«Bonjour, la Russie!»: une patrie méconnue à travers le regard de Français d’origine russe

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DARIA GRIDIAÏEVA
Certains d’entre eux ont découvert leur pays dès leur plus jeune âge, tandis que d'autres l'ont connu plus tard, à un âge conscient. Des adolescents, enfants d'immigrés russes vivant en France, ont expliqué au journaliste de Russia Beyond leurs liens avec ce pays et partagé leurs impressions après un récent voyage à Moscou.

Grand et blond, Ivan Iaroslavski, 15 ans, partage volontiers ses impressions sur les rues de Moscou et l'architecture de ses églises, y intercalant des histoires sur le mode de vie de la Russie et l'essence du caractère national russe.

Le jeune homme est né en Russie mais, à l'âge de 2 ans, a déménagé avec ses parents pour s'installer en permanence en France. Étant loin de sa patrie historique, il essaie de ne pas perdre le contact avec elle – il communique avec ses compatriotes, étudie au Lycée international de Saint-Germain en section russe et lit des œuvres classiques russes. « Pouchkine, Tourgueniev, Maïakovski, Lermontov, Gogol, sont mes préférés, dit Ivan. Il est remarquable de voir à quel point un pays comme la Russie peut faire naître des auteurs ouverts, cultivés et pleins de verve et de pénétrance intellectuelle ».

C'est l'intérêt pour la culture et l'histoire russes qui a incité Ivan à participer au programme « Bonjour, la Russie ! », dans le cadre duquel des enfants âgés de 14 à 19 ans issus de familles russophones vivant à l'étranger se rendent dans leur pays d’origine pour un voyage éducatif d’une semaine. Pour ce faire, le garçon a traversé plusieurs étapes de sélection, au cours desquelles il a notamment fallu envoyer une vidéo de présentation au Centre russe pour la science et la culture de Paris (représentation en France de l’Agence chargée du rayonnement culturel et scientifique de la Russie à l'étranger, Rossotroudnitchestvo).

Malgré le fait qu’Ivan rende régulièrement visite à de la famille à Saint-Pétersbourg, le « Français russe » découvrait pour la première fois la capitale russe, qui l’a fortement impressionné. « Le centre historique (le Kremlin mais aussi quelques quartiers alentour) était façonné d’une architecture majestueuse et la propreté des rues et des églises m’a coupé le souffle, partage-t-il avec nous en français, ajoutant qu’il a été frappé par la cathédrale Saint-Basile sur la place Rouge. Les peintures murales des galeries étaient splendides, la petite hauteur des galeries m’a beaucoup surpris », confie-t-il.

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Néanmoins, malgré des origines russes, le choc culturel fut inévitable. « En France, il n’existe pas de "vêtements pour la maison", j’aime marcher dans mon appartement en peignoir. Ce n’est pas accepté ici et on m’a demandé de me changer », raconte-t-il en riant. Autre surprise pour l'adolescent : se voir interdire de traverser la rue hors des passages piétons sous la menace d'une amende administrative, et le fait que la police vérifie souvent les documents dans la rue.

« De manière générale, je peux dire que la Russie me plaît, résume l'adolescent. Les gens de mon âge y sont très agréables et les moyens sont mis pour attirer les étrangers ». Il admet qu’il ne serait pas contre l’idée d’étudier en Russie et qu’étant donné la profession qu’il prévoit d’exercer, il est possible qu’il soit amené à travailler en Russie.

Patrimoine culturel

Contrairement à Ivan, un autre participant du programme « Bonjour, la Russie ! », Oleg Dronnikov, ne voudrait pas associer son destin à la Russie, mais serait prêt à venir dans le pays en tant qu'invité ou touriste. Le garçon est né dans une famille russophone en France et s'est rendu à Moscou en août pour « en apprendre davantage sur le pays et rencontrer de nouveaux amis du monde entier ». Oleg admet qu'il apprécie l'esthétique des villes russes, qui sont différentes des villes françaises, et que son passe-temps favori le rapproche du pays : « Je suis musicien et les compositeurs russes m'inspirent quand j'écris ma musique », a-t-il déclaré.

La culture sert de pont entre Alexandre Kralzhek, né dans le sud de la France, et la patrie de ses ancêtres. Malgré le fait que le jeune homme étudie à l’école d’enseignement complémentaire auprès de l’association russe depuis l’âge de trois ans, il est allé pour la première fois dans ce pays à seulement 10 ans et a été profondément frappé par la nature. À 14 ans, Alexandre s'intéresse à l'histoire de la Russie, en particulier aux événements de la Révolution russe de 1917 et de la Grande Guerre patriotique, ainsi qu'au théâtre. « Chaque année, j'assiste avec mes parents à un festival russe à Marseille, où nous assistons à des représentations de troupes russes », dit-il.

Pour les autres participants au programme de Rossotroudnitchestvo, tels qu’Ouliana, le point de repère culturel principal est l'art. Ayant vécu huit ans en Allemagne, Ouliana étudie maintenant dans le même lycée qu’Ivan, non pas en russe, mais dans la section allemande. Néanmoins, la jeune fille considère Isaac Levitan comme son artiste préféré et s’inspire également de l’image de Catherine la Grande, qui, selon elle, « était une personne d’une force inhabituelle ». « J’aime beaucoup la Russie pour sa culture et son histoire riches, mais je ne voudrais pas vivre ici », indique-t-elle.

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Un pays qu’il vaut la peine de visiter

Les jeunes gens sont convaincus que voyager en Russie en vaut la peine et conseillent activement à ceux qui hésitent encore d'acheter leurs billets. « La Russie est tellement énorme et intéressante, dit Alexandre avec admiration. Tout d’abord, bien sûr, cela vaut la peine de visiter Moscou - le métro de Moscou, la place Rouge, la Galerie Tretiakov ».

La capitale du Nord occupe une place particulière dans le cœur d’Ivan et d’Ouliana. « Je conseillerais à mes amis d'aller à Saint-Pétersbourg, car c'est une ville incroyablement belle avec une atmosphère merveilleuse », déclare l’adolescente. Selon Ivan, la capitale culturelle de la Russie est capable d’impressionner même les plus difficiles avec ses musées, dont le célèbre Ermitage, qui possède les collections parmi les plus riches d’Europe et du monde. « Il est presque inacceptable de se rendre à Pétersbourg sans y passer, dit le garçon. Aussi je conseille fortement les nombreux théâtres pétersbourgeois, et plus particulièrement le Théâtre impérial d’Alexandre et le théâtre Mariinsky, où se réunissent les plus grands danseurs et musiciens pour proposer le meilleur de ce qui se fait en terme de ballet », a-t-il confié à Russia Beyond.

Les jeunes gens conviennent qu’il vaut également la peine de prêter attention à la province russe. Selon Ouliana, une visite dans l'une des anciennes villes de l'Anneau d'or est un must pour tout voyageur passionné par la Russie.

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