L'année dernière, Kirill Serebrennikov, cinéaste et metteur en scène qui dirigeait le Gogol Center, l’un des théâtres avant-gardistes les plus populaires de Moscou, a été placé en résidence surveillée. Les procureurs l'accusent d'avoir organisé une fraude impliquant des subventions d’État. Serebrennikov a donc passé toute l'année 2018 confiné dans son appartement, privé d'accès à Internet et ne communiquant principalement qu'avec son avocat.
Alors que les admirateurs et les ennemis de Serebrennikov se disputent au sujet de sa culpabilité éventuelle (le tribunal n’a pas encore rendu son verdict), le réalisateur continue à travailler. Bien qu’en résidence surveillée, il a terminé le montage d’Été, une comédie musicale illustrant les icônes du rock underground soviétique des années 1980 et comprenant des chansons d'Iggy Pop et de Lou Reed. L’opus a remporté le prix de la meilleure bande son au Festival international du film de Cannes.
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En outre, le Gogol Center a présenté cinq nouvelles pièces de théâtre, y compris certaines sur lesquelles Serebrennikov a travaillé en personne alors qu’il était en résidence surveillée. Il n’est autorisé à sortir faire une promenade qu’à deux pâtés de maison de l’immeuble dans lequel il vit. Cela a inspiré la création d’un voyage audio où les participants empruntent le même itinéraire avec la voix de Serebrennikov dans leurs écouteurs. Il partage des histoires sur son quartier, leur permettant de ressentir les émotions d'un homme obligé de refaire le même trajet jour après jour.
Dans l’ensemble, Serebrennikov est resté l’une des figures culturelles les plus influentes et les plus prolifiques, malgré une année 2018 principalement passée entre quatre murs.
Le champion du « sport sanglant » - comme on surnomme les arts martiaux mixtes, ou UFC - Khabib Nurmagomedov, Russe originaire du Daghestan de 30 ans, est devenu en 2018 l'athlète russe le plus célèbre (au moins sur Instagram, où il compte plus d’abonnés que Sharapova ou Ovechkin). Bien sûr, tout cela a eu lieu après le grand combat de sa carrière et l’un des temps forts de l'histoire de l'UFC – le combat entre Khabib et l'Irlandais Conor MacGregor.
C'était un duel de rêve pour tous les amateurs d'arts martiaux. Il a été précédé par un conflit personnel avec insultes et attaque, une promotion puissante, des phrases prétentieuses (« Je veux lui briser le cœur, l'esprit. Je veux le vaincre dans tous les sens », disait Khabib) et une bagarre après le combat, qui a presque coûté son nouveau titre au Daghestanais. À l’actif de Nurmagomedov, 27 victoires et pas une seule défaite. Mais pour la première fois, le show UFC est devenu pour les Russes et de nombreuses personnes dans le monde plus qu'un spectacle limité à un petit cercle de fans.
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En Russie, la retransmission du combat sur la chaîne de télévision sportive Match TV a battu le record de la Coupe du monde organisée par la Russie. « Pouvais-je l’imaginer quand je vendais des tomates au village il y a 20 ans ? Bien sûr que non », a déclaré Khabib.
Malgré le comportement ambigu de l'athlète, Khabib a sans équivoque rendu l'UFC populaire en Russie, raison pour laquelle il a été inscrit sur notre liste.
Peut-être qu'aucun entraîneur n'a énervé le public autant que lui. On promettait à lui et son équipe l’échec et le déshonneur aux yeux du monde entier. Il ne se passait une semaine sans que quelqu'un exige publiquement : « Cherchesov – démission ». Lors des conférences de presse, Cherchesov se contenait de répondre avec parcimonie : « Nous suivons notre propre chemin. La tâche est de croire en nous ». Et l'entraîneur de 55 ans a réalisé l'impossible : avec lui, l'équipe de football nationale russe (auparavant classée tout en bas du classement de la FIFA) s'est qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde. Une première dans l'histoire.
« Dur », « scandaleux », « Homme de principes » - tels sont les épithètes qu’on lui attribue. Oui, Cherchesov ne ressemble pas à l'entraîneur standard avec un costume ajusté et une tablette entre les mains. Il n’a pas l’air d’un créateur de brillantes victoires - sa carrière d'entraîneur n'a pas été très impressionnante. Mais son histoire s’est avérée beaucoup plus spectaculaire : un homme qui a restitué au pays la confiance dans football et qui a fait un miracle alors que personne n’y croyait.
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En 2018, l’entrepreneur ayant créé la messagerie Telegram, qui compte à ce jour quelque 200 millions d’utilisateurs actifs, a prouvé qu’il était plus puissant que les organes de contrôle de l'État russe.
En effet, après que Telegram a refusé de remettre les clés de cryptage utilisées pour brouiller les messages, les régulateurs russes ont commandé son blocage. Alors, plus de 4 millions d’adresses IP ont été bloquées. Néanmoins, Telegram se serait servi des nuages d'Amazon et de Google pour contourner le blocage et, en conséquence, des milliers d'entreprises utilisant les mêmes services ont été touchées.
En 2017, la compagnie a également tenté de créer un ICO censé battre des records. Telegram, a toutefois annulé la vente publique après avoir recueilli 1,7 milliard de dollars de la part d'investisseurs privés.
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Tregoulova dirige depuis trois ans l'un des plus importants musées de Moscou, la Galerie Tretiakov, et poursuit sa modernisation. Le musée, autrefois obsolète et inerte, est en train de devenir un musée moderne et attrayant. Jusqu'à présent, ses efforts sont couronnés de succès.
En 2018, elle a présenté le projet longtemps attendu de modernisation du bâtiment de la Nouvelle galerie Tretiakov sur Krymsky Val, qui contient la plus grande collection d’art russe d’avant-garde. Le musée travaillera avec l’Office for Metropolitan Architecture (OMA) de Rem Koolhaas pour transformer l’établissement en un centre d'art de pointe. En novembre, Tregoulova a également inauguré au Vatican une exposition de peintures russes, qui permet à des milliers d'Européens de voir pour la première fois des dizaines de chefs-d'œuvre russes.
La cybersécurité est devenue un sujet phare de l’agenda mondial en 2018 après le scandale du piratage des données aux États-Unis et de nombreuses attaques contre des sociétés blockchain et des plateformes d'échange de cryptomonnaies.
Group-IB, cette start-up spécialisée dans la cybersécurité et basée à Moscou, n’a pas eu à attendre longtemps pour tirer son épingle du jeu. La société, fondée par Ilya Satchkov en 2003, alors étudiant de première année à l’Université technique Bauman, a transféré son siège mondial à Singapour dans le cadre de son expansion internationale.
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Groupe-IB a également été très actif dans le domaine du blockchain. En 2018, la société a mis au point un modèle de scoring permettant de hiérarchiser les échanges cryptographiques en fonction de leur niveau de sécurité.
Selon cette start-up, au moins 14 échanges cryptographiques ont été piratés depuis 2017, ce qui a entraîné des pertes évaluées à 882 millions de dollars.
En 2018, ce groupe de techno russe est devenu viral et a fait un carton sur YouTube. Leur vidéo SKIBIDI, avec sa danse complètement folle, le #skibidichallenge, a cumulé 77 millions de vues en un mois (au 26 novembre). Des milliers de personnes, y compris Ivan Urgant, l’animateur de l’émission la plus populaire du pays, ont déjà relevé le défi consistant à interpréter cette danse amusante.
Les autres vidéos, telles que Faradenza, qui décrit la beauté spécifique d’un sanatorium de style soviétique, ou Lollybomb, qui se moque de l’amour passionné de Kim Jong-un pour les armes nucléaires, se rapprochent des 40 millions de vues.
Il semble que les rêves deviennent réalité pour Ilya « Ilitch » Proussikine, fondateur de Little Big, qui a déclaré en 2016 : « J'ai un rêve. Je veux qu'un groupe russe devienne mondial. Et je suis heureux que nous soyons ici pour prouver aux gens qui disent qu’il est impossible de devenir populaire à l’étranger qu’ils se trompent ».
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Bien sûr, « le Die Antwoord russe », comme on a surnommé Little Big après qu’ils ont fait l’ouverture du concert du vrai Die Antwoord, évoquent surtout le kitsch et la provocation que la grandeur musicale - mais ils sont très bons dans ce qu’ils font.
Chaque vidéo, à partir de Everyday I’m Drinking (2013), qui se moque des stéréotypes sur une Russie effrayante, est une collection idéale de mèmes et d’absurdités - et c’est précisément ce qu’il faut pour faire un carton en 2018.
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