Le phénomène du BUTTERBROT en Russie

Gastronomie
ALEXANDRA GOUZEVA
Les Russes préparent leurs propres tartines spéciales qui n’ont rien à voir avec des plats similaires d’autres pays. Depuis l’époque soviétique, toute une culture s’est développée autour d’elles.

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Sandwich, burger, panini, bruschetta, croque-monsieur, smørrebrød… Il semble que toutes les cuisines nationales aient leur propre version de pain servi avec une variété de garnitures. Et, bien sûr, la Russie a sa propre variante de ce plat.

Les Russes peuvent manger leurs tartines au petit déjeuner, au déjeuner ou au dîner, comme collation et comme plat de fête. Ils les donnent aux enfants comme collation à l’école et en même temps grondent ceux qui ne font qu’en manger, puisque c’est de la nourriture « sèche » ! Il est tout simplement incroyable combien d’amour et de haine ce morceau de pain avec des garnitures différentes peut provoquer parmi les habitants du pays.

Comment se fait-il que les Russes aient un plat traditionnel avec un nom allemand ?

Cette question intéressante nécessite un certain contexte historique. Les Russes ont toujours été une « nation du pain » en raison de l’énorme quantité de blé cultivé dans leur pays. Pas un seul repas n’était complet sans pain, qui était traité avec beaucoup de respect. Il existait même un proverbe, « Le pain est la canne de la vie », qui signifie que c’est sur ce produit qu’une personne s’appuie dans sa vie.

La tradition de mettre quelque chose sur un morceau de pain est apparue en Russie à l’époque de Pierre le Grand et est venue d’Allemagne. Dans les foyers aisés, l’on a commencé à servir des tranches de pain et une assiette de garnitures (porc bouilli, saumon fumé, caviar) afin d’accueillir les invités. Habituellement, un tel plat était servi en apéritif avec un verre de boisson forte.

Quand le mot « butterbrot » est-il apparu en Russie ?

Le dictionnaire russe de la fin du XIXe siècle dit que « butterbrot » est un mot étranger qui est entré dans la langue russe, et c’est un morceau de pain avec du beurre, du fromage, du jambon et d’autres choses.

Un tournant décisif dans l’histoire des butterbrots en Russie s’est produit à la fin du XIXe siècle et, en fait, est lié au beurre. C’est alors qu’il s’est répandu et populaire en Russie.

Auparavant, seule une sorte de « beurre clarifié » préparée à partir de lait cuit au four était produite dans le pays. Il était principalement ajouté aux bouillies ou utilisé pour la cuisson des aliments. Le beurre ordinaire était importé de Finlande et n’était pas destiné à une large consommation. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que l’Empire russe a entamé sa propre production de beurre. Elle était située dans la ville de Vologda (480 km au nord de Moscou), et depuis lors, le beurre local est devenu une marque bien connue dans le pays et à l’étranger.

La version soviétique du butterbrot

En fait, c’est à l’époque soviétique que cette collation nutritive et savoureuse est devenue un phénomène culturel répandu. Les Soviétiques ont tout fait pour faciliter la vie des femmes au foyer, et donc cette nourriture, qui ne nécessite pas beaucoup de temps pour la préparation, est devenue très populaire dans le pays et était consommée pour le petit-déjeuner et le déjeuner, emportée à l’école et au travail, et pouvait également être utilisée comme une collation du soir avec du thé.

Imaginez, quand votre journée de travail à l’usine commence à 6 heures du matin. La seule chose que vous parviendrez à prendre pour le petit-déjeuner est un morceau de pain et une tranche de fromage ou de jambon (même sans beurre). Ou si vous n’avez pas le temps de déjeuner, une collation facile et rapide est à nouveau un butterbrot. Enfin, imaginez un week-end d’hiver froid où vous êtes trop paresseux pour cuisiner, mais que vous voulez boire du thé chaud avec quelque chose de sucré. Dans ce cas, une tranche de pain parfumée d’une cuillerée de confiture rustique de prune, de pomme ou de cassis est une excellente option !

Il y avait essentiellement deux types de pain en Union soviétique : le pain blanc et le pain noir. Le blanc était polyvalent et adapté à toutes sortes de garnitures ; tandis que le noir était généralement consommé avec du jambon, des saucisses ou du poisson.

Fait intéressant : les Soviétiques ne mangeaient pas de fromage seul, avec un verre de vin, ils en préparaient des sandwichs (ou ils le râpaient et l’ajoutaient aux pâtes et à la viande). Le fait est que le pays ne pouvait pas se vanter d’une grande variété de fromages, le parmesan et la mozzarella n’étaient pas du tout disponibles, sans parler des variétés plus raffinées.

Les sandwichs au fromage étaient souvent consommés dans la vie de tous les jours, tandis qu’à l’occasion des fêtes, comme le Nouvel An, l’on préparait des butterbrots au beurre et au caviar. Une autre idée purement soviétique pour une table de fête était de décorer un sandwich avec de l’esturgeon fumé ou du saumon salé, ainsi qu’une rondelle de citron !

Depuis l’époque soviétique, des sandwichs sont servis dans tous les buffets de théâtre. Ainsi, à l’entracte, vous pourrez vous régaler d’un « classique », un simple sandwich au beurre et fromage, ou une version plus sophistiquée de cette collation au caviar ou au poisson.

Top 5 des butterbrots selon Russia Beyond :

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