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Fin décembre 2019, une épidémie de pneumonie causée par le coronavirus 2019-nCoV a été enregistrée dans la grande ville chinoise de Wuhan. Selon les dernières données disponibles de l'OMS, celles du 29 janvier, 6 065 cas de contamination auraient été recensés à travers le monde, dont 5 997 en Chine. 132 décès sont à déplorer.
Aucun cas d’infection n’a été confirmé en Russie, mais selon le rapport du Centre national de recherche médicale de physiopulmonologie du ministère russe de la Santé, le risque de présence du virus dans le pays est élevé, certaines régions chinoises frontalières étant touchées. Dans le même temps, il est précisé que la probabilité d’un début d'épidémie en Russie est faible. Le virus pourrait atteindre le pays en février 2020, avance RBC en référence à ce rapport.
Néanmoins, les entreprises pharmaceutiques et les pharmacies russes ont d’ores et déjà commencé à gagner de l'argent grâce à ce virus. Depuis la mi-janvier, les chaînes de pharmacies russes Doktor Stoletov, Ozerki et 36,6 ont connu une forte augmentation des ventes de médicaments antiviraux, avec une croissance allant de 50 à 80%, rapporte le journal économique Kommersant. Comment les chaînes de pharmacies gagnent-elles de l'argent grâce à la panique des Russes, et qui d'autre bénéficie des rumeurs d'une épidémie ?
Arbidol
Valeri Melnikov/SputnikLes 26 et 27 janvier, Otisifarm, une entreprise pharmaceutique russe, a, sur plusieurs ondes radio, fait la promotion de l'Arbidol, un médicament antiviral, alors présenté comme efficace contre le coronavirus, a rapporté RBC. Habituellement, ce remède est utilisé pour traiter la grippe et les infections respiratoires virales aigües.
« Il y a un nombre croissant de personnes dans le monde souffrant du nouveau coronavirus, qui provoque une dangereuse pneumonie. Le virus se transmet de personne à personne. Le risque d'infection est élevé. Des études ont prouvé que l'Arbidol est actif même contre le coronavirus. L’Arbidol est un antiviral à large spectre qui protège les enfants et les adultes. Il y a des contre-indications, consultez un spécialiste », pouvait-on alors entendre à la radio.
Le Service fédéral de lutte contre les monopoles a déjà reçu une plainte concernant cette publicité et a promis d'envoyer une demande à la société, a rapporté RIA Novosti, se référant au service de presse de l’institution.
L'édition en ligne Otkrytye Media a, à son tour, constaté que lorsqu'on effectuait une recherche sur Google avec les termes « comment traiter le coronavirus », apparaissait une publicité contextuelle pour l’Ingavirin – un autre médicament également utilisé pour traiter les infections respiratoires.
En outre, les utilisateurs des réseaux sociaux ont découvert dans les pharmacies de Moscou des publicités pour des vitamines Oméga-3, qui sont généralement recommandées pour les enfants à partir de 11 ans et les adultes, en particulier les femmes enceintes et allaitantes. Y a également été aperçue une publicité pour la Remantadine, utilisée pour le traitement et la prévention de la grippe.
Une employée de la station de quarantaine et de santé vérifie la température des passagers en provenance de Pékin à bord d'un avion, à l'aéroport de Novossibirsk (Sibérie).
Aleksandr Kriajev/SputnikLes ventes de masques de protection ont quant à elles augmenté de manière significative en Russie. Au sein de la chaîne de pharmacies Rigla, elles ont été multipliées par 8 depuis le 21 janvier, rapporte Kommersant, s’appuyant sur les propos du directeur général de la chaîne, Aleksandr Filippov. Au cours du week-end dernier, les 25 et 26 janvier, la demande de masques a également crû dans la chaîne de pharmacies 36,6 – 13 fois plus que le week-end précédent, les 18 et 19 janvier, a déclaré au journal le directeur général du département de vente au détail Aleksandr Kouzine.
Les masques ont également vu leur popularité s’envoler dans les boutiques en ligne.
« Les ventes de masques médicaux ont commencé à augmenter à partir du 20 janvier et, en une semaine, elles ont été multipliées par 6. S’il est dans la norme en automne-hiver que les internautes des grandes villes achètent chaque jour quelques centaines de masques, ils en acquièrent maintenant plusieurs milliers », a confié à Russia Beyond le service de presse du site russe populaire d’achat Ozon. La société a ajouté que les ventes d'antiseptiques pour les mains ont également augmenté de 30%.
Le service de presse de Yandex.Market, un site populaire en Russie pour sélectionner des produits et comparer les prix, a de son côté déclaré que, du 22 au 28 janvier, la demande de masques médicaux avait été multipliée par plus de 13.
Les ventes de masques et de filtres nasaux ont par ailleurs été quadruplées sur le site Berou, appartenant lui aussi à Yandex. La demande de désinfectants y a également connu une forte hausse – ils ont été achetés presque deux fois plus souvent.
Dans une autre célèbre boutique en ligne, Wildberries, du 20 au 27 janvier, les ventes de masques ont été multipliées par cinq par rapport à la dernière semaine de décembre 2019, rapporte enfin Kommersant.
Un habitant de Novossibirsk (Sibérie), dans le métro.
Kirill Koukhmar/TASSÀ Magnitogorsk (1 395 km au sud-est de Moscou), sur fond d'informations sur le coronavirus, un groupe de blogueurs a décidé de jouer un tour aux habitants du coin. Dans l’une des rues de la ville, devant les passants, un homme, jouant la comédie, s’est mis à tousser et est tombé comme raide mort. Une minute plus tard, il a été ramassé par des inconnus en combinaison de protection. Les habitants, apeurés, ont naturellement supposé que l’individu souffrait du coronavirus. Les photos de cette mise en scène ont été diffusées dans la communauté de la ville sur le réseau social russe VKontakte. Dans les commentaires publiés, les utilisateurs ont finalement déterminé qu'il s'agissait d'une farce, les blogueurs ayant été trahis par leurs gants de construction, qu’ils tentaient de faire passer pour une protection médicale. Plus tard, la vidéo du canular a été publiée sur Instagram par le blogueur local Dani.
Sur le site de la chaîne de télévision Moskva 24, l'attention a en outre été attirée sur une autre action : dans le métro de la capitale, un homme en combinaison de protection chimique a posé une affiche portant le message « Coronavirus, va te faire f... » et, en dessous, un appel à s'abonner à sa chaîne sur Telegram.
Dans cet autre article, retrouvez les détails quant aux réactions des autorités russes à ce sujet, et notamment sur le travail d’élaboration d’un vaccin.
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