Ce monument a survécu même à la reconstruction de la capitale russe de 1930, lorsque la plupart des monuments et de bâtiments de l’époque tsariste ont été tout simplement démolis. La raison de sa survie réside dans le message patriotique qu’il incarne - l’unité entre le peuple (Minine) et le pouvoir (Pojarski). C’est cette unité qui avait permis à l’époque de sauver Moscou contre l’invasion étrangère. Mais qui étaient-ils ?
Le début du XVIIe siècle est connu sous le nom de « Temps des troubles » dans l'histoire russe. Dans le même temps, le pays traversait une crise de succession du trône et était aux prises avec une révolte paysanne. Un imposteur connu sous le nom de faux Dmitri II, se faisant passer pour le fils d'Ivan le Terrible, se tenait près de Moscou avec ses troupes, tandis que l'ancien tsar Vassili Chouïski était destitué du trône.
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En 1610, le gouvernement constitué de sept boyards qui avait repris le pouvoir de la Moscovie a décidé de remettre la ville à l'armée polonaise. Les dirigeants militaires polonais voulaient couronner le prince Vladislav roi de Russie. Mais en 1611, les forces polonaises ont été encerclées à l'intérieur du Kremlin et ont commencé à mourir de faim. C'était le moment d’expulser les envahisseurs hors de la capitale russe, et c'est alors que Minine et Pojarski sont entrés sur la scène historique.
Ses origines sont mystérieuses - nous ne connaissons même pas le nom de son père. Certaines rumeurs affirmaient que Minine descendait d’un khan tatar, mais il n'y a aucune preuve de cela. Ce qui est clair, c'est que Kouzma était un citoyen de Nijni Novgorod, il était boucher et jouissait d'un certain prestige. Très charismatique, Minine apparaissait souvent à des rassemblements publics et a persuadé les gens de constituer des troupes et de bouter les Polonais hors du Kremlin, afin de restaurer un pouvoir russe en Russie.
Utilisant ses liens, Minine a évalué la propriété des citoyens de Nijni Novgorod et leur a fait payer un tiers de leurs économies pour soutenir la création d’une milice populaire. Les biens de ceux qui avaient refusé de payer furent confisqués. Ce financement public obligatoire a aidé à former le noyau d’une milice composée de guerriers professionnels qui a pu se démarquer contre les troupes polonaises assiégées au Kremlin de Moscou - l'une des meilleures forteresses d'Europe.
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Descendant d'une lignée de princes, Dmitri Pojarski avait le rang élevé de stolnik du tsar. Contrairement à la plupart des hauts gradés, Pojarski était reconnu pour ses principes moraux élevés. Dépourvu de vanité et de cupidité, modeste en public et fidèle à sa patrie, il était en même temps doux et introspectif. Au service de Vassili Chouïski, il combattit les envahisseurs polonais, et quand les sept boyards décidèrent de convoquer Vladislav sur le trône de Russie, il s'opposa fermement à cette décision perfide. Au début de l’année 1611, Pojarski a combattu à Moscou contre les Polonais avec la milice populaire et a aidé à bloquer les envahisseurs à l'intérieur du Kremlin. Mais il a été blessé et emmené à son manoir dans la région de Nijni Novgorod.
Après son rétablissement, les membres de la seconde milice populaire ont choisi Pojarski comme chef militaire. Il a accepté à la condition que Minine supervise toutes les finances et l'équipement de l'armée populaire. Minine et Pojarski envoyèrent des lettres à de nombreuses villes centrales, réclamant des troupes de toutes les terres de Moscovie. En mars, la milice s'est rendue à Iaroslavl, où elle a rassemblé de nouvelles troupes, et a même persuadé les gouvernements suédois et germanique de leur envoyer des renforts pour vaincre les Polonais.
Au début du mois de septembre 1612, la milice est arrivée à Moscou. A l’issue de trois jours de combats acharnés, les forces polonaises ont été expulsées de la ville. Le Kremlin se rendit en deux mois - la garnison polonaise assiégée était affamée au point de se livrer à des actes de cannibalisme. Le 5 novembre 1612, toutes les forces ennemies étaient hors du Kremlin. C'est pourquoi le 4 novembre est commémoré comme la journée de l'unité nationale en Russie - en mémoire de la milice populaire unie qui a vaincu les envahisseurs et sauvegardé la souveraineté russe.
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Kouzma Minine et Dmitri Pojarski ont continué à servir le tsar russe après la fin du temps des troubles. Ils ont occupé tous deux des rangs élevés à la cour du tsar jusqu'à la fin de leurs jours.
L'érection du monument à Kouzma Minine et Dmitri Pojarski a été suggérée pour la première fois en 1803, et en 1808, l'empereur Alexandre Ier a approuvé l'idée et a publié un décret ordonnant de récolter des fonds pour le monument. La guerre russo-napoléonienne de 1812 n’a fait que renforcer les sentiments patriotiques qui avaient inspiré cette idée.
Le monument a été coulé en 1816 avec 1 100 tonnes de cuivre - ce fut le premier monument de cette taille de l'histoire à être coulé en une seule procédure, qui a duré 10 heures. Le 20 février 1818, le monument fut présenté au public. Il a été placé au centre de la place Rouge, devant l'entrée centrale des rangées commerciales supérieures, lieu désormais connu sous le nom de Goum. Plus tard, en 1931, le monument a été déplacé à son emplacement actuel près de la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux afin de libérer de l'espace sur la place Rouge pour les parades militaires. Le monument est une partie intrinsèque de l'image de la place Rouge. « Au citoyen Minine et au prince Pojarski la Russie reconnaissante », dit l’inscription.
Avec l’aide d’un ambassadeur autrichien qui vivait à Moscou au XVIe siècle, nous avons préparé un guide touristique classique de Russie spécialement pour les voyageurs dans le temps.
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