Un bistrot, au sens français du terme, est un petit établissement servant des repas simples et des boissons bon marché.
Or, il existe une légende affirmant que ce mot est d'origine russe. En 1814, après que les troupes du tsar ont repoussé Napoléon jusqu'en France et pris Paris, beaucoup d'officiers russes se sont restaurés dans les cafés de la capitale. Irrités par la lenteur des serveurs locaux, les Russes auraient alors pris l’habitude de s’écrier : « быстро ! » (« bystro », « vite »). Les Français auraient donc finalement emprunté le mot russe pour nommer les établissements de ce type.
En 1964, a même été accrochée une plaque à Paris, au 6, Place du Tertre, par le syndicat d’initiative du Vieux Montmartre, qui indique que le mot aurait été prononcé pour la première fois à cet endroit.
Néanmoins, il y a un petit problème : il s’agit purement et simplement d’une légende, et voici pourquoi.
Tout d'abord, les officiers russes de 1814 n'avaient pas besoin de crier en russe, car ils parlaient tous un français irréprochable, ce qui était un must pour tout noble du pays, et tous les officiers de l'armée impériale étaient nobles.
Deuxièmement, même s'ils s’étaient exclamés « bystro ! », ce mot n'est apparu dans la langue française qu'à la fin du XIXe siècle. Certains pensent alors que le terme aurait été emprunté à la langue russe après la guerre franco-prussienne de 1870, à laquelle ont participé plusieurs régiments de mercenaires cosaques. Cependant, dans les années 1870, le mot ne désignait pas encore un petit café.
Les philologues français avancent par conséquent que « bistrot » est vraisemblablement issu du poitevin « bistraud » (« petit domestique »), de l’argot « bistingo » (« cabaret »), ou de « bistouille » (synonyme de « mauvais alcool » ou, dans le Nord de la France, de café dans lequel on rajoute de l’alcool). Ainsi, comme s’accordent les spécialistes, son étymologie reste difficile à tracer, mais son origine russe apparaît très peu probable.
Dans cet autre article, nous nous intéressons au fabuleux trésor de Napoléon, qui demeurerait encore quelque part en Russie.