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L’empereur Alexandre Ier exila le jeune Alexandre Pouchkine pour des poèmes jugés séditieux. Après le soulèvement des Décembristes, en 1825, le poète écrivit au nouvel empereur, Nicolas Ier. Il le priait de le faire revenir de son exil et de l’autoriser à rentrer dans la capitale. Il lui promettait de ne plus exprimer d’avis qui pourraient perturber l’ordre social, de ne pas critiquer le gouvernement et de ne pas s’affilier à la moindre société secrète.
Nicolas Ier accéda à la demande d’Alexandre Pouchkine et le convoqua en audience privée. Les biographes du poète estiment que le tsar, qui se passionnait pour la chevalerie, le fit revenir à Saint-Pétersbourg non seulement par calcul politique mais aussi par volonté de faire un geste noble et magnanime. Lors de leur rencontre, Nicolas Ier avertit Alexandre Pouchkine qu’il lirait dorénavant tous ses textes avant leur publication. Après cet entretien, le poète écrivit : « Le tsar m’a libéré de la censure. Mon censeur, c’est maintenant lui en personne. Bien entendu, c’est un avantage immense ». Nicolas Ier considérait l’écrivain comme un des « hommes les plus intelligents de Russie ».
Alexandre Pouchkine. Dernier automne
Alexandre Kravtchouk (CC BY-SA 4.0)Les amis du poète lui reprochaient son amitié avec le tsar, en qui beaucoup d’entre eux voyaient un despote et un soudard. Alexandre Pouchkine leur répondit en vers : « Non, je ne suis pas flatteur. // Quand je compose librement un éloge au tsar // J’exprime courageusement mes sentiments, // Je parle la langue du cœur ».
Plus tard, des dissensions apparurent entre l’empereur et le poète. Ce dernier se sentait humilié par le rang subalterne que le tsar lui avait assigné à la cour. Le poète était contraint d’assister à des bals qui l’épuisaient. Il n’était pas autorisé à séjourner longtemps à Moscou où se trouvaient les archives qu’il consultait. Ses écrits intéressaient toujours plus la police secrète : le ministre de l’Intérieur von Benckendorff écrivait des rapports au tsar sur Alexandre Pouchkine dès que l’occasion s’en présentait.
En 1836, le tout Saint-Pétersbourg se mit à bruire de rumeurs sur la liaison qu’auraient entretenue Natalia Gontcharova, la femme d’Alexandre Pouchkine, et le français Georges d’Anthès. À la fin du mois de janvier 1837, le poète finit par insulter le père adoptif de son rival. Georges d’Anthès jeta le gant à Alexandre Pouchkine au nom de son père. Grièvement blessé durant le duel, le poète agonisa deux jours.
Pouchkine et Benckendorff
Akhmed Kitaïev/Musée de la carte postale pour enfantsSon décès fut pour beaucoup une tragédie. Bouleversés, les habitants de la capitale furent enclins à penser que le pouvoir et l’aristocratie étaient responsables de la disparition du poète. Nombreux considéraient même que l’empereur en était lui-même coupable. Des bruits coururent selon lesquels il n’était pas insensible au charme de Natalia Gontcharova.
Duel avec Georges d'Anthès
Alexeï NaoumovPour éviter des troubles, l’empereur ordonna qu’Alexandre Pouchkine soit inhumé dans la plus grande des discrétions, non pas dans la capitale, mais non loin de sa propriété familiale dans la région de Pskov.
>>> Le duel d’Alexandre Pouchkine en cinq faits
Alexandre Pouchkine était ruiné : il avait fait des dettes de jeu et contracté des emprunts auprès du Trésor. Il laissa sa famille dans une situation financière lamentable. Son maître et ami, le poète Vassili Joukovski, qui était le précepteur des enfants de l’empereur, lui demanda de ne pas laisser les proches d’Alexandre Pouchkine dans le besoin.
Empereur Nicolas Ier
Franz KrügerVassili Joukovski espérait que le souverain se montrerait aussi généreux qu’à l’égard de la veuve de l’écrivain et historien Nikolaï Karamzine qu’il avait pensionnée. L’empereur prêta une oreille favorable à la demande de Vassili Joukovski mais l’enjoignit de ne pas faire de comparaison : « Karamzine était presque un saint. Quelle vie mena Pouchkine ? ».
Natalia Pouchkina
Vladimir Gau/ErmitageNicolas Ier fit preuve de chevalerie : il paya presque toutes les dettes d’Alexandre Pouchkine et effaça celles qu’il avait contractées auprès du Trésor. En outre, il alloua une somme énorme à Natalia Gontcharova, sous la forme d’une pension qu’elle toucha jusqu’à son remariage en 1841. Il fit également verser des allocations aux fils du poète et leur fit donner une éducation militaire gratuite. Il entretint sa fille unique Alexandra jusqu’à ce que sa mère ne convole en secondes noces. La publication des poèmes d’Alexandre Pouchkine était prise en charge par l’État.
Est-il vrai qu’Alexandre Dumas et Alexandre Pouchkine étaient une seule et même personne ? Trouvez la réponse dans cette autre publication.
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