Pourquoi la combinaison spatiale de Gagarine ne devait-elle pas apparaître sur les photos?

Sputnik
Sur les photos prises juste après l'atterrissage, Iouri Gagarine porte une simple veste. Alors quoi, c'est ainsi qu'il a volé dans l'espace? Où est donc sa combinaison spatiale?

Russia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

Devant les membres du comité d'État après son vol légendaire, Iouri Gagarine, le premier homme à être allé dans l'espace, n'a pas oublié de préciser un détail très important : « Là-bas, j'ai pris quelques photos pour le plaisir. À ce moment-là, j'avais déjà enlevé la combinaison spatiale. Je ne portais que des vêtements thermiques bleus et je n'ai pas pris de photos avec la tenue orange et grise et le casque pressurisée. On a posé le costume dans la voiture ».

Capsule d'atterrissage de Gagarine ayant rejoint la Terre, dans la région de Saratov

En effet, sur toutes les photos prises après l'atterrissage, le cosmonaute est vêtu d’une veste chaude, qui rappelle un simple vatnik soviétique (vêtement chaud porté par les prisonniers dans les camps). En fait, il s'agit d'une combinaison thermique B-3, portée par Gagarine sous sa combinaison spatiale. Or, cette dernière n’apparaît nulle.

Pourquoi la combinaison spatiale devait-elle être cachée ?

Qu’il vole sans combinaison spatiale

Guerman Titov (au centre à gauche) et Iouri Gagarine (au centre, deuxième à gauche) se familiarisent avec l'équipement spatial au Centre de préparation des cosmonautes

La bataille autour de la combinaison spatiale pour le premier vol humain dans l'espace a été intense. Que doit porter le premier cosmonaute de l’histoire pour un voyage aussi périlleux ?

Cela semble absurde aujourd'hui, mais à l'époque, certains experts pensaient sérieusement que Iouri Gagarine pouvait s'y rendre dans cette tenue thermique. Elle était conçue pour sauver le cosmonaute uniquement après l'atterrissage ou l’amerrissage, et pour lui éviter une hypothermie ; en cas de dépressurisation du vaisseau spatial dans l'espace, elle n'était toutefois d'aucune utilité. En d'autres termes, ils voulaient envoyer le cosmonaute sans combinaison spatiale du tout.

Cette option a été envisagée parce que les concepteurs du vaisseau spatial Vostok ont réalisé, en février 1960, qu'ils avaient de sérieux problèmes de surcharge et qu'ils devaient délester au maximum l'équipement à bord. Dans le même temps, ils ont fait des prévisions très optimistes : la probabilité d'une dépressurisation de la cabine étant très faible, une combinaison spatiale était donc inutile et ne faisait qu'ajouter du poids.

Iouri Gagarine s'entretenant au téléphone avec Khrouchtchev suite à son vol

Le débat sur la nécessité d'une combinaison spatiale pour le cosmonaute s'est poursuivi jusqu'à l'été, lorsque le père de la cosmonautique soviétique, le concepteur Sergueï Koroliov, a tranché. Il s'est dit prêt à « donner 500 kg [au détriment de l'équipement technique du vaisseau], mais pour avoir une combinaison spatiale avec un système de survie prêt d'ici la fin de l'année ».

Il restait donc 8 mois incomplets avant le vol prévu pour inventer la première combinaison spatiale de l'histoire – le SK-1 de Gagarine.

Lire aussi : Le premier cosmonaute Iouri Gagarine comme vous ne l'aviez jamais vu

Le premier costume

Combinaison de Gagarine

Il a été décidé de prendre un raccourci et de se servir, en guise de prototype, de la combinaison Vorkouta, destinée aux pilotes de chasseurs Su-9, où la régulation de la pression et l'approvisionnement en oxygène étaient également cruciaux.

Le SK-1 était une combinaison « souple » composée de deux couches de tissu. L’une était en polyéthylène téréphtalate – un thermoplastique. À l'époque, c'était le matériau le plus récent, obtenu au Laboratoire des composés macromoléculaires de l'Académie des sciences relativement récemment, en 1949. Il a été utilisé pour fabriquer la couche de résistance de la combinaison spatiale (aujourd'hui, il est utilisé pour produire des bouteilles en plastique, par exemple).

La deuxième couche, dite hermétique, était en caoutchouc. La couche extérieure, visible par tous, était une coquille étanche orange. Elle était orange pour faciliter les opérations de recherche du cosmonaute, au cas où il s'éjecterait du cockpit et atterrirait en parachute.

Le casque était inamovible et des capteurs de pression y étaient reliés. En cas de chute de pression, le casque se fermait automatiquement et le tuyau qui insuffle de l'air à la couche interne de la combinaison depuis le cockpit du vaisseau était coupé. L'alimentation en air proviendrait alors de la bouteille d'oxygène. Bien entendu, une telle combinaison n’était pas adaptée aux sorties extravéhiculaires dans l'espace, mais le cosmonaute pouvait la porter à l'intérieur de la cabine pendant cinq heures, indépendamment du vaisseau spatial. Soit dit en passant, même la première combinaison spatiale était déjà équipée d'un dispositif d’assainissement, il n'était donc pas nécessaire de l'enlever pour se soulager.

Gagarine avant le décollage

Le SK-1 a été fabriqué strictement selon les normes du premier groupe de cosmonautes, c'est-à-dire qu'il n'était pas universel. La combinaison spatiale, avec le casque, pesait 20 kg. On ne pouvait pas enfiler un tel costume sans une aide extérieure. Il y avait une instruction claire sur la façon de procéder – dans quel ordre mettre les jambes, les bras, etc. Cependant, le costume devait être enlevé par soi-même.

Gagarine portait en fait plusieurs couches de vêtements : des sous-vêtements, une combinaison de protection thermique, une couche de polyéthylène téréphtalate, une couche de caoutchouc, et enfin la coquille orange. Mais pourquoi ne devait-il pas être pris en photo dans cette tenue ?

Lire aussi : L'évolution des combinaisons spatiales russes et soviétiques de Gagarine à nos jours (photos)

L'homme à la mission secrète

Gagarine après son retour sur Terre, aux côtés d'Ota Bakhramov

La réponse réside dans le caractère secret de la combinaison spatiale. Elle était considérée à juste titre comme une création soviétique – les matériaux et toute sa construction dans les conditions de la course à l'espace étaient assimilés au secret d'État. La couche extérieure orange vif était, entre autres, d’ailleurs destinée à dissimuler aux yeux indiscrets ce qui se trouvait en dessous.

Iouri Gagarine, parmi ses instructions, a par conséquent reçu l'ordre de prendre des mesures pour sauver ou détruire la combinaison spatiale après l'atterrissage, quel que soit le lieu. Afin de contrôler le processus, un des ingénieurs de la combinaison, Ota Bakhramov, a été envoyé auprès de Gagarine. Le 12 avril 1961, il a effectué une mission secrète dont seules quelques personnes avaient connaissance.

Bakhramov devait récupérer la combinaison spatiale des mains de Gagarine ou du chef de l'équipe de recherche et de sauvetage dans la zone d'atterrissage. Ce jour-là, l’ingénieur chargé de cette mission secrète a été pris en photo par plusieurs amateurs. Cet homme robuste portant un chapeau et un manteau en peau de mouton a été pris par les habitants de la ville d'Engels pour un garde du corps du cosmonaute et un membre du service de sécurité de l'État chargé de veiller sur le héros national. Or, la vérité était bien plus prosaïque. Bakhramov était simplement venu chercher la combinaison.

Dans cet autre article, nous nous penchions sur la théorie selon laquelle il y aurait eu un homme dans l’espace avant Gagarine.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies