Ivan le Terrible prononçait-il vraiment 10 toasts quand quelqu’un quittait une fête?

Histoire
GUEORGUI MANAÏEV
S’il existait bien une tradition russe consistant à boire «pour la route», elle n’impliquait pas un grand nombre de toasts.

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Dans l’histoire alternative de l’exploration spatiale présentée dans l’émission télévisée Apple+ For All Mankind (S3E6), des astronautes américains et soviétiques organisent une fête dans un centre de recherche basé sur Mars. Pendant que tout le monde boit, le chef de l’équipe soviétique dit que le tsar russe Ivan le Redoutable (nous supposons qu’il s’agit d’Ivan le Terrible) avait pour tradition de prononcer 10 toasts « pour la route » ou, comme disent les Russes, « na possochok ». Est-ce vrai ?

Ivan le Terrible avait-il l’habitude de boire 10 toasts ?

Non, ce n’était probablement pas le cas.

Lors des fêtes en présence du tsar, écrit l’historienne Lioudmila Tchernaïa, de nombreux toasts étaient prononcés. Sauf qu’en Russie, on ne les appelait pas « toasts », mais « zdravitsa » - ce qui peut se traduire du russe « discours à sa santé ». Le premier toast (« zdravitsa ») était prononcé peu après le début du repas – et c’était le toast que le tsar lui-même portait à ses invités. « Les invités montaient sur le trône, par ordre d’ancienneté, prenaient la coupe des mains du tsar et, reculant de quelques pas, la vidaient et retournaient à leur place » : c’est ainsi que Tchernaïa décrit le rituel.

Ces toasts étaient obligatoires pour toutes les personnes présentes, même les moines et les prêtres. Refuser de boire à la santé du tsar, écrit l’historienne Lidia Sokolova, était une insulte à la grandeur du dirigeant.

>>> Quatre raisons pour lesquelles le tsar Ivan IV a été surnommé «le Terrible»

Après le premier toast, d’autres étaient prononcés - d’abord, pour les membres de la famille du tsar, puis à la santé du patriarche et ainsi de suite. Parmi ces toasts, écrit Lioudmila Tchernaïa, le tsar lui-même commençait à en porter à la santé de ses invités. Lorsque le tsar portait un toast à la santé de quelqu’un, la personne se levait avec sa coupe et la buvait d’une traite. La fête se terminait par une dernière coupe et une prière. En signe d’hospitalité, le tsar pouvait ordonner que plusieurs seaux de boissons laissés après la fête soient envoyés au domicile des invités à Moscou.

Les Russes portaient-ils obligatoirement « 10 toasts pour la route » ?

Une liste populaire de « 10 toasts russes pour la route » que l’on peut voir partout sur l’Internet russe et qui comprend le fait de boire « pour la selle » et « après avoir passé la porte », a probablement été composée par un journaliste contemporain.

Les toasts les plus populaires en Russie sont répertoriés ici. Mais qu’en est-il de celui pour la route, qui s’appelle « na possochok » ? Le nom du toast peut être traduit par « pour le bâton de marche » et c’était en effet une tradition russe pour le dernier toast avant le départ de l’invité. Escortant l’hôte jusqu’au seuil, la dernière coupe lui était offerte, ce qui visait à tester le degré d’ébriété de l’invité - si l’hôte pouvait boire un petit verre à liqueur placé sur l’extrémité supérieure de sa canne, alors il était « prêt à partir », assez sobre pour rentrer à la maison ou ailleurs. S’il faisait tomber le verre, c’était un signe qu’il devrait peut-être passer la nuit sur place.

De plus, les Russes ne disent pas « na zdorovié » lorsqu’ils portent un toast. Voici pourquoi

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