Pourquoi la bataille de Stalingrad était-elle si importante?

Sovfoto/Getty Images
C’est dans la bataille la plus sanglante de l’histoire de l’humanité que l’issue de la Seconde Guerre mondiale a été déterminée. L’armée allemande était encore puissante, mais l’initiative stratégique était déjà passée du côté des Alliés.

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L’effondrement du front allemand et le début d’un tournant radical dans la guerre

L’encerclement et l’anéantissement de la 6e armée de Friedrich Paulus et de parties de la 4e Panzerarmee d’Hermann Hoth à Stalingrad ont constitué un coup terrible pour les forces armées allemandes. La Wehrmacht a perdu environ 330 000 soldats, dont beaucoup possédaient une expérience de combat accumulée au cours des campagnes de Pologne et de France. D’énormes brèches sont apparues dans les lignes allemandes, brèches dans lesquelles les troupes soviétiques se sont immédiatement engouffrées.

« La victoire de nos troupes à Stalingrad a marqué le début d’un tournant radical dans la guerre en faveur de l’Union soviétique et le début de l’expulsion massive des troupes ennemies de notre territoire, a écrit le maréchal Gueorgui Joukov dans ses Mémoires et réflexions : À partir de ce moment, le commandement soviétique maîtrisait complètement l’initiative stratégique et l’a conservée jusqu’à la toute fin de la guerre. »

Enchaînant les offensives réussies, l’Armée rouge a libéré de vastes territoires dans le sud du pays. Contrairement à la contre-offensive près de Moscou en 1941, elle n’a pas évincé l’ennemi, mais a encerclé et détruit ses forces grâce à des manœuvres audacieuses.

Le général Constantin Rokossovski durant la bataille de Stalingrad

Les troupes soviétiques se sont ruées vers l’ouest, menaçant d’isoler le groupe d’armées A du général Ewald von Kleist, déployé dans le Caucase. Les Allemands ont entamé une retraite précipitée en direction de la Crimée, et Hitler a dû renoncer à son rêve : prendre les riches champs pétrolifères de Bakou, Grozny et Maïkop.

Profitant de la situation, le 18 janvier 1943, lors de l’opération Iskra, les troupes soviétiques brisent l’encerclement de Leningrad. Ayant survécu à une terrible famine, la ville a commencé à recevoir régulièrement de la nourriture. Cependant, d’autres tentatives d’éloigner l’ennemi de la ville sur la Neva ont échoué.

En raison de la détérioration de la situation stratégique, les Allemands ont été contraints en mars 1943 de quitter le saillant Rjev-Viazma, qui n’était qu’à 200 km de Moscou. Le commandement de la Wehrmacht a fait une croix sur son plan consistant à utiliser cette tête de pont pour mener une nouvelle offensive sur la capitale de l’URSS.

Les troupes soviétiques ont cherché à atteindre le Dniepr le plus tôt possible, mais elles ont surestimé leurs forces et sous-estimé le potentiel de combat encore élevé de l’ennemi. Avec le début du dégel printanier, la ligne de front s’est stabilisée dans la zone du saillant de Koursk. Une bataille à grande échelle y a fait rage durant l’été, parachevant un tournant radical dans la Seconde Guerre mondiale.

Le début de la fin pour l’Axe

La défaite de Stalingrad a sapé le moral des Allemands. Jamais dans leur histoire leur armée n’avait connu une telle débandade. Pour la première fois de toute la Seconde Guerre mondiale, un deuil national de trois jours a été décrété sous le Troisième Reich.

Tant dans la société qu’au sein des forces armées allemandes, le doute s’est installé concernant la victoire promise par le Führer. « Des objectifs géants et des poignées de soldats pathétiques, qui ne suffisent ni à l’avant ni à l’arrière. Hitler a tout simplement dépassé les bornes », a écrit l’officier Helmut Welz dans son journal. « À quoi bons les premiers succès si nous ne pouvons pas conserver ce que nous avons capturé ? Et ici, la question principale se pose : était-il nécessaire de déclencher cette guerre ? » 

Les choses n’allaient pas mieux pour les alliés de l’Allemagne. La défaite des 3e et 4e armées, qui couvraient les flancs de la 6e armée de Paulus, enlisée dans des batailles urbaines, fut un choc pour la société roumaine. C’est sur les troupes roumaines que le coup principal des troupes soviétiques s’est porté lors de l’opération Uranus. Plus de 158 000 soldats sont morts dans les combats, déclenchant une vague d’hostilité à la guerre dans le pays.

Peu de temps après l’encerclement du groupe allemand à Stalingrad, les troupes soviétiques ont complètement vaincu la 8e armée italienne située sur le Don, ce qui a forcé Mussolini à l’évacuer à la hâte vers la Botte au printemps. La catastrophe subie par les Italiens en URSS a été l’une des principales causes de la chute du régime du Duce le 25 juillet 1943.

Des soldats allemands après leur capitulation devant les forces soviétiques après la bataille de Stalingrad

L’onde de choc de ce tournant radical dans le conflit a atteint Helsinki. Bien que les positions de l’armée finlandaise dans les territoires soviétiques occupés fussent encore assez fortes, le gouvernement du pays a commencé à rechercher attentivement des moyens de conclure une paix séparée. « Nous sommes arrivés à l’opinion unanime que la guerre mondiale doit être considérée comme ayant pris un tournant décisif et que la Finlande, à la première occasion appropriée, doit essayer de trouver une issue à la guerre », a écrit Carl Gustav Mannerheim, commandant suprême de l’armée finlandaise, dans ses mémoires. 

Le fiasco de Stalingrad a privé Hitler de deux alliés potentiels importants. Le Japon a mis de côté le plan Kantokuen prévoyant l’invasion de l’Extrême-Orient soviétique. La Turquie, qui surveillait de près la « campagne pétrolière » de l’Allemagne et déployait une armée de 750 000 hommes aux frontières de l’URSS, a refusé d’entrer en guerre aux côtés du Troisième Reich. De plus, Ankara a fortement réduit la rhétorique antisoviétique de ses médias du pays et durci sa politique envers Berlin.

Le moral des Alliés renforcé

Le tableau observé dans la coalition antihitlérienne était aux antipodes. La défaite du groupe allemand a provoqué un regain de confiance sans précédent en Union soviétique, tant à l’avant qu’à l’arrière. Le sergent Piotr Altoukhov, présent lors de la reddition du maréchal Friedrich Paulus le 31 janvier 1943, a rappelé : « En ce matin glacial à Stalingrad, il est devenu clair pour tous les soldats de l’Armée rouge et la majorité absolue des soldats allemands que c’était le début de leur fin et le début de notre Victoire. » 

Stalingrad a constitué une victoire morale cruciale pour les troupes soviétiques. Déjà ébranlé après la bataille de Moscou, le mythe de l’invincibilité de l’armée allemande était désormais à terre. Les actions des forces armées de l’URSS étaient caractérisées par plus de calme, d’organisation, de concentration et de confiance dans la victoire, tandis que le nombre de « cas de trahison à la patrie, de manifestations de lâcheté et d’alarmisme » a commencé à décliner rapidement.

L’Occident a été agréablement surpris par la victoire de l’Armée rouge et les félicitations des dirigeants des pays alliés ont afflué au Kremlin. Lors d’une conférence à Téhéran fin 1943, le premier ministre Winston Churchill a offert à la délégation soviétique une Épée de Stalingrad, sur la lame de laquelle était gravé en russe et en anglais : « Aux citoyens au cœur d’acier de Stalingrad, de la part du roi George VI en signe d’hommage du peuple britannique ».

Le président américain Franklin Roosevelt a envoyé une lettre de félicitations à la ville de Stalingrad « pour commémorer notre admiration pour ses vaillants défenseurs dont le courage, la force morale et le dévouement pendant le siège du 13 septembre 1942 au 31 janvier 1943 inspireront à jamais le cœur de tous les peuples libres. Leur glorieuse victoire a endigué la vague d’invasion et a marqué le tournant de la guerre des Nations alliées contre les forces d’agression. »

La nouvelle de la défaite de l’armée de Paulus a été accueillie avec enthousiasme dans les pays d’Europe occupés par les nazis. Elle a littéralement donné un second souffle au mouvement de résistance.

S’adressant à ses compatriotes à la radio, l’écrivain français Jean-Richard Bloch, exilé en URSS, ne put contenir ses émotions : « Écoutez, Parisiens ! Les trois premières divisions qui ont envahi Paris en juin 1940, les trois divisions qui, à l’invitation du général français [Henri] Dentz, ont profané notre capitale, ces trois divisions - la 100e, la 130e et la 295e - n’existent plus ! Elles ont été anéanties à Stalingrad : les Russes ont vengé Paris. Les Russes vengent la France ! » 

Dans cette autre publication, découvrez trois exploits des soldats soviétiques durant la bataille de Stalingrad.

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