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La Route de la vie passant par le lac Ladoga
Rafaïl Mazelev/TASSLe 8 septembre 1941, les troupes allemandes ont refermé l’encerclement terrestre autour de Leningrad. Désormais, la ville assiégée n’était reliée au reste du pays que par une voie navigable passant par le lac Ladoga. Toutefois, cette « Route de la vie » n’était pas suffisante pour nourrir la mégapole.
En hiver, la ville s’est retrouvée en proie à une famine affreuse : « Tout a été mangé : aussi bien les ceintures en cuir que les semelles de chaussures. Dans la ville, il ne restait plus ni de chiens, ni de chats, sans évoquer les pigeons et les corbeaux, s’en souviendra l’habitant de Leningrad Evgueni Aliochine. Il n’y avait pas d’électricité et les gens affamés et épuisés se rendaient à la Neva pour chercher de l’eau, tombant et mourant en chemin. L’on a cessé d’évacuer les dépouilles, elles se recouvraient de neige. Mouraient des familles entières, voire des foyers ».
Dès les premiers jours du blocus, l’Armée rouge a entrepris des tentatives de réaliser une percée. Cependant, les offensives à grande échelle menées en 1941 et 1942 se sont soldées par un échec – il manquait d’hommes, de ressources et d’expérience de combat.
« Les 3 et 4 septembre, nous avons avancé de Tchernaïa Retchka vers Kelkolovo sans soutien d’artillerie, se souvenait le commandant adjoint du 939e régiment Tchipychev, qui a participé en 1942 à l’opération Siniavino. Les obus que l’on a envoyés pour les canons divisionnaires ne convenaient pas aux nôtres de calibre de 76 mm. Il n’y avait pas de grenades. Les mitrailleuses allemandes n’ont pas été neutralisées et l’infanterie subissait d’énormes pertes ».
Une nouvelle tentative a été entreprise après le grandiose succès de l’Armée rouge sous Stalingrad. Cette fois-ci, un succès partiel a été constaté du côté des Soviétiques. Lors de l’opération Iskra (Étincelle), en janvier 1943, ils ont percé un couloir étroit qui a relié Leningrad au reste du pays.
Toutefois, les tentatives de développer l’offensive et de repousser l’ennemi n’ont pas abouti. Les Allemands maintenaient leurs positions près de la ville et pilonnaient régulièrement cette dernière.
Opération Siniavino. Des combattants transportant un char camouflé
Vsevolod Tarassevitch/SputnikAprès le triomphe soviétique à Koursk, le commandement de l’Armée rouge a décidé qu’il était l’heure de lever complètement le blocus. À l’automne 1943, ont donc débuté les préparatifs pour une offensive d’envergure dans le nord-ouest du pays.
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Du matériel militaire a commencé à être massivement transféré dans la région de Leningrad et vers la tête de pont d’Oranienbaum – une zone isolée de la côte du golfe de Finlande, située à l’ouest de la ville et tenue par les troupes soviétiques.
Opération Iskra
Grigori Tchertov/SputnikIl était impossible de cacher à l’ennemi une telle concentration de troupes. Dans la région de Poulkovo, les Allemands se sont adressés aux troupes soviétiques par le biais de haut-parleurs peu avant l’offensive : « Rus, pourquoi tant d’armes ? De toute façon nous partirons… », s’en souvenait le mitrailleur antiaérien Ivan Chalov.
Néanmoins, en réalité, le commandant du groupe d’armées Nord, le maréchal Georg von Küchler, n’avait aucunement l’intention de battre en retraite. Son groupe, fort de 740 000 hommes, a préparé une défense jusqu’à 260 km de profondeur avec des fortifications en béton armé, une multitude de bunkers, un système de barrières barbelées et des champs de mines.
« Les formations de ce groupe avaient une vaste expérience en matière d’opérations de combat, notamment d’offensives et de défense dans les zones boisées et marécageuses, a écrit le maréchal soviétique Kirill Meretskov. Mais nous ne cédions pas à l’ennemi en qualité de troupes et avions une supériorité numérique de notre côté – une fois et demie plus de personnel, deux fois plus de canons et de mortiers, quatre fois plus d’avions et trois fois et demie plus de chars ».
Lors de l’offensive stratégique Leningrad-Novgorod
Mikhaïl Trakhman/SputnikL’offensive stratégique Leningrad-Novgorod a commencé le 14 janvier 1944 par l’avancée de la 2e armée de choc depuis la tête de pont d’Oranienbaum en direction de Ropcha et de Krasnoïé Selo. Le lendemain, la 42e armée a commencé à avancer en sa direction depuis la région de Leningrad.
Dans le même temps, les troupes du front de Volkhov avançaient dans la région de Novgorod. Elles devaient bloquer ici les forces allemandes et empêcher le commandement de la Wehrmacht de transférer les réserves vers le Nord.
Iouri Nikouline au front
Dmitri Tchernov/SputnikLes premiers jours de combats ont été extrêmement difficiles pour l’Armée rouge. Le militaire Iouri Nikouline, qui deviendra plus tard un acteur de renom, s’en souvenait ainsi : « Parfois, il y a eu des arrêts, vu qu’il était impossible de progresser. Tantôt il y avait un pont explosé, tantôt un char ou un véhicule de tête sautait sur les mines jonchant les alentours. Les véhicules et chevaux défigurés étaient mis de côté, les morts et les blessés étaient posés dans le silence sur les véhicules vides et de nouveau avançait ce colosse noir de fer, d’acier, de carburant et de cœurs humains, dont chacun battait à l’unisson : en avant, en avant, en avant... ».
Des militaires soviétiques progressant en vue de la percée du blocus
Boris Koudoïarov/SputnikAprès l’entrée des réserves, l’offensive s’est déroulée avec plus de succès. Le 20 janvier, deux armées soviétiques se sont unies dans la région de Ropcha, coupant une partie des troupes allemandes des forces principales. Le jour même, Novgorod a été libérée.
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Les percées sur deux secteurs ont fait que le front nazi a commencé à s’écrouler. Le 21 janvier, l’Armée rouge a pris la station ferroviaire stratégique de Mga, que les Allemands qualifiaient de « cadenas oriental » du blocus de Leningrad.
Le 22 janvier 1944, l’artillerie allemande a pour la dernière fois pilonné Leningrad depuis la ville de Pouchkine. Deux jours plus tard, la Wehrmacht a dû s’en retirer.
Vers la fin du mois, les troupes soviétiques ont expulsé les nazis à quelque 70-100 km de Leningrad et libéré les communications principales de la ville avec le reste du pays. Le 27 janvier, le Conseil militaire du Front de Leningrad a annoncé la levée complète du blocus.
324 canons ont alors tiré des salves pour célébrer ce grand jour. « Tous ceux qui étaient là à ce moment étaient en liesse : l’on se prenait dans les bras, s’embrassait, criait "Hourra" ! », s’en souvient Elizaveta Dobrova.
Le blocus est levé
Semion Nordstein/SputnikL’Armée rouge a continué à expulser l’ennemi vers l’ouest, l’éloignant d’encore 120-160 km de Leningrad. Toutefois, les troupes soviétiques n’ont pas réussi à encercler et à écraser le groupe d’armées Nord, comme le souhaitait le Kremlin.
Les Allemands ont reculé jusqu’en Estonie, sur la ligne Panther, qui faisait partie de fortifications d’envergure connues comme le mur de l’Est (Ostwall). Ils espéraient y stopper le rouleau de la controffensive soviétique, qui ne faisait que gagner en vitesse.
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