Je n’avais jamais pensé qu’un jour je vivrai en Russie, et encore moins que je me marierai à un Russe ! J’étudiais en Australie, suis revenue à la maison pour une courte durée, et l’ai rencontré par pur hasard, ce gars à l’accent anglais. Quand il a avoué être Russe, je n’arrivais pas à le croire, les Russes ayant habituellement un fort accent.
D’ailleurs, je ne vois pas mon mari comme un Russe : pour moi il est à moitié latino et seulement à moitié russe. Il est toujours possible de se reposer sur lui : c’est un véritable homme, dans le sens russe de la chose, mais en même temps il aime bavarder, il est ouvert à la nouveauté et raffole de la culture latino-américaine. C’est sûrement pour cela que j’en suis tombée amoureuse. Aussi, il parle ouvertement avec les inconnus venus de pays des plus divers, alors que les Russes, pour la majorité, sont très dans la retenue avec les personnes qu’ils ne connaissent pas. J’ai certainement eu de la chance.
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Ma famille s’inquiétait à l’approche de mon premier voyage en Russie : les médias en Colombie présentent ce pays comme l’ennemi des États-Unis et de tous les pays développés, comme un lieu incroyablement dangereux (alors qu’en fait la Russie s’est avérée bien plus sécurisée). Mais on ne pouvait déjà plus m’arrêter. Je voulais faire la connaissance de la culture et du background de mon mari.
Ma première impression en Russie : « Diable, les Russes ne sourient pas ! Ce n’est pas un stéréotype, c’est la vérité ! ». Ici on peut même entendre la question : « Pourquoi tu souries ? ». Imaginer une telle formule en Colombie est tout simplement impossible. Par ailleurs, au tout début, il m’a semblé que les Russes n’étaient pas du tout amicaux et n’aimaient pas les étrangers. Ça a été un choc culturel, et même une déception.
Après des années, j’ai appris à être plus patiente et à garder une distance. Maintenant, je sais que les Russes sont en réalité chaleureux, tout au fond d’eux : il leur faut du temps pour te connaitre, et alors ils s’ouvrent. Cette prudence dans la communication avec les inconnus et les étrangers tire sûrement ses racines dans l’histoire et est liée aux événements tragiques à travers lesquels est passé le pays. Et, peut-être aussi, y a-t-il un lien avec les longs et froids hivers.
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Ma fille Isabella apprécie en outre plus le climat russe que la chaleur de mon pays. Peut-être est-ce parce qu’elle est née à Saint-Pétersbourg. Les enfants en Colombie se sociabilisent plus rapidement et aisément qu’en Russie, mais il y a aussi des avantages à élever un enfant ici. Par exemple, l’assurance médicale est gratuite et couvre la majorité des examens et procédures.
Néanmoins, pour survivre en Russie, il faut non seulement posséder une assurance, mais aussi maîtriser la langue, même si cela peut sembler banal. Autrement, en raison de la barrière linguistique, tu te sentiras comme un étranger. Je parle juste un petit peu russe, car avec mon mari nous communiquons, avant tout, en espagnol et anglais.
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Aujourd’hui, je peux avec confiance affirmer que je me suis acclimatée à la Russie, je peux même préparer des plats russes : la vinaigrette [salade russe, ndlr], la salade Olivier, les blinis. Ma fille aime le sarrasin et autres kachas, tandis que mon mari a une préférence pour le borchtch et la solianka, mais ma maîtrise culinaire n’a pas encore atteint un niveau suffisant pour préparer ces complexes soupes. J’espère qu’un jour je les impressionnerai avec de l’oukha [soupe au poisson] faite maison !
J’ai même trouvé en Russie « mes » endroits de relaxation : par exemple, un lieu très paisible est la datcha de ma belle-mère, c’est une véritable « machine à remonter le temps », qui t’entraine dans la campagne russe. Il y a là-bas un bania, c’est ma découverte et mon amour.
Quand j’ai emménagé en Russie, j’ai commencé à tenir un journal intime. Un jour, mon mari a proposé de le publier sous forme de livre, afin de partager mes impressions avec les lecteurs de Colombie et d’Amérique latine, qui ne connaissent pratiquement rien de la Russie contemporaine. Il y a peu, j’ai donc publié un livre à propos de ma vie ici La vie dans une valise (« La vida en una maleta »). Il est pour le moment disponible uniquement en espagnol, mais j’attends avec impatience sa traduction en anglais et en russe.
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Pour moi, ma famille reste la plus grande motivation même dans les temps difficiles en Russie, pour elle je suis prête à aller n’importe où. Je suis reconnaissante à l’égard de tous les Russes que j’ai rencontrés : ce sont précisément eux qui m’ont aidée à sortir de ma zone de confort, à me trouver moi-même, et m’ont appris à comprendre les autres.
Cet article a été élaboré par Daria Aminova
Ce témoignage vous a plu ? Retrouvez ici celui de l’Irlandais Tommy !
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