Ces architectes français qui ont changé le visage de Moscou et Saint-Pétersbourg

En bref
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Bien que toutes les idées de ces brillants architectes n’aient pas été concrétisées, des traces de leurs activités sont aujourd’hui visibles en Russie.

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Jean Baptiste Leblond

Ayant visité la France en 1717, Pierre Ier s’est inspiré de l’architecture et de l’aménagement paysager français. « Je veux créer un potager qui ne sera pas pire que celui de Versailles », a décidé le tsar russe, avant de se mettre résolument au travail. Pour que Saint-Pétersbourg, alors en construction, ne soit en rien inférieure aux capitales européennes, il a embauché de nombreux spécialistes étrangers, dont l’architecte Jean Baptiste Leblond.

Au cours de ses deux années de travail en Russie, interrompues par sa mort de la variole, ce Français a réussi à créer un plan directeur pour la nouvelle capitale, selon lequel la ville était inscrite sous la forme d’un ovale rempli d’une matrice de rues se croisant à angle droit et plusieurs places. Toutefois, une telle organisation de l’espace urbain ne s’adaptait pas aux caractéristiques du paysage local et le projet de Leblond a été rejeté.

Cependant, la ville contient tout de même des traces des idées du Français. C’est ainsi lui qui a proposé le plan du parc supérieur de Peterhof, de Strelna, du grand palais de Peterhof et du Palais d’été de l’empereur russe. Leblond a en outre laissé une innovation : le lampadaire à pétrole, inconnu auparavant des habitants de Russie.

Jean-Baptiste Vallin de la Mothe

Avec son cousin, Jean Baptiste a travaillé sur le projet de construction de l’Académie des Arts de Saint-Pétersbourg. Pour survivre à sa rupture avec sa bien-aimée, il a décidé d’apporter personnellement les dessins au pays du tsar, puis y est resté pour travailler sous contrat.

À cette époque, les travaux de construction de bâtiments publics battaient leur plein dans la Venise du Nord. La première œuvre de Vallin de la Mothe, qui avait réussi à gagner la confiance de Catherine II elle-même, a été le Gostiny Dvor. Par la suite, l’architecte français a travaillé à la création du Petit Ermitage, du palais Ioussoupov, de l’église Sainte-Catherine, ainsi qu’aux intérieurs du Palais d’Hiver.

Fondateur du classicisme dans l’architecture russe, de la Mothe a réalisé tous ses projets conformément à ses conceptions de la symétrie, de l’équilibre de la composition et avec une majesté solennelle, soulignés par le décor et les sculptures.

La maladie de son père a néanmoins contraint Jean-Baptiste à se rendre d’urgence en France, où il a vécu le reste de ses jours.

Nicolas Legrand

Comme beaucoup d’autres architectes étrangers, Legrand est arrivé en Russie à l’invitation de l’Académie des Arts de Saint-Pétersbourg. Cependant, son activité s’est étendue à Moscou, où il est rapidement devenu l’architecte en chef.

Le travail de cet adepte français du classicisme, qui a travaillé activement sur de nombreuses commandes publiques et privées, est parfois difficile à attribuer, mais l’on sait avec certitude que c’est lui qui a créé le complexe du Kriegskomissariat principal sur le quai Sadovnitcheskaïa et l’église de la dormition de la Vierge sur Moguiltsy.

Toutefois, la réalisation la plus importante de Legrand est le nouveau plan de la ville, développé selon le principe d’un anneau avec des rayons. Le besoin en est apparu au milieu du XVIIIe siècle, lorsque les bâtiments chaotiques en bois ont commencé à être remplacés par des bâtiments en pierre. Legrand, qui connaissait apparemment très bien la structure des capitales européennes, a décidé de supprimer les remparts de la Ville Blanche (quartier historique de Moscou, situé derrière le Kremlin et Kitaï-Gorod), et de créer à leur place la célèbre Anneau des boulevards.

Le Corbusier

Pionnier du modernisme et du fonctionnalisme, Le Corbusier aimait fantasmer sur la reconstruction des grandes villes. Au début des années 1920, il a proposé de démolir 240 hectares du vieux Paris, et au début des années 1930, alors qu’il participait à un concours pour le plan directeur de reconstruction de la capitale soviétique, il rêvait déjà à la manière de dégager le centre historique de Moscou.

Les idées extravagantes de l’architecte français visant à créer une « cité-jardin » n’ont pas trouvé la compréhension de Joseph StalineEn outre, le dirigeant soviétique a rejeté le projet de Palais des syndicats proposé par Le Corbusier. 

Mais l’infatigable architecte a néanmoins contribué à façonner l’apparence de la capitale du Pays des Soviets. Outre le fait que ses idées ont été activement utilisées dans la création de bâtiments résidentiels standardisés de la ville, il existe à Moscou un bâtiment construit selon les plans du maître. Il s’agit du bâtiment Tsentrsoyouz, le premier « centre d’affaires » de l’histoire de Moscou doté d’un espace de travail parfaitement pensé. En 2015, un monument à l’architecte a été inauguré à côté.

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