Pourquoi les dénouements des films muets occidentaux étaient-ils modifiés pour le public russe? 

Culture
ANNA POPOVA
Saviez-vous qu’au début du XXe siècle les films tournés en Occident étaient présentés en Russie avec des fins différentes de celles de leurs versions originelles? Les créateurs de films répondaient ainsi au goût des spectateurs russes qui aimaient les dénouements dramatiques.

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Au début du XXe siècle, le cinéma était l’une des distractions les plus abordables. À en croire les historiens du 7e art, dans les grandes rues de villes de 25 000 – 30 000 habitants, on trouvait au moins 4 salles de cinéma.

Les films occidentaux constituaient alors l’essentiel des productions projetées en Russie. Dans une même salle s’enchaînaient comédies et drames. Il arrivait que les spectateurs russes voient des fins différentes de celles que connaissaient déjà les spectateurs des pays d’Europe de l’Ouest. L’un des premiers films modifiés fut La Fiancée du Feu (1911) des studios Pathé . Les studios danois Nordisk reprirent cette idée et réalisèrent des films avec deux fins : l’une, heureuse, pour les publics britannique et américain ; l’autre, tragique, pour les spectateurs russes.

Les dénouements dramatiques de certains films furent tournés en Russie avec des doublures. Dans sa monographie consacrée aux studios Nordisk, Isak Thorsen nous apprend que l’acteur russe Alexandre Volkov prit la place de la vedette du cinéma muet danois Valdemar Einar Psilander dans la scène finale d’un des films Nordisk qui fut retournée en Russie.

Pourquoi les studios de cinéma occidentaux acceptaient-ils de modifier les fins de certains de leurs films ? Un article publié en 1918 dans la revue Knigogazeta répond à cette question : « Le cinéma russe choisit sa propre voie. "Tout est bien qui finit mal" – nous voulons des dénouements tragiques ».

« On peut supposer que les films avec des fins modifiées étaient un moyen d’augmenter les recettes, mais pas uniquement. Il était impossible de ne pas prendre en compte la psychologie des spectateurs russes, leur mentalité et, bien évidemment, les traditions de la littérature russe, explique la réalisatrice Olga Olguina. Il ne faut pas oublier la méthode Stanislavski. En effet, à l’époque, c’étaient des acteurs de théâtre, qui avaient appris leur métier selon cette méthode, qui tournaient. Les dénouements tragiques des films leur donnaient plus d’intensité émotionnelle, obligeaient les spectateurs à compatir au sort des personnages ».

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