L'invitation aux Varègues de Viktor Vasnetsov
Maison-musée Viktor VasnetsovSelon d'anciennes chroniques russes, Riourik, dirigeant légendaire des Varègues (scandinaves), avec ses frères et une suite, se rendit dans le nord de la Russie et s'installa à Novgorod (avec Kiev au sud, Novgorod était l'un des deux centres du jeune État russe). Selon la légende, Riourik se serait vu demander de diriger les tribus slaves car « il n’y avait pas d’ordre entre elles ». Il a accepté l’invitation et est devenu le premier souverain connu de la jeune Russie. C'est à partir de cette date que l’histoire de l’État russe commence.
Comme le dit le célèbre historien du XIXe siècle, Sergueï Soloviev, « l'invitation des premiers princes a une grande signification dans notre histoire. Il s'agit d'un événement entièrement russe et il est juste de faire commencer l'histoire russe ici ». Pour la première fois, différentes tribus slaves ont été réunies sous un même pouvoir, celui des Varègues, en l'occurrence.
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Certains historiens nient les connotations pacifiques de l'invitation, affirmant que Riourik avait été convoqué en tant que mercenaire et chef militaire, mais avait ensuite organisé un coup d'État, renversé les anciens et était ainsi devenu dirigeant du nord des terres slaves. Plus tard, la dynastie qu'il avait créée étendit son contrôle sur tous les anciens territoires russes, y compris Kiev, qui devint la capitale du nouvel État. Peu à peu, selon les mots d’un voyageur juif, les Varègues « ont adopté leur langue [slave] et se sont mélangés à eux ».
Baptême de la Russie de Viktor Vasnetsov
Gelerie TretiakovLa Rous’ de Kiev, un immense et ancien État slave qui couvrait de vastes territoires de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie contemporaines, a été baptisée en 988 par le grand prince Vladimir. On pense qu’il a choisi la version orthodoxe du christianisme principalement en raison des liens étroits qu’il entretenait avec l’empire byzantin, où ce rite était pratiqué. Les relations avec l’empire ont été maintenues jusqu’à la fin du XVe siècle, à la suite de quoi Moscou s’est déclaré successeur de Byzance et « Troisième Rome ». Ainsi, la décision de Vladimir a déterminé la trajectoire du développement historique de la Russie.
De plus, le christianisme est devenu un autre facteur important qui a rassemblé les différents fragments des territoires slaves. « L’acceptation du christianisme a marqué le début de la formation de la communauté nationale russe grâce à l’unification des communautés tribales, des couches sociales et des individus dans l’espace spirituel commun de l’Église du Christ », a déclaré l’évêque orthodoxe russe Hilarion Alfeïev lors d’une conférence consacrée au prince Vladimir il y a quelques années.
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Vladimir est un saint vénéré en Russie et un monument imposant au prince a été dévoilé solennellement il y a deux ans près du Kremlin.
Bataille de Koulikovo de Sergueï Prissekine (1980)
Global Look PressIl existe également une opinion selon laquelle l'événement qui a unifié la nation russe a eu lieu 400 ans plus tard, lors de la bataille de Koulikovo. En 1380, sous le commandement du prince de Moscou, Dmitri, les Russes défirent les troupes de khan Mamaï, un puissant commandant de l'immense État mongol de la Horde d'Or.
L’invasion mongole du milieu du XIIIe siècle a dévasté la Rus’ et, depuis lors, les principautés russes ont été contrôlées par des dirigeants mongols de la horde. Dmitri a rassemblé une énorme armée comprenant des soldats de presque toute la principauté russe et a combattu avec acharnement contre les troupes de Mamaï. Dmitri lui-même s'est battu sur la ligne de front et a été surnommé « Donskoï » après cette victoire.
« Les Russes sont allés sur le champ de Koulikovo en tant que citoyens de diverses principautés et sont revenus comme une nation russe unie », a écrit le célèbre historien russe du XXe siècle Lev Goumilev.
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Kouzma Minine et Dmitri Pojarski au musée d’art d’État de Nijni Novgorod
Musée d'art national de Nijni-Novgorod« À la fin de l’année 1611, le gouvernement de Moscou semblait presque complètement anéanti. Les Polonais avaient pris Smolensk. Les troupes polonaises avaient brûlé Moscou et capturé le Kremlin, avant de s’y établir. Les Suédois avaient pris Novgorod et proposé leur candidat au trône de Moscou », a déclaré l'historien Vassili Klioutchevski à propos du soi-disant Temps des troubles.
Cependant, alors que tout le pays semblait au bord du gouffre, les classes moyenne et inférieure se sont réunies et ont pris le combat pour la Russie entre leurs propres mains. Kouzma Minine, boucher et fonctionnaire municipal à Nijni-Novgorod (à 400 km de Moscou), a organisé une armée populaire avec le prince Dmitri Pojarski. Elle libéra Moscou et créa les conditions pour l'ascension sur le trône du tsar Mikhaïl, père fondateur de la nouvelle dynastie (Romanov), maintenant ainsi l’existence de la Russie en tant qu'État souverain.
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