages apparaissent constamment sur le téléphone indiquant que la distance entre les personnes doit être d'au moins un mètre, que vous ne pouvez pas caresser et nourrir des animaux sans abri.
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Il y a plusieurs épiceries, mais elles ne fonctionnent pas tous les jours. Il y a quelques distributeurs automatiques de billets, mais les commissions sont trop élevées. Jusqu'à présent, j'ai quelques milliers de pesos (86,27 $), donc j’économise autant que je peux. Parce que, si je comprends bien, on ne pourra pas sortir d'ici avant un mois. Ces derniers jours, j'ai bu exclusivement de l'eau et le soir, je prends une collation légère à base de fruits. J'essaie de dormir le plus longtemps possible pour que le temps passe plus vite. Panglao a prolongé le confinement jusqu'au 12 avril au moins.
Je comprends que je me suis rendu au bout du monde par ma propre volonté que je devrai m’en sortir par moi-même. J'ai des bras, des jambes, je trouverai bien quelque chose, je chercherai des options pour m’en sortir. Et on verra comment ça se passe.
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