Comment la bataille de Koursk a mis fin aux espoirs de victoire des nazis durant la 2e GM

Ivan Chaguine /Sputnik
Jusqu’à la bataille de Koursk, les Allemands étaient convaincus que les troupes soviétiques n’étaient capables de réussir leurs offensives qu’en hiver.

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La Grande Guerre patriotique de 1941-1945. Bataille de Koursk. Commandants soviétiques

Le 5 juillet 1943, l’une des batailles les plus importantes de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale a commencé près de Koursk. L’Allemagne a échoué à reprendre l’initiative stratégique dans sa confrontation sans pitié avec l’Union soviétique, initiative qu’elle avait perdue après le fiasco de Stalingrad.

L’encerclement de la 6e armée de Friedrich Paulus à Stalingrad, et les défaites de la Wehrmacht et de ses alliés roumains, hongrois et italiens qui se sont ensuivies sur le Don, ont littéralement provoqué l’effondrement du front allemand. Harcelé par la pression croissante des troupes soviétiques, les nazis ont reculé de plusieurs centaines de kilomètres vers l’ouest.

Artilleurs soviétiques

Ce n’est qu’au printemps 1943 que les Allemands ont pu stabiliser le front et même reprendre les villes de Kharkov et Belgorod, d’où ils avaient été délogés. À la suite des combats, un énorme saillant s’est formé ; les positions de l’Armée rouge s’enfonçaient profondément dans les territoires tenus par les troupes allemandes. Bientôt, cette bande de terre serait connue dans le monde entier sous le nom de « saillant de Koursk ».

Les troupes soviétiques concentrées ici menaçaient les flancs et l’arrière des groupes d’armées allemands Centre et Sud. À leur tour, les Allemands, en cas d’évolution favorable des événements, espéraient « couper » le saillant à l’aide d’attaques de flanc convergentes et piéger le gros des forces de l’Armée rouge.

C’était exactement l’objectif du plan offensif « Citadelle » élaboré par le Commandement suprême des forces armées allemandes. Dans son ordre du 15 avril 1943, il est stipulé : « Cette offensive est d’une importance capitale. Elle doit se conclure par un succès rapide et décisif... Les meilleures formations, les meilleures armes, les meilleurs commandants et une grande quantité de munitions doivent être utilisés sur l’axe des attaques principales. La victoire à Koursk doit constituer un signal pour le monde entier ».

Au total, la force de frappe allemande était composée de plus de 900 000 hommes, environ 10 000 canons et mortiers, jusqu’à 2 700 chars et armes d’assaut, et environ 2 000 avions. Cela représentait environ 70% des chars, jusqu’à 30% des divisions motorisées, plus de 20% des divisions d’infanterie, et plus de 65% de tous les avions de combat impliqués dans la guerre contre l’URSS.

Soldats soviétiques pendant la bataille de Koursk

De son côté, l’Armée rouge n’est pas restée les bras croisés. À la veille de la bataille décisive dans la zone du saillant, elle a concentré 1 300 000 soldats (600 000 autres étaient en réserve), plus de 26 500 canons et mortiers, plus de 4 900 chars et automoteurs blindés, et environ 2 900 avions.

Ayant obtenu un avantage quantitatif sur l’ennemi dans tous les domaines, le commandement militaire soviétique a néanmoins décidé d’agir avec prudence. Dans un rapport à Staline le 8 avril, le maréchal Gueorgui Joukov écrivait : « Je considère qu’il est inopportun pour nos troupes de passer à l’offensive dans les prochains jours afin de devancer l’ennemi. Il vaudrait mieux que nous épuisions l’ennemi avec nos défenses, assommions ses chars, puis, introduisant de nouvelles réserves, entamions une offensive générale, et achevions enfin le groupement principal de l’ennemi ».

Soldats de l'Armée rouge pendant la bataille de Koursk

Les troupes soviétiques ont créé une puissante défense sur le saillant de Koursk, qui comprenait huit lignes s’échelonnant sur une profondeur totale de 250 à 300 km. Les troupes qui se préparaient à repousser l’offensive étaient massivement équipées en systèmes d’artillerie. Ainsi, dans la zone de la 13e armée, il y avait plus de 90 pièces d’artillerie et mortiers par kilomètre de front : dans aucune des opérations défensives précédentes on n’avait vu une telle densité d’artillerie.

Le succès de l’offensive allemande dépendait en grande partie de l’effet de surprise lié à la première frappe. Cependant, les services de renseignement soviétiques ont réussi à déterminer la date de début de l’opération et, le 5 juillet au petit matin, juste avant le début de l’opération Citadelle, l’artillerie soviétique a lancé une frappe préventive massive sur les positions ennemies.

« Les unités nazies ont été prises par surprise, s’est souvenu le maréchal Constantin Rokossovki, alors commandant du front central. L’ennemi a estimé que le camp soviétique passait lui-même à l’offensive. Ceci, bien sûr, a troublé ses plans, semant la confusion dans les rangs des soldats allemands. Il a fallu environ deux heures à l’ennemi pour mettre ses troupes en ordre ».

Après cela, deux groupements de troupes allemandes ont lancé une offensive de grande envergure sur les flancs nord et sud du saillant de Koursk. Ils avaient l’intention de percer les défenses soviétiques et de faire jonction dans la région de Koursk, créant ainsi un grand « sac » pour piéger l’Armée rouge.

Pilotes de char soviétiques

« Frappées par une avalanche d’acier, nos troupes se sont battues avec abnégation, utilisant tous les moyens disponibles pour vaincre l’ennemi, a écrit Rokossovki. Des canons de 45 millimètres ont également été utilisés contre des chars. Ils ne pouvaient pas pénétrer le blindage des Tigres. On tirait à bout portant sur les chenilles. Sous un feu nourri, des sapeurs et des fantassins s’approchaient des véhicules ennemis à l’arrêt, posaient des mines en dessous et lançaient des grenades et des bouteilles contenant un liquide incendiaire. À ce moment-là, les sous-unités de fusiliers ont coupé l’infanterie qui suivait les chars grâce à leurs tirs et en sont venus à bout par vagues de contre-attaques ».

Confrontés à la résistance féroce des troupes soviétiques sur le front nord, les Allemands n’ont pu avancer que de 6 à 8 km. Le 12 juillet, l’ennemi avait complètement épuisé son potentiel offensif et est passé sur la défensive.

Les choses se déroulaient un peu mieux pour le groupe de choc allemand opérant sur le front sud du saillant de Koursk. « Les premières positions défensives de l’ennemi ont été percées relativement facilement, plusieurs municipalités ont été prises, a rappelé un soldat de la division motorisée des grenadiers Grossdeutschland Kurt Gätzschmann. Dès le deuxième jour, la résistance des Russes s’est intensifiée. Les canons antichars soviétiques causaient beaucoup de problèmes ».

Subissant d’énormes pertes, les troupes allemandes n’ont pas été en mesure de percer les défenses soviétiques et de pénétrer dans l’espace convoité. Au lieu de se rendre à Koursk en passant par la ville d’Oboïan, ils ont pris un chemin détourné par le village de Prokhorovka. Les 5e armée et 5e armée de chars de la Garde ont été lancées en direction du 2e SS Panzerkorps qui avançait dans cette direction. Au départ, le commandement soviétique ne prévoyait pas de les impliquer dans la phase défensive de la bataille.

Des habitants locaux retournent dans leur village natal.

Le 12 juillet, une bataille de chars à grande échelle s’est déroulée dans la région de Prokhorovka, impliquant plus d’un millier de véhicules blindés de chaque côté. « Cela ne peut pas être décrit par des mots, tout autour était en feu : équipement, sol, hommes…, a rappelé le pilote Iakov Cheïnkman, témoin oculaire de la bataille. Le feu était partout. Nous avons atterri avec notre PO-2 (U-2) près du poste de commandement des brigades de chars menant les combats, près du champ de bataille, nous nous sommes précipités sous les explosions en direction du poste de commandement, avons remis un colis secret et avons de nouveau décollé cette "mer de feu". Après chaque sortie, les mécaniciens rebouchaient des dizaines de trous dans la carlingue des avions. Prokhorovka est la pire chose que j’aie vue pendant la guerre ».

À la fin de la journée, quatre cents chars brûlaient sur le champ de bataille, mais aucun des deux camps n’avait pris l’avantage.

Cependant, à ce moment-là, il était devenu évident que l’opération Citadelle était un échec. Dès le 12 juillet, les troupes des fronts occidental et de Briansk sont passées à la contre-offensive, le 15 juillet celles du front central ont fait de même.

Les résidents de la ville de Dmitrovsk rencontrent des soldats de l'Armée rouge après la bataille de Koursk.

Au cours de l’offensive qui a suivi, les troupes soviétiques ont avancé de 150 km à l’ouest. Le 5 août, elles ont libéré les villes d’Oriol et de Belgorod, en l’honneur desquelles un feu d’artifice a eu lieu à Moscou, une première. Le 23 août, l’Armée rouge est entrée à Kharkov. Cet événement a mis fin à la bataille à grande échelle.

En un mois et demi de combats, les pertes des troupes soviétiques se sont élevées à plus de 800 000 personnes, dont 255 000 tuées et portées disparues. Les Allemands ont perdu de 400 à 500 000 hommes.

« Les forces blindées, reconstituées avec tant de difficulté, ont été mises hors de combat pendant longtemps en raison de lourdes pertes en hommes et en matériel, a écrit le général Heinz Guderian. Leur reconstitution opportune pour mener des opérations défensives sur le front de l’Est, ainsi que pour organiser la défense à l’ouest en cas de débarquement, que les Alliés menaçaient de débarquer au printemps suivant, a été remise en cause. Inutile de dire que les Russes n’ont pas tardé à exploiter leur succès. Et il n’y a plus eu de jours calmes sur le front de l’Est ». 

L’ennemi exsangue a été contraint de faire une croix sur les grandes opérations offensives et est passé sur la défensive sur toute la longueur du front soviéto-allemand. Dans le même temps, l’Armée rouge a fermement pris l’initiative stratégique et ne l’a relâchée qu’à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale.

Soldats allemands en URSS

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