Quel bilan pour l’industrie touristique russe à l’issue de 2021?

Économie
ERWANN PENSEC
Secteur frappé de plein fouet par la crise sanitaire, il a subi de profondes métamorphoses et arbore désormais différents indicateurs laissant entrevoir une amélioration.

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Alors que l’année 2021 a, à son tour, été marquée par la pandémie, de nombreuses restrictions ont continué à être imposées de par le monde, impactant fortement le secteur touristique, bouleversant les comportements des voyageurs. L’Association des tour-opérateurs de Russie (ATOR) a à cet égard dévoilé son bilan.

Tourisme intérieur

Il en ressort tout d’abord que le pan intérieur de l’industrie touristique russe semble être globalement parvenu à garder la tête hors de l’eau, voire même parfois à tirer parti de la situation pour se développer. En effet, plusieurs facteurs l’y ont aidé, principalement la vaste fermeture des frontières, qui a obligé les vacanciers à demeurer dans leur pays, mais aussi la politique menée par les autorités visant à proposer un remboursement de certains frais aux personnes faisant le choix de voyager dans les limites du territoire fédéral, ou encore les efforts consentis par les voyagistes pour augmenter leurs volumes et intensifier les liaisons aériennes internes.

« Grâce à l'ouverture de nouvelles possibilités de repos en Russie, le nombre de touristes de retour dans les régions russes a augmenté de 8 à 10% », commente Maïa Lomidze, directrice exécutive de l'ATOR, qui note en outre que, selon les estimations, à l’issue de 2021, le flux total de touristes intérieurs ne serait que de 5 à 10% inférieur au niveau pré-pandémique.

En réalité cependant, compte tenu de la conjoncture, des résultats records étaient attendus pour le tourisme intérieur cette année. Néanmoins, les chiffres ont finalement été nivelés par des restrictions entrées en vigueur dans diverses régions populaires de Russie, qui ont découragé les voyageurs.

« Cela a notamment eu un impact sur la destination balnéaire la plus prisée – les stations de la région de Krasnodar. Cette dernière a atteint les résultats pré-pandémiques, mais compte tenu de l'affluence du début de l'été, elle aurait pu les dépasser – et de beaucoup – si les règles concernant le séjour en hôtel uniquement sous réserve de vaccination n'avaient pas été introduites au plus fort de la saison. Dans le même temps, la Crimée a enregistré une augmentation de près de 30% – simplement parce qu'aucune restriction importante n'a été imposée sur la péninsule pendant l'été et l’été indien », illustre l’association.

Concernant les destinations touristiques les plus populaires, le classement est tout de même dominé par cette même région de Krasnodar, sur le littoral de la mer Noire. Elle est suivie par la Crimée, puis Saint-Pétersbourg, les régions de Vladimir (Anneau d’or), Stavropol (célèbre pour ses cités thermales), Iaroslavl (Anneau d’or), Tioumen (Sibérie), la Carélie (à la frontière finlandaise), le Tatarstan et la région de Tver.

Enfin, il est toutefois à souligner que le tourisme intérieur d’entrée a, de son côté, fortement souffert de la pandémie, avec seulement 175 800 visites d’étrangers à but touristique comptabilisées au cours des trois premiers trimestres, le dernier étant considéré comme hors saison et ne pouvant réellement changer la donne. Cela représente une chute vertigineuse de 96% par rapport à 2019 (4,3 millions de visiteurs venus d’autres États sur la même période).

Tourisme extérieur

En matière de voyages vers l’étranger, l’industrie touristique russe s’avère encore loin de son niveau pré-pandémique, bien que des progrès soient enregistrés. Par exemple, le nombre de pays qui jouissaient d’une considérable popularité auprès des Russes avant l’apparition du virus et apparaissait entièrement accessibles pour toutes les catégories de voyageurs en provenance de Russie se porte à 21, contre 81 en 2019. Ce chiffre est toutefois 4 fois supérieur à ce qu’il était en 2020.

Les touristes semblent également plus prudents lors de la réservation de leurs billets, dont le délai d’acquisition s’est abaissé à entre 8 et 14 jours avant le départ. Une tendance néanmoins aussi constatée pour les voyages internes au pays.

D’importants changements ont par ailleurs été constatés quant à la démographie des voyageurs vers l’étranger. Ainsi, les 55 ans et plus ont vu leur nombre baisser de 60% sur ces destinations, tandis que les familles avec enfants ont vu leur part croître de 5%.

Dans ce domaine, les destinations privilégiées par les Russes ont par conséquent été, en 2021, la Turquie (4,65 millions de personnes), l’Égypte (680 000), les Émirats arabes unis (600 000), Chypre (510 000), les Maldives (225 000), la Grèce (200 000), Cuba (175 000) et la Croatie (145 000).

Au total, sur les 16 premières destinations du classement, l’ATOR a enregistré une baisse de 40% par rapport à 2019 (7,70 millions de voyageurs, contre 12,79 millions).

Dans cet autre article, nous vous proposions un bilan des exportations russes en 2021.