En images: L'évolution des combinaisons spatiales russes et soviétiques de Gagarine à nos jours

D’un modèle ne comportant que deux couches de tissu caoutchouté à une version avec porte à l'arrière, comme un frigo, nous vous racontons dans quelles combinaisons les Russes ont envoyé des hommes dans l'espace pendant toutes ces années.

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Alors que le premier homme de l'histoire allait être envoyé dans l'espace, se posa la question de ce qu’il devrait porter lors d'un voyage aussi périlleux. Il y a près de 60 ans, les experts soviétiques croyaient sérieusement que Iouri Gagarine pourrait voler sans combinaison spatiale, dans un ensemble isotherme ordinaire !

Et si le concepteur en chef soviétique Sergueï Korolev n'était pas intervenu au dernier moment dans le différend, cela aurait probablement été le cas. Mais la première combinaison spatiale au monde est apparue, et la mode spatiale a franchi de nombreuses étapes depuis lors.

La toute première combinaison

Fabriquer une combinaison spatiale pour un homme n'était pas du tout la même chose qu’en réaliser une pour des animaux - à savoir des chiens, que les Soviétiques ont envoyés dans l'espace à plusieurs reprises à partir des années 1950. Le prototype de la première combinaison spatiale au monde destinée aux vols spatiaux portant le nom de SK-1 (Gagarine la portait) était la combinaison Vorkouta destinée aux pilotes de chasseurs Su-9. Seul le casque, auquel étaient connectés les capteurs de pression, a dû être entièrement refait : si la pression chutait brusquement, le mécanisme refermait instantanément la visière transparente.

Combinaison spatiale SK-1

Cette combinaison était pensée pour les situations d’urgence au cas où la capsule tomberait en panne ou le pilote devrait s’éjecter. Dotées de tous les systèmes de survie, elles étaient donc portées au décollage et à l'atterrissage. Les premières combinaisons spatiales soviétiques ont été réalisées sur mesure pour les cosmonautes sélectionnés, Gagarine et ses deux remplaçants. Dans le cas, par exemple, d’une dépressurisation du cockpit, elle leur aurait permis de survivre pendant 5 heures. À propos, même dans la première version, un dispositif de collecte des déjections était en place, de sorte qu’il n’était pas nécessaire de l’enlever pour faire ses besoins.

>>> Y aurait-il eu un homme dans l’espace avant Gagarine?

Iouri Gagarine sur le chemin du cosmodrome de Baïkonour, le 12 avril 1961.

Entre-temps, l'Union soviétique a compris que la conquête spatiale ne se limitait pas aux vaisseaux, et qu’un type de combinaison spatiale radicalement différent était nécessaire - autonome, permettant d’effectuer des sorties extravéhiculaires et agissant comme un petit vaisseau spatial. Ce concept a été incarné par le modèle Berkout (« Aigle doré »).

Que porte-t-on pour sortir dans l'espace ?

Combinaison spatiale Berkout

Contrairement au SK-1, le Berkout avait une deuxième enveloppe hermétique et un sac à bandoulière avec des réservoirs d'oxygène. Cependant, il était réalisé sur mesure pour une personne en particulier et, malheureusement, n'était pas très mobile. Quand Alexeï Leonov a fait sa toute première promenade historique dans l'espace, sa combinaison, en raison de la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur, ne s'est pratiquement pas pliée et s’est même gonflée, de sorte que la manche s’est allongée et que les gants ont partiellement glissé de ses mains. Pour regagner le vaisseau, l'astronaute a été contraint de réduire la pression d'oxygène à l'intérieur de la combinaison, au risque de subir une décompression. Et avant de pénétrer dans l'espace, la combinaison spatiale était complètement humide à l'intérieur en raison de la sueur et de la condensation - le système de régulation de température était encore assez grossier. 

Alexeï Leonov portant une combinaison spatiale Berkut

Dans le même temps, les cosmonautes soviétiques se préparaient également à aller sur la Lune, et pour cela, ils ont conçu le Kretchet (gerfaut). C'était une combinaison spatiale semi-rigide avec une porte sur le dos : le cosmonaute ne devait pas mettre la combinaison, comme le modèle spatial américain EMU pour la mission Apollo 16, mais y entrer littéralement. La combinaison spatiale avait un système de câble spécial, qui permettait de fermer le couvercle derrière soi. Et bien que le Kretchet n'ait jamais atteint la surface de la Lune, ses mises au point ont ensuite été utilisées dans des modèles  de combinaisons ultérieurs.

Combinaison spatiale Kretchet

Après le Berkout, la nouvelle génération de combinaisons spatiales était le Iastreb (faucon) - Egalement conçue pour réaliser des sorties extravéhiculaires et très similaire au Berkout, elle fut utilisée sur le nouveau vaisseau spatial Soyouz, qui a commencé à voler en 1967. Cependant, le Iastreb ne fut utilisé qu’une seule fois en pratique.

Combinaison spatiale Iastreb

Le fait est que pendant une courte période, l'Union soviétique a persisté à envoyer des cosmonautes sur la station orbitale sans combinaison de sauvetage. On décida de cesser d'utiliser les SK-1 en 1964, le Iastreb n'était pas destiné aux décollages et aux atterrissages, et la conception des Soyouz de l’époque ne prévoyait même pas de combinaisons spatiales pour l'équipage. En 1971, une tragédie s'est produite : lors de l'atterrissage, la cabine a subi une dépressurisation et les trois astronautes qui ne portaient pas de combinaison spatiale ont péri. Il est devenu évident que des combinaisons de sauvetage étaient nécessaires en cas d’urgence, et la conception en urgence du modèle Sokol a commencé. De 1973 à nos jours, en se rendant dans l'espace à bord de Soyouz, les astronautes utilisent toujours les combinaisons spatiales Sokol.

>>> Cinq sociétés spatiales russes qui pourraient un jour concurrencer SpaceX

Costume pour les voyages en orbite

Combinaison spatiale Sokol

Toutes les versions du Sokol avaient des exigences strictes en matière de mobilité et de solidité : par exemple, le régulateur de pression a été placé sur la poitrine afin que le cosmonaute  puisse toujours facilement abaisser la pression et devenir plus mobile. Le casque du Sokol est en métal (les concepteurs russes en sont d’autant plus fiers que le nouveau casque en plastique de SpaceX, réalisé avec une imprimante 3D, ne peut pas être comparé à lui en termes de résistance). Et l’important ensemble de bandes et de câbles de la combinaison vise à garantir qu’elle ne gonfle pas pendant la dépressurisation, que la manche ne s’allonge pas et que les doigts ne cessent pas de toucher le bout des gants (comme cela s'était produit avec Leonov).

L'expédition 55/56 de l'équipage permanent de la Station spatiale internationale. L'astronaute américain Richard R. Arnold, le cosmonaute Oleg Artemyev et l'astronaute américain Andrew Feustel (de gauche à droite).

Quant au Iastreb  qui a n’a voyagé dans l'espace qu’une seule fois, il fut remplacé par un modèle plus perfectionné - la combinaison spatiale Orlan (aigle de mer).

Elle pesait 115 kilos!

Combinaison spatiale Orlan

Orlan est la combinaison spatiale russe la plus massive et la plus impressionnante de toutes. Sa tâche principale est de protéger le cosmonaute dans l'espace contre les micrométéorites et les radiations. Solide et multicouche, Orlan est aussi très lourd – il pèse environ 115 kg ! Bien sûr, il n'est pas destiné à la marche ; en dehors de la station spatiale, les cosmonautes ne travaillent généralement qu'avec leurs mains. Mais même cela n'est pas si facile…

Ce costume semi-rigide a été fabriqué sur la base du modèle lunaire Kretchet, de sorte que son dos s'ouvre également comme une porte de frigo. Contrairement au Kretchet, l’Orlan est universel – seules les jambes et les manches sont ajustées sur mesure. La température à l'intérieur de la combinaison est également réglable, et dans une telle combinaison, vous pouvez être indépendant du reste de l'équipement de l’ISS jusqu'à 7 heures.

Pour la première fois, Orlan a évolué dans l’espace en 1977, et il est toujours utilisé dans diverses versions sur l'ISS.

Pourquoi en Russie les astronautes sont-ils appelés «cosmonautes» ? Trouvez la réponse dans notre article.

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