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Celui qui parvenait à obtenir le statut de Fournisseur de la cour de Sa Majesté Impérialepouvait pour un temps oublier ses problèmes. Livrer aux têtes couronnées des biens et services était très rentable : certains historiens affirment que de généreuses sommes étaient versées pour ces achats. En cas de succès, la collaboration devenait stable et pluriannuelle.
Par ailleurs, même les producteurs, dont les contrats ne rapportaient pas le plus, n’étaient pas dans le besoin : les marques qui méritaient cet honneur étaient considérées comme « les meilleures des meilleures » et avaient le droit d’exposer le blason gouvernemental sur leurs emballages, devantures et publicités. Il y avait aussi des fournisseurs de la cour des altesses impériales qui approvisionnaient les membres de la famille du monarque.
Cependant, ce titre de Fournisseur était autant désirable que difficile à obtenir. Pour cela, le marchand ou l’artisan devait correspondre à certains critères stricts. Tout d’abord, il fallait fournir ses marchandises ou effectuer des travaux pour la famille de l’Empereur sans interruption pendant 8-10 ans. Si la qualité des produits ou des services était remise en question, la collaboration pouvait être arrêtée. Un jour, la Maison de commerce Meltzer F. et Co, qui s’occupait de meubler le palais Anitchkov, a commis une erreur fatale. Elle a facturé deux fois le même projet – alors, l’Empereur a interdit de passer des commandes à Meltzer.
La difficulté était aussi que respect de toutes les règles ne rimait pas forcément avec obtention de ce statut. Puisque le poste était la plupart du temps rattaché au chef de l’entreprise en personne, lors d’un changement de propriétaire, par exemple dû à son décès, ce long chemin devait être reparcouru de zéro. Dans ces conditions, obtenir le statut de Fournisseur ne pouvait être réalisé que par des personnes exceptionnelles. Plus de 20% d’entre eux étaient composés d’étrangers dans les années 1910, dont des Allemands.
Couteaux signés Schaaf
La lignée d’armuriers des Schaaf se décompte depuis Wilhelm Nikolaï Schaaf, un maître de couteaux décorés de Solingen. Au début du XIXe siècle, Schaaf est parti en Russie avec ses fils, dans la ville de Zlatooust, pour transmettre aux artisans ses connaissances dans la décoration de couteaux par gravures argentées et dorées.
Plus tard, il a délégué cette entreprise armurière à ses élèves et est parti à Saint-Pétersbourg, où il a développé sa propre production. Dans un premier temps, la famille ne sortait que des ustensiles métalliques et de la vaisselle, mais vers le milieu du XIXe siècle, elle s’est concentrée sur la fabrication d’armes blanches d’officiers. Les Schaaf ont ouvert un atelier, un magasin, puis une usine – probablement la plus grande fabrique privée d’armes blanches de toute la Russie de l’époque. Les couteaux des Schaaf ont été fournis à tous les empereurs russes depuis Alexandre Ier jusqu’à Nicolas II, et sont encore conservés dans des musées nationaux.
Les confiseries « d’Einem »
L’allemand Ferdinand Théodore von Einem est arrivé à Moscou à l’âge de 20 ans environ, en rêvant d’ouvrir dans l’Empire russe une production de pâtisseries. Fiodor Karlovitch (nom qu’il a adopté dans le nouveau pays) a commencé par une petite entreprise de fabrication de bonbons et de chocolat. À mesure que sa production augmentait, Einem s’est trouvé un associé – un compatriote et jeune pâtissier du nom de Julius Ferdinand Heuss. Ensemble, ils ont ouvert un magasin au centre de Moscou, et une usine s’élevant sur trois niveaux.
La grande variété et l’incroyable publicité est devenue la carte de visite de leur entreprise : dans les boîtes de confiseries Einem, l’on trouvait des cartes postales et des notes de musiques, l’emballage était recouvert de peintures d’artistes célèbres, et le nom du producteur était écrit sur les tous premiers dirigeables.
En 1882, en participant à la grande exposition d’art industriel de Russie, Einem a offert à l'impératrice Maria Feodorovna un cadeau complètement unique – un bouquet de fleurs fait en bonbons. Le poste de Fournisseur, cependant, n’a été obtenu par l’entreprise qu’après la mort de son fondateur – en 1913. Alors, la firme est passée entre les mains de Julius Heuss, qui a gardé l’ancien nom.
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Instruments musicaux de Jacob Becker
« Combien de concerts de la saison précédente se sont déroulés sans pianos de M. Becker ? Si nous ne nous trompons pas, tous les pianistes-virtuoses locaux et étrangers ont joué aux concerts sur des pianos de Becker, de plus, dans tous les concerts respectables, où l’on avait besoin d’un piano, quasiment chaque estrade était dotée de pas n’importe quel piano, mais celui de M. Becker », a écrit en 1855 le journal Sankt-PeterbourgskiéVedomosti.
Les instruments à clavier de cet originaire du Palatinat rhénan, qui a ouvert dans un premier temps un petit atelier à Saint-Pétersbourg, puis toute une usine, ont toujours été très populaires, tant dans l’Empire russe qu’à l’étranger. Jacob Davidovitch Becker n’était pas seulement un artisan de qualité, mais aussi un courageux novateur : il est l’auteur de plusieurs améliorations, qui ont valu à ses pianos une qualité de son supérieure.
De nombreux pianistes de renom ont joué des instruments de Becker : Franz Liszt, Anton et Nikolaï Rubinstein, Piotr Tchaïkovski, Emil von Sauer, Alfred Grünfeld, Hans von Bülow, Sophia Menter, et d’autres. Anton Rubinstein a même affirmé qu’en 30 ans de travail en Russie, il a toujours travaillé avec les pianos de Becker. Parmi les clients de l’entreprise, l’on trouvait également des personnes haut-placées : le roi du Danemark, l’empereur d’Autriche, et bien sûr les membres de la famille des Romanov – l’empereur russe lui-même et de grands princes – Vladimir Alexandrovitch, Constantin Nikolaïevitch, et Nicolas Nikolaïevitch.
Les automobiles de Daimler Motoren Gesellschaft
Un jour, en rendant visite à la famille de son épouse à Darmstadt, Nicolas II a fait un tour en automobile. Étant un excellent cavalier, il se montrait peu impressionné par ce nouveau moyen de transport. Cependant, après ce voyage, il passait régulièrement chez le prince Vladimir Orlov, en faisant des balades en voiture avec lui presque tous les jours – jusqu’à prendre la décision de s’en acheter quelques-unes.
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En 1905, à Saint-Pétersbourg, Nicolas II a ainsi reçu sept automobiles de la marque Mercedes, déjà connue pour la vitesse de ses véhicules. Depuis ce moment, le garage de l’empereur s’est surtout complété par des voitures de production allemande. Deux d’entre elles – des fourgons à châssis de camions Mercedes, chargés de fournitures à pique-nique – ont été obtenues par le monarque de la part de l’empereur allemand Wilhelm II en personne. En 1912, Daimler Motoren Gesellschaft est devenue Fournisseur de la cour de Sa Majesté impériale. Sans surprise, au printemps de l’an suivant, 11 des 29 véhicules du garage de Nicolas II appartenaient à cette marque.
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