Iouri Gagarine avec l’actrice italienne Gina Lollobrigida
Leonid Velikjanin, Valentin Mastioukov/TASSRussia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Il y a 60 ans, à 10h02, heure de Moscou, l’agence de presse TASS a diffusé une brève sur le premier vol habité dans l’espace. Elle est devenue l’information la plus reprise dans le monde. Le pays était suspendu aux postes de radio, les files d’attentes s’allongeaient aux kiosques à journaux et une foule en liesse se rassemblait au centre de Moscou.
« La journée de travail était complètement “perdue”, elle s’est transformée en journée de vacances, les gens étaient euphoriques, et on entendait partout ce nom inconnu jusqu’alors : Iouri Gagarine »,se rappelle l’ingénieur Lev Mouzourov.
Manifestation improvisée à Moscou, le 12 avril 1961, en l’honneur du vol de Gagarine : « Gloire au premier cosmonaute soviétique »
Sergueï Smirnov/IzvestiaDes constructeurs de Novossibirsk lisent les informations à propos du vol de Gagarine
Lev Polikachine/SputnikLes Moscovites s’amassent aux kiosques à journaux
Iouri Somov/SputnikLes employés d’une usine de vêtements écoutent les nouvelles du vol de Gagarine
Joseph Boudnevitch/SputnikEvgueni Skazkine, travailleur de la ville d’Engels, non-loin de là où Gagarine a atterri, se souvient de ce jour-là : « C’est comme si j’étais sous le choc, j’ai fini par comprendre au bout d’un moment, et j’étais rempli d’une telle euphorie que je criais inconsciemment : “Hourra ! Les nôtres sont dans l’espace !”. Je suis sorti dans les couloirs de la résidence. Les autres sortaient en courant de leurs chambres et on se serrait dans les bras, on dansait de joie. [...] Tout le pays jubilait. Il me semble qu’on voyait le vol de Iouri Gagarine comme le début d’une nouvelle vie pour notre pays qui se relevait à peine de l’épreuve terrible de la Grande Guerre patriotique et qui allait de l’avant ».
Le 14 avril, deux jours après son vol à succès, Iouri Gagarine était amené à Moscou par un avion spécial.
SputnikGagarine est accueilli à l’aéroport de Vnoukovo
Grigori Petrousov/SputnikJournalistes lors de la rencontre cérémoniale du premier cosmonaute
Vassili Noskov/SputnikLe dirigeant de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, accueille personnellement Gagarine à l’aéroport de Vnoukovo
Leonid Lazarev/MAMM/MDFLe 14 avril, la vie s’est complètement arrêtée à Moscou. Les enfants se sont enfuis de leur classe pour aller voir le premier cosmonaute, et beaucoup d’adultes ont pu ne pas aller au travail. « Nous savions que Gagarine arriverait le 14. Il n’était même pas question pour nous d’avoir cours ce jour-là. Nous sommes tous tranquillement partis de l’université pour aller rencontrer Gagarine », se souvient Maria Solodoukhina, qui était étudiante en 1961. Il y avait de la musique sur l’avenue Lénine, les gens jubilaient et criaient « Hourra ! ».
Gagarine et son cortège vont directement de l’aéroport à la place Rouge
Iouri Ivanov/SputnikPour avoir une chance d’apercevoir Gagarine, les gens sont même montés sur les toits
Alexandre Mokletsov/SputnikDes hélicoptères larguent des dépliants de bienvenue à l’intention du héros cosmonaute au-dessus de la ville
Sigismond Kropivnitski/MAMM/MDFMoscou accueille Iouri Gagarine
Sigismond Kropivnitski/MAMM/MDFImmeuble résidentiel sur l’avenue Lénine. Moscou accueille Gagarine
Sigismond Kropivnitski/MAMM/MDFUne grande foule avec des banderoles attendait déjà Gagarine sur la place Rouge.
Valeri Choustov/SputnikGagarine saluant la foule rassemblée depuis la tribune du mausolée de Lénine
SputnikAccueil solennel de Gagarine sur la place Rouge
MAMM/MDFPavel Barachev est l’un des premiers journalistes à avoir réussi à obtenir une interview avec Gagarine après son vol, quand celui-ci était en vacances. Il se souvient de la rencontre : « On nous a dit qu’une fois qu’un autre examen médical du cosmonaute serait terminé, quelques minutes plus tard, il descendrait un moment et répondrait aux questions des journalistes du journal Komsomolskaïa Pravda. On en tremblait : là, maintenant, on allait voir l’homme dont le nom était sur toutes les lèvres de la planète Terre. Quelles questions lui poser, de quelle manière lui parler, à ce premier homme allé vers les étoiles ? Est-ce qu’on réussirait à prendre ne serait-ce qu’une photo ?
Il est descendu vers nous avec aisance. Il était petit et costaud, et portait sur sa veste des pattes d’épaule de major et de pilote.
“Alors, où sont les journalistes de Komsomolskaïa Pravda ?”, nous a-t-il demandé avec un tel sourire que toute la tension qui avait pesé sur nous tout au long de cette longue, difficile et très joyeuse journée de reporter a instantanément disparu ».
Gagarine signe des autographes pour les employés de l’Exposition des réalisations de l'économie nationale de l'URSS, à Moscou
Martinov/MAMM/MDFGagarine à l’usine Stankolit de Moscou
Robert Diament/MAMM/MDFL’actrice italienne Gina Lollobrigida, venue au festival du cinéma de Moscou, drague ouvertement Gagarine, dont le sourire faisait tomber toutes les femmes soviétiques
Photographie d'archivesAprès un peu de repos, Gagarine a entamé une véritable tournée en URSS, donnant des conférences, participant à des réunions, et signant d’innombrables autographes.
Gagarine signe des autographes au Brésil
Valentin Sobolev/TASSLes habitants de La Havane accueillent Gagarine lors de sa visite à Cuba
Valentin Sobolev/TASSGagarine au Mexique
Valentin Tcheredintsev/TASSGagarine avec des paysans bulgares
Ratcho Stoïanov/MAMM/MDFGagarine rencontre des écoliers en Norvège
Valentin Tcheredintsev/TASSGagarine a également visité la tour de Londres
Alexeï Stoujine/TASSGagarine en Grande-Bretagne
Alexeï Stoujine/TASSAu printemps 1961, Gagarine a débuté une grande tournée mondiale, et a visité plus de 30 pays. De Cuba au Japon, tout le monde voulait le voir. Les États-Unis font partie de ceux qui n’ont pas envoyé d’invitation au cosmonaute. Le pilote ne pouvait plus être lui-même, il était maintenant une personnalité médiatique qui devait toujours « garder la face » et faire plaisir aux gens avec son sourire si caractéristique.
Nikolaï Kamanine, le colonel général de l'Armée de l'air, qui accompagnait Gagarine lors de ses voyages à l’étranger, a témoigné : « Presque tous les journaux soulignent que le voyage de Gagarine prouve à quel point "cet homme russe est grandiose". Et je parle chaque jour à cet homme grandiose, au milieu d’un luxe et d’une gloire sans précédents, et je vois qu’il veut vraiment se détendre, rester seul, quelque part, avec une canne à pêche, sur une petite rivière près de Moscou... ».
Le cosmonaute a en outre rencontré Élisabeth II, qui a récemment partagé ses impressions sur cette entrevue : elle a indiqué qu’il était charmant et ne parlait pas un mot d’anglais.
Voici le souvenir que Gagarine a gardé de cette rencontre : « J’ai déjeuné avec la reine au Palais de Buckingham. Et voilà. La reine m’a bien accueilli. Elle était polie et bienséante. Nous avons parlé du temps, de l’espace, de ses impressions. J’ai parlé avec le prince des pilotes, des vols, des nouvelles machines... J’ai offert un livre à la reine. Elle en était très heureuse. En retour, elle m’a offert une photo de sa famille ».
Gagarine en Inde
Nikolaï Smirnov/russiainphoto.ruGagarine au salon international de l'aéronautique et de l'espace, à Paris
Agence Keystone/TASSLa popularité de Gagarine était énorme, et les témoins de l’époque se souviennent que tous, du plus petit au plus grand, ne vivaient que pour l’espace et rêvaient de rencontrer le premier cosmonaute. Gagarine, lui, était plutôt réservé quant à la gloire qui lui était tombée dessus.
« Comme tout le monde, j’ai fait beaucoup d’erreurs. J’ai mes propres faiblesses. Il est inutile d’idéaliser un homme, il faut le prendre comme il est dans la vie. Sinon, ça devient désagréable, comme si j’étais quelqu’un de si bon, de si gentil, que ça en devient écœurant », a-t-il écrit dans son journal.
Dans cet autre article, découvrez des photos rares de Gagarine dans sa vie de tous les jours.
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