La fontaine Barmaleï dans la ville de Stalingrad
Emmanuil Evzerikhin/МАММ/МDF/russiainphoto.ruRussia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Cadre tiré du film Mongol
Sergey Bodrov Sn./STV production, 2007Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan, le tout-puissant souverain de l'empire mongol, a envoyé ses fils à la conquête des terres du Nord. En 1223, les Mongols rencontrent pour la première fois l'armée des princes russes lors de la bataille de la Kalka et l’écrasent. En 1236, après la mort de Gengis Khan, son petit-fils Batu Khan a mené une campagne dévastatrice sur les terres russes : ce furent cinq années de terreur et de destruction.
La tactique des Mongols était totalement inattendue pour les Russes : la dévastation. Ils ne combattaient pas pour la gloire et les prouesses, mais anéantissaient tout simplement les gens pour qu’ils ne puissent pas se révolter contre eux - venant de toutes les directions par petits régiments, ils brûlaient villages et villes, pillaient les champs et volaient des troupeaux de bétail. Bien que les guerriers russes fussent probablement plus nombreux que l’armée mongole, ils n’ont pas pu s’unir efficacement et ont été vaincus.
L'invasion mongole a écrasé les duchés et les villes russes. La culture de la Rus’ pré-mongole a été presque complètement détruite. Kiev, Rostov, Galitch, Tchernigov, Riazan et d’autres centres du pays ont été rasés. Avant l’arrivée des Mongols, il y avait environ 1 000 bastions et villes dans la Rus’. Après l’invasion, il n’en restait qu’environ 300. Kiev, désormais contrôlée par les Mongols, a perdu sa signification en tant que principale ville russe de l’époque et la vie politique du pays a repris à Vladimir-Souzdal, qui avait moins souffert. Il a fallu plus de cent ans aux terres russes pour se remettre après l'invasion dévastatrice.
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L'appel de Kouzma Minine par Constantin Makovski
Constantin MakovskiCette période sombre n'a pas été causée par une attaque ou une menace de l'extérieur, mais constituait une combinaison de malchance, de guerre et de mauvaise politique. Le temps des troubles a duré 15 ans, de 1598 à 1613, mais ses conséquences se sont fait sentir jusque dans les années 1640. La principale raison du temps des troubles était la fin de la dynastie Riourikides - le fils d'Ivan le Terrible, Fiodor (1557-1598), n'avait pas d'enfants, et le dernier fils d'Ivan, Dmitri d'Ouglitch (1582-1591) est mort ou a été tué dans des circonstances mystérieuses. Aucun héritier légitime du trône n’était en vie et Boris Godounov, frère de l’épouse du tsar Fiodor, a pris le trône.
Au cours des dernières années d'Ivan le Terrible et sous le règne de Fiodor, le servage est devenu systématique en Russie, liant les paysans à la terre et augmentant la détresse sociale. Mais le servage n’a pas sauvé les Russes de la grande famine de 1601-1603. La famine était probablement due à l'éruption du volcan Huaynaputina au Pérou, qui a provoqué un hiver volcanique. Le cycle agricole a été perturbé, et en Russie, il fut particulièrement sévère, car les Russes n'avaient pas suffisamment de réserves de nourriture : la guerre de Livonie (1558-1583) que Moscou avait largement perdue, avait vidé les caisses de l'État.
Un grand nombre de paysans ont fui leurs maîtres et se sont tournés vers le vol et le pillage sur les routes et dans les forêts. Rien qu'à Moscou, plus de 127 000 personnes sont mortes de famine. Des révoltes paysannes ont commencé à se produire. En 1605, Boris Godounov est mort et le pouvoir en Russie a été accaparé par Faux Dmitri Ier (? -1606), qui affirmait être Dmitri d'Ouglitch. Cet imposteur a été rapidement assassiné. А ce moment-là, le temps des troubles était à son apogée.
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Une guerre paysanne a éclaté rage dans tout le pays, un tsar en grande partie illégitime, Vassili Chouïski, était sur le trône, un autre imposteur s’appelant également Dmitri est apparu… Au milieu de tout cela, L’Union polono-lituanienne a envahi la Russie et a pris Moscou. Ce n'est qu'en 1612-1613, après une décennie de chaos, que le peuple russe a formé une armée populaire qui a évincé les Polonais du Kremlin de Moscou. Kouzma Minine et le prince Dmitri Pojarski, les chefs de la milice, ont aidé à restaurer la monarchie en Russie. La dynastie des Romanov était désormais sur le trône russe.
Le temps des troubles a coûté à la Russie environ un quart de sa population. Les terres arables ont fortement diminué, et la nouvelle génération de paysans née pendant ces années ne savait pas comment cultiver correctement la terre. Au milieu du XVIIe siècle, la population russe n'était pas encore revenue aux niveaux du XVIe siècle, quand une nouvelle catastrophe s'est produite...
Émeute de la peste à Moscou en 1771, une aquarelle des années 1930 par E. Lissner
E. LissnerEn 1653, une réforme controversée de l'Église (appelée en russe « Raskol » ou « schisme ») a été initiée par le patriarche Nikon. Elle fut suivie de plusieurs événements « apocalyptiques » : en 1654, une épidémie de peste a frappé la Russie centrale. Étant donné que c'était la première fois que les Russes faisaient face à une épidémie de masse, ils n'étaient pas du tout préparés. Le tsar Alexeï Mikhaïlovitch, les plus hauts chefs militaires, et l'armée ont survécu par pure chance - ils étaient tous en guerre contre l’Union polono-lituanienne, et la famille du tsar a été rapidement évacuée de Moscou.
La ville était déserte - la plupart de la population a fui ou est décédée pendant la peste. Les Moscovites en fuite ont emmené la peste dans d'autres villes et villages de Russie centrale. Les historiens pensent que jusqu'à 800 000 personnes sont mortes en 1653-1654.
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De plus, le 12 août 1654, une éclipse de Soleil s'est produite. Bien visible, elle a été prise comme le présage le plus sombre de l'époque. Même le patriarche Nikon et le tsar étaient en panique. Après la fin de la peste, les Russes ont encore subi ses conséquences comme la famine et une économie chancelante. D’un autre côté, les Russes ont acquis de l'expérience dans la lutte et la prévention des maladies de masse.
Des soldats de l'Armée rouge dans les rues, 1918
Yakov Steinberg/МАММ/MDF/russiainphoto.ruMême les vigoureuses réformes de Pierre le Grand, qui ont bouleversé la vie des Russes, ou la Guerre patriotique de 1812, qui a mobilisé l'énergie de presque toute la nation pour vaincre la Grande Armée de Napoléon, étaient sans comparaison avec le désastre survenu en Russie sous le règne de Nicolas II, probablement le tsar le plus malchanceux de toute la dynastie des Romanov.
Lorsque son règne a commencé avec la tragédie de Khodynka, beaucoup y ont vu un signe lugubre. La politique floue de Nicolas l'a conduit à une guerre contre le Japon en 1905, qui a déclenché la première révolution russe (1905), et a à son tour modifié le régime russe - la Douma d'État, le premier parlement de Russie, est apparue, mais le tsar a rapidement rendu toutes ses décisions caduques en rendant nécessaire sa confirmation personnelle - ce qui a rendu la Douma inutile !
Après les événements de 1905, l’activité révolutionnaire est allée crescendo en Russie. Vladimir Lénine, Joseph Staline et de nombreux autres futurs bolcheviks se sont fixé pour but de renverser le gouvernement tsariste, qui a poursuivi sa folle politique militariste. La Première Guerre mondiale, à laquelle l'armée impériale russe n'était absolument pas préparée, a déclenché la Révolution de février 1917, suivie de la Révolution d'octobre 1917, qui a amené les bolcheviks au pouvoir. Après cela, la structure de l'État a dû être reconstruite quasiment à partir de zéro et avec peu de ressources humaines.
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La Russie, sa population partagée entre les régimes bolchevique et monarchiste, est tombée dans le chaos de la guerre civile (1917-1923) qui a coûté la vie à environ 11 millions de personnes et a poussé deux autres millions de personnes à fuir le pays. Le produit intérieur brut a été divisé par cinq. La situation a été exacerbée par des maladies infectieuses de masse : en 1918-1920, environ 25 millions de personnes ont contracté le typhus, il y a eu des accès de choléra et de dysenterie, le pays a également été touché par la pandémie de grippe espagnole en 1918, et une autre grande famine en 1921-1922... Un véritable enfer. Le nombre exact de Russes qui ont péri pendant cette période est impossible à calculer précisément.
Ce qui est encore pire, c’est que le pays comptait de nombreux orphelins sans-abri - un terreau fertile pour l’explosion de la criminalité qui a suivi dans les années 1920-1930.
Des soldats soviétiques dans les tranchées pendant la Seconde Guerre mondiale
Vsevolod Tarasevitch/MAMM/MDF/russiainphoto.ruLes calamités du régime stalinien étaient en grande partie une continuation de la prise du pouvoir par les bolcheviks. Après une courte période de calme relatif en 1924-1929, le gouvernement a commencé sous Staline à « resserrer la vis » avec une collectivisation massive du secteur agricole (1928-1940), qui visait à transformer les fermes individuelles et les propriétés foncières en fermes collectives contrôlées par l'État. Les paysans se sont d'abord opposés à la politique, car il s'agissait d'une destruction d’un mode d'agriculture éprouvé par les siècles. Des milliers de révoltes paysannes petites et grandes ont éclaté, face auxquelles le gouvernement a employé des méthodes répressives inhumaines. Les fauteurs de troubles « ordinaires » ont été déportés et envoyés dans des camps de travail, et leurs meneurs exécutés. Les historiens disent que la collectivisation a coûté la vie à environ 10 millions de personnes.
La collectivisation a débouché sur une autre famine de masse, en 1932-1933, qui a affecté non seulement la Russie, mais aussi le Kazakhstan, l'Ukraine, le Caucase du Nord et a coûté la vie à environ 11 millions de personnes.
L'industrialisation de l'économie et de la production soviétiques, stimulée par des « plans quinquennaux », battait son plein, entraînant une nouvelle vague de répressions contre les paysans et les ouvriers. Le goulag (« Direction principale des camps ») a été créé en 1930. Jusqu'à 40 millions de personnes ont été exécutées, emprisonnées, blessées et traumatisées par les répressions d'une manière ou d'une autre. Le visage de la nation russe a changé à jamais après les années 1930. Puis vint la Seconde Guerre mondiale…
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Fait paradoxal : sans les politiques de collectivisation et d'industrialisation de Staline, l'URSS aurait eu peu de chances de résister à l'assaut de l'armée nazie. Toutefois, il est également évident que la Seconde Guerre mondiale a eu un bilan monstrueux - plus de 26 millions de morts, bouleversant la vie des habitants de manière irréversible.
Après toutes les catastrophes que le pays a subies au cours de la première moitié du XXe siècle, il est presque miraculeux que les Russes soient parvenus à tenir bon et à bâtir l’État dans lequel ils vivent aujourd’hui.
Quels pays ont conquis la Russie ? Trouvez la réponse dans cet article.
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