Sept phrases de Vladimir Poutine qui ont choqué ses auditeurs et embarrassé ses traducteurs

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NIKOLAÏ CHEVTCHENKO
Au cours de ses années au pouvoir, Vladimir Poutine est devenu célèbre, entre autres, pour ses petites phrases mordantes, drôles et parfois osées. Certaines déclarations du président ont laissé les traducteurs perplexes et ont surpris ses auditeurs. Voici les plus mémorables.

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«Nous ne savons pas nous tenir les jambes écartées»

En 2009, le président américain Barack Obama, évoquant l'avenir des relations russo-américaines, a déclaré que Vladimir Poutine, alors Premier ministre, avait « un pied dans la vieille manière de conduire les affaires, et un pied dans la nouvelle ».

Poutine lui a répondu avec des mots difficiles à traduire : « Nous ne savons pas nous tenir les jambes écartées, nous nous tenons fermement debout et regardons droit vers l'avenir ».

Vladimir Poutine a utilisé cette drôle d’expression « в раскорячку » (« v raskoriatchkou ») comme métaphore pour affirmer que les Russes savaient exactement où ils allaient et ne doutaient pas de leur choix. L’expression russe a été alors traduite par la presse francophone comme « nous ne savons pas faire le grand écart ».

« J'étais traducteur débutant. J'ai regardé le reportage à la télévision et j'ai pensé, Dieu merci que je n'ai pas eu à le traduire », a déclaré dans une récente interview Alexeï Sadykov, conseiller du service de soutien linguistique et stylistique du ministère russe des Affaires étrangères, qui a traduit les entretiens de Poutine.

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«Le Donbass ne conduit pas à vide»

En 2019, lors d'une conférence de presse annuelle à Moscou, le président Poutine a expliqué sa vision des accords de Minsk (sur le règlement ukrainien, ndlr) en prononçant une phrase tirée, selon ses propres termes, d'un lexique de « hooligans, de bagarreurs » : « Донбасс порожняк не гонит » (« Donbass porojniak ne gonit »). Beaucoup ne l’ont pas comprise.

« [Cette phrase] a ensuite été activement discutée dans la communauté de la traduction pendant très longtemps. [Les traducteurs se sont mis d'accord sur la signification] "Le Donbass ne dit pas de bêtises" », a déclaré Natalia Krassavina, troisième secrétaire du Département du soutien linguistique du ministère russe des Affaires étrangères. Traduisons-la donc, comme : « Le Donbass ne conduit pas à vide ».

«A et B étaient assis sur un tuyau»

En 2005, Poutine s’est rendu en Allemagne pour une visite officielle. Lors de l'une des réunions, le président russe a commencé à expliquer à ses collègues allemands le prix du gaz russe exporté vers l'Allemagne. Emporté par son discours, il a même – pour plus de clarté – fait une analogie avec une devinette pour enfants bien répandue dans les pays de l’URSS : « A et B étaient assis sur un tuyau ». Toutefois, loin d’entraîner les traducteurs dans une impasse, il est lui-même passé à l'allemand :

Ceux qui connaissent le sens de cette devinette peuvent supposer que Vladimir Poutine voulait ainsi montrer au public qu'entre la Russie et l'Allemagne, il y avait d'autres pays que Berlin risquait d’oublier, bien évidemment dans un contexte gazier.

Il semble que tous les auditeurs n'ont pas compris le sens d'une telle analogie…

«Tabasser au coin de la rue»

En 2012, dans une conversation entre Poutine et des supporters de football, le sujet de l’Examen d'État unifié (EGE), que les étudiants passent pour être admis à l'université, a refait surface.

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Répondant aux critiques contre l’EGE, Poutine a souligné qu'à ce moment-là, le frère du ministre de l'Éducation était à côté de lui. « Vous pouvez le tabasser au coin de la rue pour qu’il passe le bonjour à son frère », a plaisanté le président.

Le sens du mot rare utilisé par le président, « отбуцкать » (« otboutskat’ »), signifie « battre » ou « tabasser ». Certaines personnes ont ensuite cherché le terme sur Internet. Le mot est plutôt humoristique, vous pouvez donc essayer de le caser dans une conversation avec vos amis.

«Réprimer comme il se doit»

Au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le modérateur a interrogé Poutine sur les sanctions. C'est alors que le président a placé dans sa réponse le mot argotique « уконтропупить » (« oukontropoupit’ ») :

« Jusqu'à présent, toutes les sanctions ont consisté à choisir dans mon environnement personnel des personnes proches de moi, mes amis et, comme on dit dans les cercles de l'intelligentsia, de les réprimer comme il se doit, c'est-à-dire, de les punir pour une raison incompréhensible ».

« Уконтропупить », utilisé par Poutine, signifie « restreindre, réprimer, faire cesser l’activité ou détruire quelqu'un ». Ce mot est rarement utilisé aujourd'hui, et, dans la bouche du président, il semblait encore plus inhabituel.

«N’importe quelle vache meuglerait, mais la tienne devrait se taire»

En 2010, Poutine a participé à la commission russo-française sur la coopération bilatérale au niveau des chefs de gouvernement en tant que premier ministre russe. La conversation avec les journalistes a dévié sur le site WikiLeaks et la démocratie, lorsque Poutine a dégainé un dicton simple, mais efficace, que l’on attendrait plutôt d'un écolier, et non du chef du gouvernement :

« Concernant la démocratie. S’il y a de la démocratie, alors qu’elle soit complète. Pourquoi M. Assange est-il allé en prison ? C'est ça, la démocratie ? Alors, vous savez, dans les villages, on dit ceci : N’importe quelle vache meuglerait, mais la tienne devrait se taire. Je veux donc renvoyer le palet (référence au hockey, ndlr) à nos collègues américains ».

Ce proverbe humoristique sur une vache peut être utilisé lorsque l'interlocuteur vous accuse de quelque chose mais qu’il a lui-même des choses à se reprocher.

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 «Buter dans les chiottes»

Peut-être que la phrase la plus mémorable de Vladimir Poutine remonte à 1999, quand il était premier ministre. Interrogé par des journalistes sur la lutte contre le terrorisme, il a lancé la phrase suivante, qui est immédiatement devenue populaire : « Nous poursuivrons les terroristes partout (…). Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes ».

L'expression « buter dans les chiottes », dans le sens de « descendre » ou « abattre », est devenue célèbre dans toute la Russie. Elle traduit des intentions inébranlables et l'irréversibilité des décisions.

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