Cinq Français qui ont brillamment servi la Russie

Russia Beyond (Photos : Thomas Lawrence; George Dawe; Eugène Pluchart)
Certains d'entre eux ont défendu la Russie contre Napoléon et Hitler. D'autres ont apporté une contribution précieuse au développement de la culture russe.

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Louis Caravaque

Le peintre français Louis Caravaque est arrivé pour la première fois en Russie en 1716 à l'invitation du tsar Pierre le Grand « pour réaliser des portraits et des peintures de batailles ». Le contrat a été conclu pour trois ans, mais au final, le natif de Marseille a décidé de rester ici pour toujours.

L'œuvre de Caravaque était très variée : il a peint des scènes de bataille de la guerre du Nord contre la Suède, décoré des résidences du tsar et même peint des icônes pour des églises orthodoxes. La marque de fabrique de l'artiste, cependant, était le portrait.

Le Français a réalisé de nombreux portraits de monarques russes et de membres de leurs famille, qui ont frappé les contemporains par leur similitude inhabituelle et la finesse de leurs détails. Par ailleurs, Louis Caravaque a formé de nombreux artistes russes et organisé la première école de dessin de nu en Russie.

Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu

Lointain arrière-petit-neveu du cardinal Richelieu, Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis de Richelieu a été contraint de fuir la France après la révolution de 1789. Une fois dans l'Empire russe, il a participé presque immédiatement à la guerre contre l'Empire ottoman.

Le 22 décembre 1790, il a pris part à l'assaut réussi contre la forteresse turque imprenable d'Izmaïl et a reçu l'Ordre de Saint-Georges 4e degré et une épée d'or pour sa bravoure. « J'aime les gens qui ont du mérite, et c'est pourquoi je lui souhaite le meilleur, bien que je ne le connaisse pas personnellement », écrivait alors l'impératrice Catherine II à propos du courageux Français. 

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Par la suite, l'aristocrate français a servi à la fois l'impératrice et son petit-fils, l'empereur Alexandre Ier, à des postes militaires et civils : il a participé aux guerres contre Napoléon, a été gouverneur général de la Nouvelle-Russie (Novorossia, région du nord de la mer Noire), ainsi que maire d'Odessa (Ukraine moderne), apportant une énorme contribution à la prospérité et au bien-être de cette ville. Des rues, des établissements d'enseignement, des boissons alcoolisées ou encore des clubs de football seraient plus tard nommés en l'honneur de Richelieu.

L'aristocrate français qui avait tant fait pour la Russie est retourné dans sa patrie en 1814. Voulant lui exprimer sa gratitude, l'empereur Alexandre Ier a contribué à ce que le roi Louis XVIII le nomme au poste de premier ministre du pays.

La nouvelle de la mort du duc en 1822 a beaucoup attristé le tsar russe. « Je pleure le duc de Richelieu, comme le seul ami qui m'ait dit la vérité. C'était un modèle d'honneur et de sincérité », a alors déclaré Alexandre à l'ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, le comte de La Ferronnays. 

Guillaume-Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest

Comme à beaucoup d'autres représentants de l'aristocratie, la Révolution française n'a apporté à Guillaume-Emmanuel Guinard, comte de Saint-Priest, que souffrances et ruine, le forçant à fuir patrie.

Guillaume-Emmanuel a consacré toute sa vie à la lutte contre ses compatriotes pour le retour de « l'ordre ancien » et de la dynastie des Bourbons sur le trône de France. Le comte a servi dans le corps du prince de Condé, formé d'émigrés français, mais ses talents militaires se sont véritablement révélés dans l'armée de l'Empire russe.

Lors de la bataille d'Austerlitz, perdue par les troupes russes et autrichiennes, le 2 décembre 1805, Guillaume-Emmanuel, à la tête du Régiment des chasseurs de la garde défend calmement le village de Blažovice et est l'un des derniers à battre en retraite du champ de bataille. Par la suite, le comte a participé à des dizaines de batailles contre l'armée de Napoléon en Russie et en Europe, et a reçu de nombreuses récompenses, dont une épée d'or Pour le courage sertie de diamants.

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Lorsqu'au début de l’année 1814, l'armée russe est entrée sur le territoire français, le lieutenant-général Guillaume-Emmanuel Guignard a été plus proche que jamais de la réalisation de son rêve. Cependant, il n'était pas destiné à voir la chute de la France napoléonienne - le 13 mars, lors de la bataille de Reims, il a été grièvement blessé et est mort peu après.

Auguste Ricard de Montferrand

L'œuvre de la vie de l'architecte français Auguste Ricard de Montferrand a été la construction de la cathédrale Saint-Isaac - la plus grande église orthodoxe de Saint-Pétersbourg et l'un des principaux symboles de la ville. Sur les quarante et un ans que le Français a vécus en Russie, il en a consacré quarante à la création de cette structure monumentale.

Un autre projet grandiose de l'architecte était la colonne Alexandre sur la place du Palais, érigée sous la direction du tsar Nicolas Ier en l'honneur de la victoire russe sur Napoléon. Longtemps, les citadins craignaient que le bâtiment ne leur tombe sur la tête et en faisaient le tour à distance respectueuse. Pour dissiper ces craintes, Montferrand s’est mis à faire quotidiennement le tour de la colonne avec son chien et a adhéré à cette tradition jusqu'à la fin de sa vie.

En 1836, le talentueux Français a dirigé les travaux de levée de la Reine des cloches de 200 tonnes. Ce géant, jamais utilisé aux fins prévues, avait passé un siècle dans une fosse sur le territoire du Kremlin de Moscou. La cloche, qui a été soulevée lors de la deuxième tentative, a été installée sur un piédestal à côté du clocher d'Ivan le Grand. Elle s’y trouve encore aujourd'hui.

Marcel Albert

Tous les militaires français n'ont pas déposé les armes après la défaite subie par la France en 1940. Les partisans du général Charles de Gaulle ont continué à combattre l'ennemi honni sur d'autres fronts, y compris celui de l'Est.

En URSS, des pilotes français sur des avions soviétiques ont combattu les Allemands dans le cadre du régiment aérien Normandie-Niemen. Le plus efficace d'entre eux était un natif de Paris, Marcel Albert.

Ses frères d’armes ont noté qu'Albert était courageux, entêté et agissait toujours avec beaucoup de tactique dans les batailles contre l'ennemi. Aucun pilote du régiment ne remarquait l'ennemi dans les airs avant Marcel.

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Marcel Albert s’est vu attribuer le titre de héros de l'Union soviétique grâce à ses 23 victoires aériennes, dont 15 remportées en groupe. Il n’a laissé échapper le titre de meilleur pilote français de la Seconde Guerre mondiale que face à Pierre Clostermann, qui a combattu dans la Royal Air Force. Ce dernier a abattu 33 avions ennemis (19 personnellement et 14 en groupe).

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