Alexandre Souvorov n’a jamais perdu la moindre bataille au cours de sa longue carrière militaire. Parmi ses plus de 60 victoires, la plus ardue a certainement été celle du siège de la forteresse turque d’Izmaïl, en 1790.
C’était à l’époque des guerres russo-turques et cette citadelle située sur le Danube endossait une importance stratégique. Solidement fortifiée, elle possédait de hauts remparts et des fosses d’une profondeur de dix mètres. Sa garnison était composée de 35 000 soldats (la moitié desquels étaient des janissaires, troupes d’élite turque), tandis que Souvorov disposait approximativement de 31 000 combattants.
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Le déséquilibre des forces en présence ne semblait toutefois pas déstabiliser Souvorov, qui a fait parvenir aux Turcs le message suivant : « Vous avez 24 heures pour les délibérations, puis la liberté. Mon premier tir signifie la captivité. Mon assaut, la mort ». La réponse du chef de la défense d’Izmaïl n’a cependant pas été moins audacieuse : « Que le Danube se mette à couler dans le sens inverse et que le Soleil tombe sur Terre est plus probable qu’Izmaïl se rende ».
Souvorov a alors entrainé ses hommes à franchir les fosses et les remparts durant 6 jours, puis a lancé une attaque contre la forteresse juste avant la tombée du jour et dans trois directions. Les Turcs ont été quelque peu désemparés par cette initiative, ne s’attendant pas à une frappe en plusieurs endroits. La bataille a été féroce, les Turcs défendant avec véhémence leur cité. Néanmoins, le lendemain matin, les Russes se sont emparés des fortifications externes et ont ainsi pu entrer dans Izmaïl. Les combats dans les rues se sont ensuite rapidement transformés en bains de sang.
« Il y avait des tirs depuis chaque bâtiment. Se battaient non seulement les hommes, mais également les femmes, qui attaquaient les Russes avec des dagues dans leurs mains, comme si elles cherchaient désespérément la mort. Des toits en flammes s’écroulaient. Plusieurs milliers de chevaux s’échappaient des écuries en feu et parcouraient à toute allure les rues, accroissant le chaos », dépeint un historien russe du XIXe siècle.
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À 16 heures, la forteresse est tombée. Lors de cet épisode, les Turcs ont essuyé la perte de 26 000 des leurs, et 9 000 ont été faits prisonniers. De leur côté, les Russes ont perdu 2 200 soldats. Des années plus tard, Souvorov a confié qu’« on ne peut oser attaquer une telle forteresse qu’une seule fois dans sa vie ».
Commandant de la marine au XVIIIe siècle, Fiodor Ouchakov ne compte également aucune défaite à son actif. Il peut même se targuer du fait que, sous son contrôle, aucun navire russe n’a été détruit et qu’aucun des marins sous ses ordres n’a été fait prisonnier.
C’est contre les Turcs, au sud, qu’il a remporté la majeure partie de ses victoires. Pourtant, contrairement aux forces terrestres russes traditionnellement puissantes, la flotte de la mer Noire suivait, à la fin du siècle, encore son processus de création et était bien inférieure à celle de Turquie. Toutefois, tout a changé quand, en mars 1790, Ouchakov a été nommé à sa tête. Il a en effet placé l’accent sur l’entrainement et a rompu avec les traditions rigides existantes des batailles navales, soutenant une approche plus flexible et innovante permettant aux navires de manœuvrer activement durant les affrontements.
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Or, ces nouveautés ont porté leurs fruits face aux Turcs lors de la bataille de Tendra, au large des côtes bulgares, en septembre 1790. La flotte ottomane était bien plus imposante : 14 vaisseaux contre 10. Néanmoins, Ouchakov a décidé d’attaquer et de concentrer ses tirs sur les principaux navires ennemis. Les Turcs n’ont pu résister à cette offensive et ont pris la fuite. « Notre flotte a chassé et a battu l’ennemi au cours de son entière retraite », a ultérieurement rapporté le commandant. La traque a duré deux jours et les Russes sont parvenus à couler le vaisseau amiral adverse et à en capturer un autre. Au total, les Turcs ont perdu six navires et plus de 2 000 soldats. Les Russes, quant à eux, ont enregistré 21 morts et 25 blessés seulement.
« La bataille de Tendra est entrée dans l’histoire théorique navale mondiale. L’amiral Ouchakov était un innovateur en termes de tactiques de manœuvres des batailles navales ayant prouvé leur efficacité et entrainé la fin de la domination de la Turquie sur la mer Noire », a assuré un historien militaire russe.
C’est en URSS, au cours de la Seconde Guerre mondiale que ce troisième personnage a révélé ses talents. Gueorgui Joukov a, à quatre reprises, été désigné Héros de l’Union soviétique et compte de nombreuses autres distinctions. Il a représenté son pays lorsque l’Allemagne a signé l’acte de sa capitulation sans condition et il est celui ayant inspecté la parade de la Victoire à Moscou en juin 1945.
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Joukov a joué un rôle crucial dans la planification et l’exécution des opérations clefs de l’Armée rouge sur le front germano-soviétique, et notamment pour la dernière, la bataille de Berlin. Son Premier front biélorusse avait alors pour mission d’y attaquer les positions allemandes, pourtant ardemment défendues.
L’offensive a débuté durant la nuit du 16 avril par des tirs d’artillerie puissants et coordonnés. Ensuite, toujours avant l’aurore, des chars ont fait irruption sur le champ de bataille, soutenus par l’infanterie. Cela a été rendu possible grâce à l’aide de nombreux projecteurs, installés derrière les troupes en marche.
En deux semaines, le 1er mai, le drapeau rouge était dressé sur le bâtiment du Reichstag, indiquant que la capitale allemande était capturée. La plupart des historiens apprécient le génie militaire de Joukov, certains le surnommant même le « Paganini de l’art martial ».
Dans cet autre article nous vous narrons l’épisode où Souvorov s’est battu en Suisse contre l’armée napoléonienne et a failli perdre son statut d’invaincu.
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