Femme de marchand prenant le thé, Boris Koustodiev
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Le thé n’a été introduit en Russie qu’au XVIIe siècle : en 1638, il en a été offert au tsar Michel Ier. Au XIXe siècle, le thé est ensuite devenu la boisson numéro un, non seulement pour les aristocrates et les marchands, mais aussi pour les gens ordinaires. Il était difficile de trouver une maison qui ne possédait pas un samovar et une bouilloire. Ils buvaient cependant souvent leur boisson d’une manière particulière : vprikouskou (вприкуску, littéralement : par mordillement). Voyons ce que cela signifie.
Salon de thé à Moscou, 1916, Boris Koustodiev
Galerie TretiakovLes feuilles séchées aux origines lointaines sont utilisées depuis longtemps comme médicament. Cette boisson n’était toutefois pas accessible à tous, mais seulement aux personnes très riches : pour une livre de thé (un peu plus de 450 grammes), il fallait compter entre deux et six roubles, alors que 16 kilogrammes de farine de seigle ne coûtaient que 35 kopecks. Cependant, au fil du temps, le thé est devenu une boisson véritablement populaire.
Cocher prenant le thé, 1920, Boris Koustodiev
Alexeï Sverdlov/SputnikIl était accompagné de confitures, de sucreries diverses, de fruits secs et de pâtisseries. Et, bien sûr, de sucre : comme ce dernier était assez cher, les gens ont trouvé une façon originale de prolonger le plaisir. Ils buvaient le thé en serrant un morceau de sucre (qui était à cette époque quasi semblable à une pierre) entre leurs dents, c’est-à-dire en le mordillant. Ainsi, le plaisir durait longtemps, pendant plusieurs tasses. En revanche, la méthode gaspilleuse, qui consiste à ajouter du sucre dans la tasse et à remuer, était appelée « vnakladkou » (внакладку, littéralement : par recouvrement). Les plus entreprenants, cependant, buvaient le thé « vdogonkou » (вдогонку, littéralement : par poursuite) : pour cela, l’on plaçait un morceau de sucre sur une tranche de pain et on le déplaçait progressivement au fur et à mesure que l’on avalait la tartine, le laissant pour plus tard, parfois même pour un repas ultérieur.
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